Grande-Bretagne
L’insoutenable absence de Tony Blair
Le Premier ministre britannique s’attirer les foudres de ses concitoyens -et notamment de la presse et du monde politique- en s’envolant pour une énième tournée à l’étranger, cette fois sur le continent africain. Les ambitions internationales de Tony Blair commencent sérieusement à agacer, à un moment où les problèmes s’accumulent dans son propre pays.
De notre correspondante à Londres
«Votre pays a besoin de vous Monsieur Blair». Le ton de reproche dans le titre du Daily Express résume bien le sentiment général au moment où le Premier ministre britannique entame son voyage en Afrique. Un séjour qui doit le mener du Nigeria au Sénégal en passant par la Sierra Léone et le Ghana et au cours duquel Tony Blair entend réaffirmer l’engagement de la Grande-Bretagne à réduire la pauvreté et la violence en Afrique.
Tony Blair, conscient de la réprobation ambiante, a pris la précaution de justifier sa tournée à la veille de son départ dans un entretien accordé au Times. Il s’y alarme des risques de développement du terrorisme sur le continent africain si rien n’est fait. Le chef du gouvernement compare l’Afrique à l’Afghanistan d’il y a dix ans quand la communauté internationale ne s’était pas mobilisée pour enrayer la délinquance de l’Etat, laissant ainsi le pays commencer à vivre de la drogue et du terrorisme.
Tony Blair souligne qu’il est crucial de ne pas gâcher les meilleures chances de toute une génération de panser les plaies de l’Afrique. «Nous avons le devoir d’agir, nous devons agir», estime-t-il. Une conviction dans la continuité de son discours prononcé juste après les attentats de New York le 11 septembre dernier.
Tony Blair doit faire face à des multiples crises intérieures
Mais les belles ambitions de Tony Blair pour sauver l’Afrique de sa misère risquent pourtant de laisser de glace ses compatriotes. Pire, il va devoir faire face à de nouvelles attaques des membres de l’opposition scandalisés de le voir s’éclipser à un moment critique pour le pays. Car le premier ministre laisse derrière lui des cheminots en grève paralysant une partie du rail britannique, des hôpitaux publics sous le feu des critiques après de nouvelles erreurs et des patients négligés faute de moyens et de personnel, sans compter des syndicats en ébullition, absolument furieux d’avoir été qualifiés tout récemment de conservateurs par Tony Blair; enfin le Premier ministre laisse aussi des parents en proie aux pires angoisses face à un possible lien entre rougeole et autisme, et qui refusent du coup de faire vacciner leurs enfants jusqu’à risquer de provoquer une recrudescence de la maladie.
Mais au-delà, les détracteurs du chef du gouvernement lui reprochent de s’être fixé une tâche impossible en cherchant à devenir l’initiateur de changements durables sur le continent africain; ils suggèrent même que Tony Blair se prend depuis le 11 septembre pour une sorte de sauveur luttant contre les misères du monde. Un style très présidentiel qui lui vaut le surnom de Bill Clinton bis, alors que la nouvelle administration américaine montre peu d’enthousiasme face aux questions internationales.
Le parti conservateur surtout, ne lui pardonne pas ses ambitions à l’étranger. Le leader des Tories Iain Duncan Smith accuse le Premier ministre de jouer les poseurs devant les caméras et de donner l’impression d’être beaucoup plus à l’aise sur la scène internationale dans la peau d’un chef d’Etat que lorsqu’il s’agit de s’occuper des dures réalités quotidiennes des Britanniques.
Ce à quoi Tony Blair répond invariablement que n’importe quel Premier ministre se doit toujours de trouver un équilibre entre les préoccupations domestiques et étrangères. Il est surtout convaincu que les événements du 11 septembre prouvent que les nations sont désormais plus interdépendantes que jamais et que seules des solutions globales peuvent réussir à résoudre des problèmes comme le terrorisme et la pauvreté. C’est pourquoi il continue envers et contre tous sa croisade, au risque tout de même de voir se retourner définitivement l’opinion contre lui.
Lors des dernières élections générales en juin dernier les Britanniques ont certes reconduit les travaillistes et leur leader au pouvoir, mais en boudant les urnes, ils ont aussi donné un clair avertissement à leur Premier ministre: leur confiance est à bout et si leur quotidien et notamment les services publics ne s’améliorent pas rapidement, Tony Blair peut déjà dire adieu au troisième mandat qu’il convoite.
«Votre pays a besoin de vous Monsieur Blair». Le ton de reproche dans le titre du Daily Express résume bien le sentiment général au moment où le Premier ministre britannique entame son voyage en Afrique. Un séjour qui doit le mener du Nigeria au Sénégal en passant par la Sierra Léone et le Ghana et au cours duquel Tony Blair entend réaffirmer l’engagement de la Grande-Bretagne à réduire la pauvreté et la violence en Afrique.
Tony Blair, conscient de la réprobation ambiante, a pris la précaution de justifier sa tournée à la veille de son départ dans un entretien accordé au Times. Il s’y alarme des risques de développement du terrorisme sur le continent africain si rien n’est fait. Le chef du gouvernement compare l’Afrique à l’Afghanistan d’il y a dix ans quand la communauté internationale ne s’était pas mobilisée pour enrayer la délinquance de l’Etat, laissant ainsi le pays commencer à vivre de la drogue et du terrorisme.
Tony Blair souligne qu’il est crucial de ne pas gâcher les meilleures chances de toute une génération de panser les plaies de l’Afrique. «Nous avons le devoir d’agir, nous devons agir», estime-t-il. Une conviction dans la continuité de son discours prononcé juste après les attentats de New York le 11 septembre dernier.
Tony Blair doit faire face à des multiples crises intérieures
Mais les belles ambitions de Tony Blair pour sauver l’Afrique de sa misère risquent pourtant de laisser de glace ses compatriotes. Pire, il va devoir faire face à de nouvelles attaques des membres de l’opposition scandalisés de le voir s’éclipser à un moment critique pour le pays. Car le premier ministre laisse derrière lui des cheminots en grève paralysant une partie du rail britannique, des hôpitaux publics sous le feu des critiques après de nouvelles erreurs et des patients négligés faute de moyens et de personnel, sans compter des syndicats en ébullition, absolument furieux d’avoir été qualifiés tout récemment de conservateurs par Tony Blair; enfin le Premier ministre laisse aussi des parents en proie aux pires angoisses face à un possible lien entre rougeole et autisme, et qui refusent du coup de faire vacciner leurs enfants jusqu’à risquer de provoquer une recrudescence de la maladie.
Mais au-delà, les détracteurs du chef du gouvernement lui reprochent de s’être fixé une tâche impossible en cherchant à devenir l’initiateur de changements durables sur le continent africain; ils suggèrent même que Tony Blair se prend depuis le 11 septembre pour une sorte de sauveur luttant contre les misères du monde. Un style très présidentiel qui lui vaut le surnom de Bill Clinton bis, alors que la nouvelle administration américaine montre peu d’enthousiasme face aux questions internationales.
Le parti conservateur surtout, ne lui pardonne pas ses ambitions à l’étranger. Le leader des Tories Iain Duncan Smith accuse le Premier ministre de jouer les poseurs devant les caméras et de donner l’impression d’être beaucoup plus à l’aise sur la scène internationale dans la peau d’un chef d’Etat que lorsqu’il s’agit de s’occuper des dures réalités quotidiennes des Britanniques.
Ce à quoi Tony Blair répond invariablement que n’importe quel Premier ministre se doit toujours de trouver un équilibre entre les préoccupations domestiques et étrangères. Il est surtout convaincu que les événements du 11 septembre prouvent que les nations sont désormais plus interdépendantes que jamais et que seules des solutions globales peuvent réussir à résoudre des problèmes comme le terrorisme et la pauvreté. C’est pourquoi il continue envers et contre tous sa croisade, au risque tout de même de voir se retourner définitivement l’opinion contre lui.
Lors des dernières élections générales en juin dernier les Britanniques ont certes reconduit les travaillistes et leur leader au pouvoir, mais en boudant les urnes, ils ont aussi donné un clair avertissement à leur Premier ministre: leur confiance est à bout et si leur quotidien et notamment les services publics ne s’améliorent pas rapidement, Tony Blair peut déjà dire adieu au troisième mandat qu’il convoite.
par Muriel Delcroix
Article publié le 07/02/2002