Proche-Orient
Sharon veut enterrer Arafat à Washington
Au cours de sa quatrième visite officielle aux Etats-Unis, Ariel Sharon va demander à l’administration Bush de couper tout contact avec le président de l’autorité palestinienne. Le Premier ministre israélien entend aussi accentuer la pression qui pèse déjà sur l’Iran, accusé de transformer le Liban en une «poudrière».
De notre correspondant à New York
Ariel Sharon touche au but. Il est reçu aujourd’hui pour la quatrième fois à la Maison Blanche par le président Bush, qui refuse toujours de rencontrer Yasser Arafat. Alors que le président de l’autorité palestinienne est toujours, de fait, assigné à résidence à Ramallah par Tsahal, Ariel Sharon va tenter d’obtenir sa tête à Washington. «J’ai l’intention de proposer au président Bush d’ignorer Arafat, de le boycotter, de n’avoir aucun contact avec lui et de ne lui envoyer aucune délégation» avait averti la semaine dernière le Premier ministre israélien, dont la coalition a déjà rompu tout lien avec le dirigeant palestinien. A la veille de la visite officielle, le porte-parole du gouvernement israélien, Avi Pazner, a enfoncé le clou. «A notre grand regret, Arafat, a perdu toute pertinence. Sa seule fonction consiste à poursuivre sur la voie de la terreur », a-t-il expliqué.
Pour «maintenir la pression» et convaincre les Etats-Unis de marginaliser Arafat, Israël s’emploie à faire émerger de nouveaux interlocuteurs. «M. Sharon a déjà entamé des pourparlers avec d’autres dirigeants palestiniens comme Abou Alaa (président du Conseil législatif palestinien) et Abou Mazen (N°2 de l’OLP)», a avoué Avi Pazner. La rencontre qui se voulait secrète s’est tenue la semaine dernière à Jérusalem. Dans cette vaste entreprise de décrédibilisation, Ariel Sharon est soutenu par son ministre de la Défense, le travailliste Benyamin Ben Eliezer. Lors d’une rencontre avec Colin Powell mardi dernier, il a dépeint Arafat comme «un homme du passé», dépassé et irréaliste. Un autre poids lourd du parti travailliste, le ministre des Affaires étrangères Shimon Peres, se refuse lui à enterrer Arafat.
Bush a déjà failli rompre tout lien avec Arafat
Mais Ariel Sharon a déjà rallié à sa cause la quasi-totalité de la Maison Blanche. Avec flair, il s’est appliqué à comparer sa campagne de répression dans les territoires palestiniens à la guerre contre le terrorisme menée par les Etats-Unis. Cette tactique lui a valu un succès indéniable auprès des Américains qui affichent un soutien inconditionnel à sa politique de «tout répressif» qui irrite de plus en plus les Européens. Fin janvier, l’administration Bush a même sérieusement considéré prendre des sanctions contre Yasser Arafat, allant de la fermeture des bureaux de l’autorité palestinienne à Washington jusqu’à la rupture pure et simple de tout lien diplomatique. Il s’agissait alors de punir le leader palestinien, accusé par Israël d’avoir tenté d’acheter à l’Iran une cargaison d’armes saisie sur le cargo Karine A. Le président Bush a finalement renoncé, se contentant de réprimander Yasser Arafat.
Le département d’Etat de Colin Powell, attaché à ménager la susceptibilité des pays arabes faisant partie de la coalition anti-terroriste, est pour beaucoup dans ce choix. Mais combien de temps Colin Powell pourra-t-il brider les «faucons» de son administration. Finira-t-il lui-même par s’impatienter? Yasser Arafat doit «agir de manière décisive pour affronter les sources de la terreur et choisir une fois pour toute l’option de la paix à la place de celle de la violence» prévenait mardi Colin Powell, inhabituellement menaçant. Mais pour l’instant, le département d’Etat considère encore officiellement que «le président Arafat est le dirigeant élu du peuple palestinien». Retranché à Ramallah, Yasser Arafat a préparé sa contre-attaque en demandant à Bush de «continuer ce que son père a commencé» en relançant les pourparlers. Il a également fait parvenir à Washington un rapport énumérant les mesures qu’il a prises contre les violences et a chargé son ministre de la coopération, Nabil Chaath ,de s’assurer du soutien des Européens.
Un autre objectif d’Ariel Sharon à Washington est de monter encore d’un ton contre l’Iran, déjà accusé d’être le fournisseur des armes du Karine A. De passage à l’ONU, Shimon Peres a reproché lundi à l’Iran d’avoir transformé le Liban en une «poudrière». Selon Israël, Téhéran a fourni au Hezbollah 10 000 roquettes katioucha d’une portée maximale de 70 kilomètres –assez pour frapper des cibles dans le nord d’Israël comme le port de Haïfa. La crainte affichée est que ce type d’armements ne tombent entre les mains de militants palestiniens qui pourraient ainsi frapper Israël «en plein coeur» depuis les territoires occupés. Toujours selon Shimon Peres, l’Iran a aussi envoyé des membres de sa garde révolutionnaire dans le sud du Liban. «Israël veut une intense activité contre la terreur iranienne», a expliqué Raanan Gissin, un conseiller de Sharon. A n’en pas douter, George Bush écoutera ces propos d’une oreille attentive. Il a lui-même stigmatisé l’Iran comme faisant partie d’un «axe du mal», aux côtés de la Corée du Nord et de l’Irak.
Ariel Sharon touche au but. Il est reçu aujourd’hui pour la quatrième fois à la Maison Blanche par le président Bush, qui refuse toujours de rencontrer Yasser Arafat. Alors que le président de l’autorité palestinienne est toujours, de fait, assigné à résidence à Ramallah par Tsahal, Ariel Sharon va tenter d’obtenir sa tête à Washington. «J’ai l’intention de proposer au président Bush d’ignorer Arafat, de le boycotter, de n’avoir aucun contact avec lui et de ne lui envoyer aucune délégation» avait averti la semaine dernière le Premier ministre israélien, dont la coalition a déjà rompu tout lien avec le dirigeant palestinien. A la veille de la visite officielle, le porte-parole du gouvernement israélien, Avi Pazner, a enfoncé le clou. «A notre grand regret, Arafat, a perdu toute pertinence. Sa seule fonction consiste à poursuivre sur la voie de la terreur », a-t-il expliqué.
Pour «maintenir la pression» et convaincre les Etats-Unis de marginaliser Arafat, Israël s’emploie à faire émerger de nouveaux interlocuteurs. «M. Sharon a déjà entamé des pourparlers avec d’autres dirigeants palestiniens comme Abou Alaa (président du Conseil législatif palestinien) et Abou Mazen (N°2 de l’OLP)», a avoué Avi Pazner. La rencontre qui se voulait secrète s’est tenue la semaine dernière à Jérusalem. Dans cette vaste entreprise de décrédibilisation, Ariel Sharon est soutenu par son ministre de la Défense, le travailliste Benyamin Ben Eliezer. Lors d’une rencontre avec Colin Powell mardi dernier, il a dépeint Arafat comme «un homme du passé», dépassé et irréaliste. Un autre poids lourd du parti travailliste, le ministre des Affaires étrangères Shimon Peres, se refuse lui à enterrer Arafat.
Bush a déjà failli rompre tout lien avec Arafat
Mais Ariel Sharon a déjà rallié à sa cause la quasi-totalité de la Maison Blanche. Avec flair, il s’est appliqué à comparer sa campagne de répression dans les territoires palestiniens à la guerre contre le terrorisme menée par les Etats-Unis. Cette tactique lui a valu un succès indéniable auprès des Américains qui affichent un soutien inconditionnel à sa politique de «tout répressif» qui irrite de plus en plus les Européens. Fin janvier, l’administration Bush a même sérieusement considéré prendre des sanctions contre Yasser Arafat, allant de la fermeture des bureaux de l’autorité palestinienne à Washington jusqu’à la rupture pure et simple de tout lien diplomatique. Il s’agissait alors de punir le leader palestinien, accusé par Israël d’avoir tenté d’acheter à l’Iran une cargaison d’armes saisie sur le cargo Karine A. Le président Bush a finalement renoncé, se contentant de réprimander Yasser Arafat.
Le département d’Etat de Colin Powell, attaché à ménager la susceptibilité des pays arabes faisant partie de la coalition anti-terroriste, est pour beaucoup dans ce choix. Mais combien de temps Colin Powell pourra-t-il brider les «faucons» de son administration. Finira-t-il lui-même par s’impatienter? Yasser Arafat doit «agir de manière décisive pour affronter les sources de la terreur et choisir une fois pour toute l’option de la paix à la place de celle de la violence» prévenait mardi Colin Powell, inhabituellement menaçant. Mais pour l’instant, le département d’Etat considère encore officiellement que «le président Arafat est le dirigeant élu du peuple palestinien». Retranché à Ramallah, Yasser Arafat a préparé sa contre-attaque en demandant à Bush de «continuer ce que son père a commencé» en relançant les pourparlers. Il a également fait parvenir à Washington un rapport énumérant les mesures qu’il a prises contre les violences et a chargé son ministre de la coopération, Nabil Chaath ,de s’assurer du soutien des Européens.
Un autre objectif d’Ariel Sharon à Washington est de monter encore d’un ton contre l’Iran, déjà accusé d’être le fournisseur des armes du Karine A. De passage à l’ONU, Shimon Peres a reproché lundi à l’Iran d’avoir transformé le Liban en une «poudrière». Selon Israël, Téhéran a fourni au Hezbollah 10 000 roquettes katioucha d’une portée maximale de 70 kilomètres –assez pour frapper des cibles dans le nord d’Israël comme le port de Haïfa. La crainte affichée est que ce type d’armements ne tombent entre les mains de militants palestiniens qui pourraient ainsi frapper Israël «en plein coeur» depuis les territoires occupés. Toujours selon Shimon Peres, l’Iran a aussi envoyé des membres de sa garde révolutionnaire dans le sud du Liban. «Israël veut une intense activité contre la terreur iranienne», a expliqué Raanan Gissin, un conseiller de Sharon. A n’en pas douter, George Bush écoutera ces propos d’une oreille attentive. Il a lui-même stigmatisé l’Iran comme faisant partie d’un «axe du mal», aux côtés de la Corée du Nord et de l’Irak.
par Philippe Bolopion
Article publié le 07/02/2002