Afghanistan
Les factions s'affrontent à nouveau
Alors que le chef du gouvernement intérimaire d'Afghanistan, Hamid Karzaï, a plaidé, lors de son passage aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, pour un élargissement du mandat de la Force internationale d'assistance à la sécurité présente dans le pays, la situation se détériore sur le terrain. Les vieux démons afghans ressurgissent et les chefs de factions s'affrontent sans que le pouvoir central n'y puisse rien.
L'Afghanistan fait face depuis mercredi aux affrontement les plus violents depuis la mise en place du gouvernement intérimaire à la suite de la conférence de Bonn qui avait réuni, en décembre 2001, les principaux représentants des factions afghanes. Les combats ont opposé les partisans de Padsha Khan, l'homme désigné par Hamid Karzaï comme gouverneur de la province de Paktia, et ceux de Saif Ullah, qui avait pris le pouvoir dans cette région après la déroute des forces du mollah Omar. Le premier est un royaliste, le deuxième soutient l'ancien président Burhanuddin Rabbani mis à l'écart par les accords de Bonn.
Pendant plusieurs jours, les troupes des deux camps se sont opposées autour de la capitale de la province, Gardez. Les affrontements à coups de mitraillettes et de tirs de mortier, ont été très violents. Ils ont provoqué la fuite d’une partie des 50 000 habitants de la ville. De nombreux combattants ont été tués. Saif Ullah a finalement pris l’avantage et garde donc le contrôle de Gardez. Vainqueur militaire, il bénéficie d’autre part du soutien de la choura (assemblée traditionnelle) locale qui s’est réunie récemment et a fait part de son choix. Les combattants de son adversaire ont quitté, jeudi, leurs positions sur les collines à partir desquelles ils menaient leurs attaques. Jangir Khan, l’un des commandants des forces du gouverneur officiel, a mis en cause dans cette défaite la responsabilité de son leader, Padsha Khan, qui n’a pas envoyé le ravitaillement et les hommes promis pour venir leur prêter main forte.
Hamid Karzaï réclame le renforcement de la Force multinationale
Si ces combats ont été particulièrement violents et meurtriers, ce ne sont pas les premiers du genre dans le pays. La ville de Kunduz, dans le Nord, a fait l’objet au mois de janvier d’affrontements similaires. Leur importance avait alors été minimisée par Hamid Karzaï lui-même qui les avait qualifiés «d’escarmouches». Au Sud, des frictions ont eu lieu entre deux provinces, celle de Kandahar et celle d’Herat, où des seigneurs de guerre pro-iraniens auraient commis des exactions. Dans la province de Khost, la situation est aussi très tendue. Kamal Zadran Khan, le frère de Padsha Khan et actuel gouverneur, est opposé à Zakim Khan qui veut s’emparer du pouvoir. Les troupes des deux hommes prennent à tour de rôle l’avantage sans qu’il y ait eu, pour le moment, de véritable avancée décisive.
Cette situation met en valeur la faiblesse du gouvernement intérimaire et son incapacité à faire respecter ses décisions par les chefs de factions présents sur le terrain. D’ailleurs, le frère de Padsha Khan, Wazer a clairement émis des doutes sur le pouvoir d’Hamid Karzaï, en affirmant : «Il est très faible. Il ne peut rien faire pour nous. Il n’a même pas beaucoup de pouvoir à Kaboul. Nous allons régler nous-mêmes nos problèmes ici».
La reprise des combats inter-factions illustre d’autre part, la nécessité de trouver une solution pour gérer le risque de déstabilisation provoqué par la présence de milliers d’hommes en armes dans le pays (environ 600 000), héritage des nombreuses années de guerre qui ont marqué l’Afghanistan et de l’instabilité chronique. Plusieurs solutions ont été envisagées pour absorber et canaliser ces combattants. Par exemple, celle de créer rapidement une armée afghane ou une police nationale dans lesquelles ils trouveraient une place.
Dans ce contexte, Hamid Karzaï a essayé d’obtenir un élargissement du mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf) dont la mise en place, réclamée par les Occidentaux lors de la Conférence de Bonn, avait pourtant provoqué de nombreuses réticences de la part des représentants afghans. Aujourd’hui, le chef du gouvernement intérimaire souhaiterait que le champ d’intervention de l’Isaf ne soit plus limité à Kaboul et ses environs et que le nombre d’hommes sur le terrain soit augmenté. Certains estiment ainsi qu’il faudrait déployer de 10 000 à 35 000 soldats pour sécuriser l’ensemble du pays. Hamid Karzaï a plaidé cette cause devant le Conseil de sécurité des Nations unies, à New York, mais aussi auprès du Premier ministre britannique, Tony Blair, dont le pays dirige les 4500 militaires de l’Isaf pendant six mois. Mais il n’a pas réussi à obtenir un engagement ferme de la part de ses interlocuteurs.
Pendant plusieurs jours, les troupes des deux camps se sont opposées autour de la capitale de la province, Gardez. Les affrontements à coups de mitraillettes et de tirs de mortier, ont été très violents. Ils ont provoqué la fuite d’une partie des 50 000 habitants de la ville. De nombreux combattants ont été tués. Saif Ullah a finalement pris l’avantage et garde donc le contrôle de Gardez. Vainqueur militaire, il bénéficie d’autre part du soutien de la choura (assemblée traditionnelle) locale qui s’est réunie récemment et a fait part de son choix. Les combattants de son adversaire ont quitté, jeudi, leurs positions sur les collines à partir desquelles ils menaient leurs attaques. Jangir Khan, l’un des commandants des forces du gouverneur officiel, a mis en cause dans cette défaite la responsabilité de son leader, Padsha Khan, qui n’a pas envoyé le ravitaillement et les hommes promis pour venir leur prêter main forte.
Hamid Karzaï réclame le renforcement de la Force multinationale
Si ces combats ont été particulièrement violents et meurtriers, ce ne sont pas les premiers du genre dans le pays. La ville de Kunduz, dans le Nord, a fait l’objet au mois de janvier d’affrontements similaires. Leur importance avait alors été minimisée par Hamid Karzaï lui-même qui les avait qualifiés «d’escarmouches». Au Sud, des frictions ont eu lieu entre deux provinces, celle de Kandahar et celle d’Herat, où des seigneurs de guerre pro-iraniens auraient commis des exactions. Dans la province de Khost, la situation est aussi très tendue. Kamal Zadran Khan, le frère de Padsha Khan et actuel gouverneur, est opposé à Zakim Khan qui veut s’emparer du pouvoir. Les troupes des deux hommes prennent à tour de rôle l’avantage sans qu’il y ait eu, pour le moment, de véritable avancée décisive.
Cette situation met en valeur la faiblesse du gouvernement intérimaire et son incapacité à faire respecter ses décisions par les chefs de factions présents sur le terrain. D’ailleurs, le frère de Padsha Khan, Wazer a clairement émis des doutes sur le pouvoir d’Hamid Karzaï, en affirmant : «Il est très faible. Il ne peut rien faire pour nous. Il n’a même pas beaucoup de pouvoir à Kaboul. Nous allons régler nous-mêmes nos problèmes ici».
La reprise des combats inter-factions illustre d’autre part, la nécessité de trouver une solution pour gérer le risque de déstabilisation provoqué par la présence de milliers d’hommes en armes dans le pays (environ 600 000), héritage des nombreuses années de guerre qui ont marqué l’Afghanistan et de l’instabilité chronique. Plusieurs solutions ont été envisagées pour absorber et canaliser ces combattants. Par exemple, celle de créer rapidement une armée afghane ou une police nationale dans lesquelles ils trouveraient une place.
Dans ce contexte, Hamid Karzaï a essayé d’obtenir un élargissement du mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf) dont la mise en place, réclamée par les Occidentaux lors de la Conférence de Bonn, avait pourtant provoqué de nombreuses réticences de la part des représentants afghans. Aujourd’hui, le chef du gouvernement intérimaire souhaiterait que le champ d’intervention de l’Isaf ne soit plus limité à Kaboul et ses environs et que le nombre d’hommes sur le terrain soit augmenté. Certains estiment ainsi qu’il faudrait déployer de 10 000 à 35 000 soldats pour sécuriser l’ensemble du pays. Hamid Karzaï a plaidé cette cause devant le Conseil de sécurité des Nations unies, à New York, mais aussi auprès du Premier ministre britannique, Tony Blair, dont le pays dirige les 4500 militaires de l’Isaf pendant six mois. Mais il n’a pas réussi à obtenir un engagement ferme de la part de ses interlocuteurs.
par Valérie Gas
Article publié le 01/02/2002