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Proche-Orient

Bush refuse de boycotter Arafat

Ariel Sharon n’a pas obtenu ce qu’il voulait du président américain. Le Premier ministre israélien a réaffirmé que Yasser Arafat est, selon lui, «hors jeu». Mais George Bush considère toujours le président palestinien comme son principal interlocuteur, et il promet de continuer à faire pression sur lui.
De notre correspondant à New York

La rencontre entre le président Bush et le Premier ministre israélien Ariel Sharon n’a pas scellé le destin de Yasser Arafat. Le président de l’Autorité palestinienne est toujours considéré comme un interlocuteur par les Etats-Unis. Ariel Sharon avait pourtant clairement exposé son objectif avant la visite. «J'ai l'intention de proposer au président Bush d'ignorer Arafat, de le boycotter, de n'avoir aucun contact avec lui et de ne lui envoyer aucune délégation». Echec, car, pour l’instant, George Bush se contente d’élever la voix. «Les Etats-Unis vont continuer à exercer des pressions sur M. Arafat pour le convaincre de prendre de sérieuses et réelles mesures concrètes contre les activités terroristes» a expliqué le président américain. Son soutien à Ariel Sharon reste sans faille, il le rencontrait pour la quatrième fois alors qu’il refuse de rencontrer Arafat, mais pas inconditionnel.
Les conversations auraient-elles été d’un ton différent en privé ? Le ministre de la défense israélienne Benyamin Ben-Eliezer a déclaré à la presse israélienne qu’il avait été très surpris par la dureté de l’administration Bush à l’encontre de Yasser Arafat. «Le vice-président m’a dit : en ce qui me concerne, vous pouvez aussi bien le pendre» a-t-il raconté. Toujours selon Benyamin Ben-Eliezer, Condoleeza Rice, la conseillère pour la sécurité nationale, s’est jointe au vice-président pour affirmer qu’il était inutile de parler à Arafat. Ces fuites fort peu diplomatiques risquent d’être malvenues, alors que Dick Cheney s’apprête à partir en tournée dans huit pays arabes le mois prochain.

Bush inquiet

Inflexible avec Arafat, George Bush s’est quand même déclaré «inquiet des articles et des photos dans lesquels je vois des Palestiniens qui ont faim». Il a promis de distribuer près de 300 millions de dollars dans les territoires palestiniens, par le biais d’ONG. Ariel Sharon a lui-même parlé d’un plan d’aide internationale destiné à créer 100 000 emplois dans la bande de Gaza, si la situation sécuritaire s’améliore. A l’issu de la rencontre, le chef du gouvernement israélien affichait toutefois la même tactique consistant à isoler diplomatiquement Yasser Arafat pour faire émerger une nouvelle direction palestinienne. Il a rappelé que selon lui, le dirigeant palestinien était un «obstacle à la paix» mais a nié avoir demandé à Bush de couper les ponts avec lui.
«Il est possible de parler avec d'autres Palestiniens comme je l'ai fait », s’est-il contenté d’affirmer. Il se référait à sa rencontre, la semaine dernière, avec le président du Conseil législatif palestinien Ahmad Qoreï et le numéro deux de l'OLP Mahmoud Abbas. «Ces Palestiniens ont demandé à ce que je les rencontre à nouveau à mon retour des Etats-Unis, j'ai accepté et ce dans le cadre des pressions qu'il faut exercer sur Arafat», a-t-il martelé.
Le dirigeant israélien a aussi renouvelé sa promesse de reconnaitre l’Etat palestinien. «A la fin du processus, nous verrons un Etat palestinien. Mais seulement à la fin, dans les derniers pas», a-t-il prévenu. De son côté, dans la presse israélienne, Yasser Arafat a fait une ouverture : «Je veux lui envoyer un message qui vient du coeur : s’il te plait, Sharon, asseyons-nous ensemble autour d’une table.»



par Philippe  Bolopion

Article publié le 09/02/2002