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Proche-Orient

Violences et marche pour la paix

Ce week-end a été particulièrement sanglant avec des ripostes de l'armée israélienne contre des cibles palestiniennes à la suite d'un attentat suicide commis en Cisjordanie. Parallèlement 15 000 pacifistes se sont rassemblés à Tel Aviv pour demander l'arrêt des violences.
Dans ce contexte violent, le Premier ministre Ariel Sharon n’a pas caché ses intentions : «Israël gagnera la guerre engagée contre les Palestiniens». L’état hébreu va augmenter la puissance de ses opérations militaires face au terrorisme, a poursuivi le chef du gouvernement. Une réunion de sécurité devait se tenir ce dimanche à l’issue du traditionnel conseil des ministres.

Ces propos viennent appuyer les opérations de représailles lancées dans la nuit de samedi à dimanche par l’armée israélienne. Des chasseurs F16 ont frappé des cibles palestiniennes à Naplouse, en Cisjordanie. Ce raid a été mené après un attentat suicide perpétré la veille dans la colonie juive de Kareni-Chomron, en Cisjordanie. Selon un scénario devenu «classique», le kamikaze s’est donné la mort en actionnant une ceinture d’explosifs dans un centre commercial de cette colonie juive. Deux adolescents israéliens ont péri dans cet attentat revendiqué par le Front populaire de la Palestine (FPLP).

Au même moment, dans les rues de Tel Aviv, des milliers de pacifistes et de militants de gauche avaient répondu à l’appel du mouvement «La paix maintenant» et se sont rassemblés sur la place Yitzhak Rabin. «Stop aux effusions de sang», «Halte à l’occupation!», les pacifistes ont défilé au rythme de ces slogans. L’attentat commis dans la colonie juive a été annoncé pendant cette manifestation. Les pacifistes ont alors observé une minute de silence.

«Briser le cercle de sang»

Parmi eux, le dirigeant de l’OLP Sari Nousseibeh, considéré comme un homme de dialogue mais décrié par l’opinion palestinienne qui lui reproche ses positions iconoclastes sur le processus de paix avec Israël. «Le chemin vers la paix passe par le retour des réfugiés dans l’Etat de la Palestine et le retour des colons dans l’Etat d’Israël», a-t-il répondu au chef israélien du parti de gauche Meretz qui avait déclaré : «Nous sommes venus briser le cercle de sang. Nous vous demandons de dire à votre peuple qu’Israël n’est pas seulement le pays d’Ariel Sharon et de Binyamin Ben Eliezer (le ministre de la Défense)».

Dimanche matin, toujours dans le cadre de représailles, l’armée israélienne a mené des incursions dans la bande de Gaza à l’aide de chars, jeeps et bulldozers, selon des sources palestiniennes qui accusent Israël d’y établir une zone tampon. Dans cette série d’incursions, plusieurs Palestiniens ont été tués, sans que l’on connaisse exactement le nombre de victimes. En l’espace de vingt-quatre heures, Tsahal a subi deux coups durs, avec la mort d’un chef d’une unité d’élite en Cisjordanie et la perte de trois hommes dans l’explosion d’un char dans la bande de Gaza. Vendredi soir, un soldat israélien a été tué par des tirs palestiniens en Cisjordanie.

Au plan diplomatique, Joschka Fischer, le ministre allemand des Affaires étrangères a tour à tour rencontré son homologue israélien Shimon Perès et le président palestinien Yasser Arafat. «Le terrorisme doit cesser et nous devons trouver le moyen de retourner à la table des négociations entre Israéliens et Palestiniens», a-t-il affirmé. Joschka Fisher soutient le plan élaboré par Shimon Perès et par le président du parlement palestinien Abou Alaa et qui préconise la reconnaissance d’un Etat palestinien sur les zones actuellement contrôlées par l’Autorité palestinienne de Yasser Arafat. Ce plan en est toujours au stade de document officieux, n’ayant été approuvé ni par le gouvernement israélien, ni par l’Autorité palestinienne.

De son côté, Yasser Arafat est toujours isolé à Ramallah par l’armée israélienne. Un isolement qui, selon les observateurs affaiblit l’Autorité palestinienne en provoquant en son sein des fractures.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 17/02/2002