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France: présidentielle 2002

François Bayrou s’invite chez les chiraquiens

La première convention de l’Union en mouvement (UEM), rassemblement des chiraquiens du RPR, de l’UDF et de Démocratie libérale (DL), s’est ouverte le 23 février, à Toulouse. Son objectif : mettre fin à l’esprit de division dans l’opposition et élaborer un projet pour les futures élections. La venue du candidat centriste, François Bayrou, a créé la surprise.
Lancée de 4 avril 2001 et présidée par le député UDF de l’Aisne, Renaud Dutreil, l’Union en mouvement, esquisse du grand parti de droite et du centre que le président sortant appelle de ses vœux, regroupe outre le RPR, l’UDF et DL. Pilotée par Alain Juppé, ancien Premier ministre de Jacques Chirac, et Jérôme Monod, conseiller à l’Elysée, elle a été présentée, dans un premier temps, comme un instrument de campagne du chef de l’Etat face à ses rivaux de droite, François Bayrou et Alain Madelin, tous deux candidats à la présidentielle. Mais la situation a depuis évolué.

Plusieurs milliers de personnes (entre 7 000 et 10 000) se sont donc rassemblées, le 23 février, à Toulouse, pour assister au premier rassemblement de l’UEM. Une mouvance qui apparaît comme une tentative d’unifier les partis de droite à la veille de consultations électorales, présidentielle et législatives. Tout avait été soigneusement organisé et orchestré à l’exception de l’arrivée surprise de François Bayrou. En s’invitant à la dernière minute, le candidat centriste a réussi son effet. Adversaire résolu de ce rassemblement, le président de l’UDF, a tenu tête à une salle entièrement acquise à Jacques Chirac et à la stratégie de refonte des actuels RPR, UDF et DL en grand parti présidentiel. Paradoxalement, il s’est rendu à Toulouse alors qu’il est contre cette réunion des trois partis en un seul : «Je considère que cette idée est une faute pour l'opposition et pour la France» a-t-il affirmé. François Bayrou est donc monté à la tribune mais c’était compter sans une salve de huées continue. Lorsqu’il a déclaré ne pas savoir «qui gagnera» la primaire à droite, la salle lui a répondu «Chirac, Chirac» avant qu’il ne puisse terminer. Mais le Béarnais ne s'est pas contenté de livrer sa vision de l'avenir de la droite. Il s'est aussi aventuré sur le terrain de la provocation en établissant un parallèle entre sa campagne et l'épopée chiraquienne de 1995, puis en assénant à une assistance bondée de partisans de Jacques Chirac ques'il était élu président de la République «le RPR serait traité comme il le mérite, c'est-à-dire comme un partenaire à part entière». L’écho n’a pas tardé, les sifflets ont redoublé d’intensité dans la salle.

Bien que physiquement absent, Jacques Chirac était omniprésent. C’est par la voix de Jean-Claude Gaudin, sénateur-maire DL de Marseille, que le président-candidat a salué cette convention comme une «journée d’engagement, de rassemblement et de renouveau» et a appelé les militants de l’UEM à être «mobilisés et disponibles pour servir l’espoir qui se lève en France». Le chef de l’Etat a également estimé que la journée du 23 février était «une journée d’espérance aussi pour beaucoup de Françaises et de Français (…) Ils attendent de vous l’union et des propositions fortes. C’est aujourd’hui chose faite. Je vous en félicite, avec chaleur et amitié» a-t-il enfin déclaré.

Les 24 propositions de l’UEM

Sur l’avenir de l’opposition, les dès semblent désormais jetés. L’UEM s’est dotée d’un programme et entend bien prendre tout son rôle dans la préparation des élections législatives du mois de juin prochain. En outre, elle apparaît dorénavant comme le moyen de réunir, au second tour de la présidentielle, les électeurs et dirigeants de droite qui auront suivi le 21 avril François Bayrou et Alain Madelin et de préparer une victoire aux élections législatives. Ainsi, la droite, dans l’opposition depuis sa défaite aux législatives de 1997, espère pouvoir battre les partis de gauche, qui ont formé une coalition gouvernementale rassemblant les socialistes, les communistes et les Verts.

L’UEM a donc adopté 24 engagements pour la prochaine législature, regroupés autour de trois thèmes : l’autorité, la liberté et le partage. Le premier point entend répondre par «l’impunité zéro» à l’insécurité et reprend le discours-programme de Jacques Chirac de mardi dernier à Garges-lès-Gonesse. Le second s’articule autour de la liberté du travail, avec notamment un assouplissement des conditions d’application des 35 heures, et d’une réforme fiscale, qui prévoit une diminution d’un tiers de l’impôt sur le revenu sur cinq ans et l’alignement de la fiscalité des entreprises sur la moyenne européenne. En matière de partage, l’UEM propose entre autres, de réformer le système de retraites en préservant le régime par répartition mais en ouvrant la possibilité de la capitalisation. Définies comme «chiraco-compatibles» par Renaud Dutreil, ces propositions pourront servir au programme de Jacques Chirac. «L’UEM, c’est un réservoir à idées» confirmait Roselyne Bachelot, porte-parole du candidat Chirac, présente elle aussi à la manifestation.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 25/02/2002