Grande-Bretagne
L'avertissement de Tony Blair aux Taliban
Livrez Ben Laden ou nous vous attaquerons... C'est en substance le message du Premier ministre britannique aux Taliban qu'il considère désormais comme des ennemis. Dans le même temps, le gouvernement travailliste prépare son opinion publique à une intervention aux côtés des Etats-Unis.
i>De notre correspondant à Londres
Les amis de mes ennemis sont mes ennemis... Suivant ce vieux principe, Tony Blair range désormais le régime des Taliban dans la catégorie des forces hostiles à combattre. Il l'a fait savoir mardi après-midi de façon on ne peut plus claire. En refusant de livrer le suspect numéro 1 dans les attaques terroristes anti-américaines, les Taliban sont, aux yeux du Premier ministre britannique, «pratiquement autant nos ennemis que Ben Laden lui-même».
Dans son intervention la plus musclée depuis les attentats du 11 septembre, Tony Blair n'a guère laissé de choix au régime de Kaboul : «Il y aura une intervention militaire à moins que les Taliban ne changent et se plient à l'ultimatum qui leur est présenté. Ce serait très facile pour eux de le faire. Ils pourraient agir à tout moment».
Le 10 Downing Street ne fait plus mystère de sa volonté de participer à la chute du pouvoir actuellement en place à Kaboul. «Notre souhait et notre intention a toujours été de voir un régime démocratique en Afghanistan» a fait savoir le porte-parole du Premier ministre britannique tandis qu'un ministre travailliste présentait les Taliban comme l'un des régimes «les plus odieux au monde».
Ce net durcissement de ton à l'égard du régime de Kaboul confirme un peu plus une quasi-certitude : dans le conflit qui se prépare, le Royaume-Uni devrait jouer un rôle de premier plan aux côtés des Américains.
Des commandos déjà présents en Afghanistan
Lundi dernier, le 10 Downing Street a été informé des plans d'attaque de Washington permettant ainsi à l'état-major britannique de préparer les détails de la riposte militaire. Selon plusieurs journaux anglais, des SAS (Special Air Service) et des agents du MI6 (les services de renseignement britanniques) seraient déjà présents dans le nord de l'Afghanistan où ils prépareraient la coordination avec les forces de l'Alliance du Nord, l'opposition armée au régime des Taliban.
Par ailleurs, la présence militaire britannique dans le Golfe est massive. Londres disposerait dans la région d'une vingtaine de bâtiments de guerre de la Royal Navy, d'une soixantaine d'avions de la Royal Air Force et d'au moins 24 000 hommes. Autant dire que le Royaume-Uni a les moyens militaires de joindre l'acte à la parole sur le théâtre des opérations. C'est probablement ce qu'attend Washington de son allié européen le plus fidèle. Les Américains n'ont, en effet, aucun intérêt à donner à leur intervention armée les aspects d'une croisade trop solitaire.
Georges W. Bush peut compter sur le soutien indéfectible de Tony Blair. Le Premier ministre britannique a fait de la lutte contre ce nouveau «terrorisme de masse» une question de principe, un combat d'ordre moral. Cet état d'esprit avait déjà été le sien lors de la guerre du Kosovo. A l'époque Tony Blair ne trouvait pas de mots assez durs pour dénoncer la «barbarie» du régime de Slobodan Milosevic. A bien des égards, le chef du gouvernement britannique s'était montré, durant le conflit, plus «boutefeu» que Bill Clinton. Les Britanniques avaient apprécié... Tony Blair était ressorti de la crise des Balkans avec une cote de popularité himalayenne.
Le Premier ministre dont «les talents de chef de guerre» ne sont plus à démontrer a su, depuis le 11 septembre, trouver les mots justes pour souder une opinion britannique massivement en faveur d'une riposte militaire. Le gouvernement travailliste n'ignore pourtant pas que cette belle unanimité pourrait voler en éclat au retour des premiers cercueils de soldats britanniques sur le sol anglais. Plusieurs ministres sont déjà montés au créneau pour préparer l'opinion à la possibilité de lourdes pertes dans ce conflit d'un nouveau type.
Après s'être démené sur la scène internationale pour bâtir la coalition la plus large possible, Tony Blair tente maintenant de forger l'union nationale autour d'une probable intervention militaire en Afghanistan. Le Parlement britannique sera réuni en session extraordinaire le 4 octobre prochain. Cette union sacrée n'empêche pas l'opinion publique d'être inquiète des répercussions d'un engagement aussi clair de Londres aux côtés des Américains. Ainsi, les ventes de masques à gaz et d'équipements de protection ont littéralement flambé alors que se développe en Grande-Bretagne une psychose d'attentats à l'arme chimique ou bactériologique
Les amis de mes ennemis sont mes ennemis... Suivant ce vieux principe, Tony Blair range désormais le régime des Taliban dans la catégorie des forces hostiles à combattre. Il l'a fait savoir mardi après-midi de façon on ne peut plus claire. En refusant de livrer le suspect numéro 1 dans les attaques terroristes anti-américaines, les Taliban sont, aux yeux du Premier ministre britannique, «pratiquement autant nos ennemis que Ben Laden lui-même».
Dans son intervention la plus musclée depuis les attentats du 11 septembre, Tony Blair n'a guère laissé de choix au régime de Kaboul : «Il y aura une intervention militaire à moins que les Taliban ne changent et se plient à l'ultimatum qui leur est présenté. Ce serait très facile pour eux de le faire. Ils pourraient agir à tout moment».
Le 10 Downing Street ne fait plus mystère de sa volonté de participer à la chute du pouvoir actuellement en place à Kaboul. «Notre souhait et notre intention a toujours été de voir un régime démocratique en Afghanistan» a fait savoir le porte-parole du Premier ministre britannique tandis qu'un ministre travailliste présentait les Taliban comme l'un des régimes «les plus odieux au monde».
Ce net durcissement de ton à l'égard du régime de Kaboul confirme un peu plus une quasi-certitude : dans le conflit qui se prépare, le Royaume-Uni devrait jouer un rôle de premier plan aux côtés des Américains.
Des commandos déjà présents en Afghanistan
Lundi dernier, le 10 Downing Street a été informé des plans d'attaque de Washington permettant ainsi à l'état-major britannique de préparer les détails de la riposte militaire. Selon plusieurs journaux anglais, des SAS (Special Air Service) et des agents du MI6 (les services de renseignement britanniques) seraient déjà présents dans le nord de l'Afghanistan où ils prépareraient la coordination avec les forces de l'Alliance du Nord, l'opposition armée au régime des Taliban.
Par ailleurs, la présence militaire britannique dans le Golfe est massive. Londres disposerait dans la région d'une vingtaine de bâtiments de guerre de la Royal Navy, d'une soixantaine d'avions de la Royal Air Force et d'au moins 24 000 hommes. Autant dire que le Royaume-Uni a les moyens militaires de joindre l'acte à la parole sur le théâtre des opérations. C'est probablement ce qu'attend Washington de son allié européen le plus fidèle. Les Américains n'ont, en effet, aucun intérêt à donner à leur intervention armée les aspects d'une croisade trop solitaire.
Georges W. Bush peut compter sur le soutien indéfectible de Tony Blair. Le Premier ministre britannique a fait de la lutte contre ce nouveau «terrorisme de masse» une question de principe, un combat d'ordre moral. Cet état d'esprit avait déjà été le sien lors de la guerre du Kosovo. A l'époque Tony Blair ne trouvait pas de mots assez durs pour dénoncer la «barbarie» du régime de Slobodan Milosevic. A bien des égards, le chef du gouvernement britannique s'était montré, durant le conflit, plus «boutefeu» que Bill Clinton. Les Britanniques avaient apprécié... Tony Blair était ressorti de la crise des Balkans avec une cote de popularité himalayenne.
Le Premier ministre dont «les talents de chef de guerre» ne sont plus à démontrer a su, depuis le 11 septembre, trouver les mots justes pour souder une opinion britannique massivement en faveur d'une riposte militaire. Le gouvernement travailliste n'ignore pourtant pas que cette belle unanimité pourrait voler en éclat au retour des premiers cercueils de soldats britanniques sur le sol anglais. Plusieurs ministres sont déjà montés au créneau pour préparer l'opinion à la possibilité de lourdes pertes dans ce conflit d'un nouveau type.
Après s'être démené sur la scène internationale pour bâtir la coalition la plus large possible, Tony Blair tente maintenant de forger l'union nationale autour d'une probable intervention militaire en Afghanistan. Le Parlement britannique sera réuni en session extraordinaire le 4 octobre prochain. Cette union sacrée n'empêche pas l'opinion publique d'être inquiète des répercussions d'un engagement aussi clair de Londres aux côtés des Américains. Ainsi, les ventes de masques à gaz et d'équipements de protection ont littéralement flambé alors que se développe en Grande-Bretagne une psychose d'attentats à l'arme chimique ou bactériologique
par Christian ROUDAUT
Article publié le 26/09/2001