Proche-Orient
L'Europe au secours des Palestiniens
Se démarquant de Washington, les ministres des Affaires étrangères des Quinze ont déclaré lundi à Bruxelles qu’«Israël a besoin de l’Autorité palestinienne et de son président élu, Yasser Arafat».
Dans une déclaration solennelle, les quinze ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont mis en garde Israël contre la poursuite de ses attaques contre l'Autorité palestinienne. Le texte, dans le droit-fil de celui adopté lors du sommet de Laeken en décembre, est cependant plus explicite : «Israël a besoin de l’Autorité palestinienne et de son président élu, Yasser Arafat, comme partenaire de négociation».
La mention, à deux reprises, de la légitimité de Yasser Arafat, «président élu», est une réponse au Premier ministre israélien qui l’a décrété «hors-jeu», mais le véritable destinataire de cette missive est moins Ariel Sharon que le président George Bush, qui, à au moins deux reprises ces derniers jours, s’est déclaré «déçu» par Yasser Arafat, tandis que ses collaborateurs les plus proches, le vice-président Dick Cheney et le secrétaire à la Défense Ronald Rumsfed se sont répandus sur les ondes pour exprimer le peu d’estime que leur inspirait le leader palestinien.
L’explication de texte fournie par plusieurs participants à la réunion de Bruxelles dissipe, s’il en était besoin, toute ambiguïté. «Nous avons besoin de plus d’Autorité palestinienne, et non de moins», explique Javier Solana, en charge de la politique extérieure de l’Union. En termes beaucoup moins diplomatiques, la ministre suédoise, Anna Lindh, a été jusqu’à qualifier la position américaine de «stupide» et de «très dangereuse». De façon plus mesurée, le Commissaire européen chargé des affaires extérieures, Chris Patten, sans citer ouvertement les États-Unis, a commenté : «Nous ne pouvons pas écarter comme cela l’une des parties de ce processus de paix». Cette intervention est d’autant plus significative que Chris Patten, ancien président du parti conservateur britannique, est le dernier gouverneur de Hong Kong où il s’était illustré en s’opposant constamment aux Chinois sur le terrain de la démocratie, ce qui lui vaut une notoriété et un soutien important outre-Atlantique.
George Bush «déçu» par Arafat
Aux États-Unis, si George Bush continue de se dire «déçu» par Yasser Arafat, la Maison Blanche soutient qu’elle est toujours engagée dans le processus de paix et a vivement démenti les informations parues dans la presse israélienne selon lesquelles le général Zinni aurait traité Arafat de «capo de tutti i capi», autrement dit, le parrain des parrains mafieux. Pour le général Zinni, «il s’agit de mensonges et de déformations grossières élaborées par ceux qui veulent nuire à nos efforts de paix».
Dans les jours qui viennent, Washington va recevoir de nombreux visiteurs à propos du Proche-Orient. Avant la visite le 7 février d’Ariel Sharon, George Bush reçoit jeudi le roi Abdallah de Jordanie qui s’est rendu au Caire et à Ryad afin de coordonner sa position avec ces deux alliés des États-Unis que sont aussi l’Égypte et l’Arabie Saoudite. Au nom des trois pays arabes les plus proches de Washington, le roi Abdallah va plaider pour Arafat en lui apportant leur «soutien absolu», en dépit des nombreux défauts qu’ils lui reconnaissent. Ce même jeudi, le responsable américain du dossier, l’ambassadeur Richard Burns, recevra l’émissaire de l’ONU au Proche-Orient Terje Roed-Larsen, l’émissaire européen Miguel-Angel Moratinos ainsi que leur collègue russe Andrei Vdonin.
Le gouvernement israélien observe avec inquiétude ces pressions qui portent désormais non plus sur Ariel Sharon, qui a suffisamment démontré qu’il savait y résister, mais sur George Bush. En revanche, Israël ne semble guère s’inquiéter de l’annonce que l’Union européenne pourrait lui demander des réparations pour les dégâts causés par son armée aux infrastructures palestiniennes financées par l’Union européenne ou des pays membres, destructions évaluées la semaine dernière à 17,29 millions d’euros par la Commission.
La mention, à deux reprises, de la légitimité de Yasser Arafat, «président élu», est une réponse au Premier ministre israélien qui l’a décrété «hors-jeu», mais le véritable destinataire de cette missive est moins Ariel Sharon que le président George Bush, qui, à au moins deux reprises ces derniers jours, s’est déclaré «déçu» par Yasser Arafat, tandis que ses collaborateurs les plus proches, le vice-président Dick Cheney et le secrétaire à la Défense Ronald Rumsfed se sont répandus sur les ondes pour exprimer le peu d’estime que leur inspirait le leader palestinien.
L’explication de texte fournie par plusieurs participants à la réunion de Bruxelles dissipe, s’il en était besoin, toute ambiguïté. «Nous avons besoin de plus d’Autorité palestinienne, et non de moins», explique Javier Solana, en charge de la politique extérieure de l’Union. En termes beaucoup moins diplomatiques, la ministre suédoise, Anna Lindh, a été jusqu’à qualifier la position américaine de «stupide» et de «très dangereuse». De façon plus mesurée, le Commissaire européen chargé des affaires extérieures, Chris Patten, sans citer ouvertement les États-Unis, a commenté : «Nous ne pouvons pas écarter comme cela l’une des parties de ce processus de paix». Cette intervention est d’autant plus significative que Chris Patten, ancien président du parti conservateur britannique, est le dernier gouverneur de Hong Kong où il s’était illustré en s’opposant constamment aux Chinois sur le terrain de la démocratie, ce qui lui vaut une notoriété et un soutien important outre-Atlantique.
George Bush «déçu» par Arafat
Aux États-Unis, si George Bush continue de se dire «déçu» par Yasser Arafat, la Maison Blanche soutient qu’elle est toujours engagée dans le processus de paix et a vivement démenti les informations parues dans la presse israélienne selon lesquelles le général Zinni aurait traité Arafat de «capo de tutti i capi», autrement dit, le parrain des parrains mafieux. Pour le général Zinni, «il s’agit de mensonges et de déformations grossières élaborées par ceux qui veulent nuire à nos efforts de paix».
Dans les jours qui viennent, Washington va recevoir de nombreux visiteurs à propos du Proche-Orient. Avant la visite le 7 février d’Ariel Sharon, George Bush reçoit jeudi le roi Abdallah de Jordanie qui s’est rendu au Caire et à Ryad afin de coordonner sa position avec ces deux alliés des États-Unis que sont aussi l’Égypte et l’Arabie Saoudite. Au nom des trois pays arabes les plus proches de Washington, le roi Abdallah va plaider pour Arafat en lui apportant leur «soutien absolu», en dépit des nombreux défauts qu’ils lui reconnaissent. Ce même jeudi, le responsable américain du dossier, l’ambassadeur Richard Burns, recevra l’émissaire de l’ONU au Proche-Orient Terje Roed-Larsen, l’émissaire européen Miguel-Angel Moratinos ainsi que leur collègue russe Andrei Vdonin.
Le gouvernement israélien observe avec inquiétude ces pressions qui portent désormais non plus sur Ariel Sharon, qui a suffisamment démontré qu’il savait y résister, mais sur George Bush. En revanche, Israël ne semble guère s’inquiéter de l’annonce que l’Union européenne pourrait lui demander des réparations pour les dégâts causés par son armée aux infrastructures palestiniennes financées par l’Union européenne ou des pays membres, destructions évaluées la semaine dernière à 17,29 millions d’euros par la Commission.
par Olivier Da Lage
Article publié le 29/01/2002