France: présidentielle 2002
Chirac : «<i>Oui, je suis candidat</i>»
Jacques Chirac a mis fin au suspense, ce lundi en Avignon, en annonçant sa candidature à l’élection présidentielle. Il a finalement décidé de bousculer le calendrier de sa candidature prévisible pour se lancer dans la campagne avant le Premier ministre Lionel Jospin.
Jacques Chirac a choisi de prendre l'initiative en annonçant officiellement ce que tout le monde pressentait, à savoir qu'il est bel et bien candidat à l'élection présidentielle qui doit avoir lieu au printemps prochain (21 avril et 5 mai). Marie-Josée Roig, députée-maire d’Avignon, avait pourtant déclaré le matin même «qu’il n’était pas question» que Jacques Chirac annonce sa candidature lors de son passage dans sa ville, une visite prévue et sans arrière-pensée électorale destinée à s’entretenir avec des «gens d’entreprises» lors d’une réunion avec l’association Grand Avignon Initiative. Il s’agissait de ne pas gâcher son effet au président qui s’est donc déclaré en répondant à une question de la même Marie-Josée Roig, candide de service : «Oui, je suis candidat». «Ce déplacement comme les autres» s’est ainsi transformé en étape importante de la campagne pour l’élection présidentielle.
La mise en scène de la déclaration de candidature du président sur le mode du «puisque vous me le demandez, je vous réponds» n’aura pourtant rien laissé au hasard. Elle a eu lieu dans une ville hautement symbolique, arrachée par une fidèle de Jacques Chirac, Marie-Josée Roig, alors qu’Elisabeth Guigou, ministre de l’Emploi et de Solidarité et proche de Lionel Jospin, avait brigué à grand renfort médiatique le mandat de maire. Les lieutenants de Jacques Chirac ont tout fait pour entretenir, ces derniers jours, le suspense autour de cette visite dans la ville des Papes, dont certains prédisaient qu’elle serait décisive. Patrick Devedjian, conseiller politique du RPR, avait laissé planer le doute en expliquant qu’en tout état de cause il faisait confiance à la capacité «de réaction, voire d’improvisation» de Jacques Chirac qui avait toujours su, dans les campagnes précédentes, tenir compte de l’évolution de l’opinion, une donnée, selon lui, fondamentale en matière de stratégie électorale.
«Il ne s’agit pas un scoop»
De ce point de vue, le moment a donc semblé opportun à Jacques Chirac qui a mis fin aux attentes et a répondu aux appels répétés des leaders de la droite, comme Nicolas Sarkozy ou Philippe Séguin, impatients de voir le président se transformer en candidat pour entrer au cœur du problème et redresser la tendance. Les derniers sondages avaient, en effet, mis en valeur une baisse de la cote présidentielle. Jacques Chirac apparaissait concurrencé par un Jean-Pierre Chevènement, candidat du Mouvement des Citoyens et rassembleur tous azimuts, crédité de 10 à 13 % des intentions de vote, et un Lionel Jospin pour la première fois présenté comme vainqueur potentiel au second tour. S’ajoutait à cela un désintérêt marqué des Français (2 électeurs sur 3 affirment que la campagne les ennuie dans un sondage Louis Harris) pour une campagne en demi-teinte dans laquelle les deux ténors n’en finissaient pas de jouer les divas. Sans même parler des affaires et du retour de Didier Schuller de Saint-Domingue qui venait, selon les propres termes du maire RPR de Bordeaux, Alain Juppé «remuer la merde» et, en tout cas, faire resurgir le scandale du financement occulte du RPR à un moment bien mal choisi.
Pour les détracteurs de Jacques Chirac, cette annonce n’en est pas une, tant elle était attendue. Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a ainsi estimé qu’il ne s’agissait «pas d’un scoop». Pour les amis du président-candidat, elle tombe à point et soulage. Michèle Alliot-Marie, présidente du RPR se réjouit de soutenir «avec joie, bonheur, détermination», la candidature de celui qui a été, selon Patrick Devedjian, «le premier à répondre à la demande de vérité des Français».
Jacques Chirac désormais candidat ne s’est pas privé de lancer quelques piques au gouvernement de son «probable» adversaire, Lionel Jospin, dans ce qui peut faire figure de premier discours de campagne. Il s’en est pris à l’attitude qui consiste à attendre «immobile que la croissance américaine vienne redonner du souffle aux initiatives européennes et françaises». Il a fait part de son désir de «faire gagner» le pays qui tourne «au ralenti», «de rattraper le retard économique de la France sur la scène internationale» et «de libérer les énergies», «de restaurer l’autorité de l’Etat contre le désordre», «de rétablir la sécurité», «de privilégier le travail sur l’assistance». La balle est donc maintenant dans le camp de Lionel Jospin qui a annoncé qu'il gardait sa casquette de Premier ministre jusqu'à la fin de la législature.
Ecouter aussi:
Geneviève Goetzinger décrypte le discours d’Avignon du candidat Jacques Chirac (le Rendez-vous de la rédaction, 11 février 2002, 7’)
La mise en scène de la déclaration de candidature du président sur le mode du «puisque vous me le demandez, je vous réponds» n’aura pourtant rien laissé au hasard. Elle a eu lieu dans une ville hautement symbolique, arrachée par une fidèle de Jacques Chirac, Marie-Josée Roig, alors qu’Elisabeth Guigou, ministre de l’Emploi et de Solidarité et proche de Lionel Jospin, avait brigué à grand renfort médiatique le mandat de maire. Les lieutenants de Jacques Chirac ont tout fait pour entretenir, ces derniers jours, le suspense autour de cette visite dans la ville des Papes, dont certains prédisaient qu’elle serait décisive. Patrick Devedjian, conseiller politique du RPR, avait laissé planer le doute en expliquant qu’en tout état de cause il faisait confiance à la capacité «de réaction, voire d’improvisation» de Jacques Chirac qui avait toujours su, dans les campagnes précédentes, tenir compte de l’évolution de l’opinion, une donnée, selon lui, fondamentale en matière de stratégie électorale.
«Il ne s’agit pas un scoop»
De ce point de vue, le moment a donc semblé opportun à Jacques Chirac qui a mis fin aux attentes et a répondu aux appels répétés des leaders de la droite, comme Nicolas Sarkozy ou Philippe Séguin, impatients de voir le président se transformer en candidat pour entrer au cœur du problème et redresser la tendance. Les derniers sondages avaient, en effet, mis en valeur une baisse de la cote présidentielle. Jacques Chirac apparaissait concurrencé par un Jean-Pierre Chevènement, candidat du Mouvement des Citoyens et rassembleur tous azimuts, crédité de 10 à 13 % des intentions de vote, et un Lionel Jospin pour la première fois présenté comme vainqueur potentiel au second tour. S’ajoutait à cela un désintérêt marqué des Français (2 électeurs sur 3 affirment que la campagne les ennuie dans un sondage Louis Harris) pour une campagne en demi-teinte dans laquelle les deux ténors n’en finissaient pas de jouer les divas. Sans même parler des affaires et du retour de Didier Schuller de Saint-Domingue qui venait, selon les propres termes du maire RPR de Bordeaux, Alain Juppé «remuer la merde» et, en tout cas, faire resurgir le scandale du financement occulte du RPR à un moment bien mal choisi.
Pour les détracteurs de Jacques Chirac, cette annonce n’en est pas une, tant elle était attendue. Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a ainsi estimé qu’il ne s’agissait «pas d’un scoop». Pour les amis du président-candidat, elle tombe à point et soulage. Michèle Alliot-Marie, présidente du RPR se réjouit de soutenir «avec joie, bonheur, détermination», la candidature de celui qui a été, selon Patrick Devedjian, «le premier à répondre à la demande de vérité des Français».
Jacques Chirac désormais candidat ne s’est pas privé de lancer quelques piques au gouvernement de son «probable» adversaire, Lionel Jospin, dans ce qui peut faire figure de premier discours de campagne. Il s’en est pris à l’attitude qui consiste à attendre «immobile que la croissance américaine vienne redonner du souffle aux initiatives européennes et françaises». Il a fait part de son désir de «faire gagner» le pays qui tourne «au ralenti», «de rattraper le retard économique de la France sur la scène internationale» et «de libérer les énergies», «de restaurer l’autorité de l’Etat contre le désordre», «de rétablir la sécurité», «de privilégier le travail sur l’assistance». La balle est donc maintenant dans le camp de Lionel Jospin qui a annoncé qu'il gardait sa casquette de Premier ministre jusqu'à la fin de la législature.
Ecouter aussi:
Geneviève Goetzinger décrypte le discours d’Avignon du candidat Jacques Chirac (le Rendez-vous de la rédaction, 11 février 2002, 7’)
par Valérie Gas
Article publié le 11/02/2002