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Grande-Bretagne

Le soutien sans faille de Londres

Dans la guerre qui se prépare contre l'Afghanistan, le Royaume-Uni ne se contentera probablement pas d'être une simple force d'appoint pour les Etats-Unis. L'allié européen le plus fidèle de Washington devrait même jouer un rôle pivot aux côtés des forces américaines.
De notre correspondant à Londres

Tout naturellement, Londres a été la première capitale à être informée des plans d'attaque de la Maison Blanche et du Pentagone. Le Royaume-Uni peut désormais préparer les détails de sa coopération militaire avec les Etats-Unis. L'intervention britannique pourrait aller de l'envoi de commandos d'élite à la mise à disposition d'avions de reconnaissance et de combat. Selon des informations de la presse anglaise, des troupes d'élite britanniques seraient déjà sur le terrain aux côtés des forces de l'Alliance du Nord, l'opposition afghane.

Vendredi dernier, un groupe de commandos SAS (Special Air Service) aurait même échangé quelques coups de feu avec des soldats taliban. Les SBS (Special Boat Service, les commandos de marine) se tiendraient également prêts à intervenir. Ces soldats des «forces spéciales», habitués aux missions les plus périlleuses, pourraient avoir un rôle crucial lorsqu'il s'agira de tuer ou de capturer Oussama Ben Laden. Hasard du calendrier, la présence des forces britanniques dans le Golfe est tout bonnement impressionnante. Bien avant les attaques terroristes du 11 septembre, le MoD (Ministry of Defence) avait programmé des man£uvres de grande ampleur dans la région. Près de 24 000 militaires britanniques sont déjà mobilisés pour ces exercices conjoints avec le sultanat d'Oman. Bien entendu, si la situation l'exige, ces troupes pourraient être redéployées vers l'Afghanistan.

Visite historique du ministre des Affaires étrangères à Téhéran


Pas moins de 25 bâtiments de guerre de la Royal Navy - dont le sous-marin nucléaire HMS Superb et le porte-hélicoptères HMS Ocean - patrouillent dans le Golfe. Il faut ajouter à cette véritable armada britannique, les avions de la Royal Air Force. Un groupe de sept appareils Tornado de la RAF a quitté l'Angleterre dimanche matin pour participer aux man£uvres. Londres est le dernier soutien militaire actif des Américains dans les opérations de surveillance des zones d'exclusion aérienne irakiennes. A ce titre, la RAF dispose déjà dans la région d'une soixantaine d'avions militaires. C'est dire que «l'ami le plus vrai» des Etats-Unis, selon l'expression de George W. Bush, a les moyens de prouver son indéfectible fidélité. Le gouvernement britannique est prêt à payer le prix de cette guerre contre le «terrorisme de masse». «Nous ne devons pas écarter la possibilité que ce sera dangereux pour nous - nous sommes les principaux alliés des Américains - et que cela pourrait impliquer des sacrifices» a ainsi déclaré un ministre travailliste. C'est un risque que Tony Blair (décidément très à l'aise dans les crises internationales) est prêt à assumer d'autant plus facilement que l'opinion publique soutient massivement une riposte militaire contre les réseaux de Ben Laden.

Il faut dire que la Grande-Bretagne a aussi ses morts à venger. Deux cent cinquante Britanniques auraient péri dans les décombres du World Trade Center. Après les attaques contre New York et Washington, George W. Bush a pu mesurer le soutien sans faille de Londres. Tony Blair s'est ainsi démené sur la scène internationale, en particulier européenne, pour constituer une sorte d'union sacrée autour des Etats-Unis. Le chef du gouvernement britannique vient même de dépêcher en Iran son ministre des Affaires étrangères Jack Straw. Une visite historique - la première d'un chef de la diplomatie britannique depuis la Révolution islamique de 1979 - qui culminera avec la rencontre ce mardi matin du président Mohammad Khatami. Londres cherche ainsi à obtenir la bienveillante neutralité de Téhéran avant l'entrée en guerre contre Oussama Ben Laden et le régime des Taliban. George W. Bush n'a pas caché sa profonde gratitude envers la fidèle Angleterre. Le président des Etats-Unis a ainsi rendu un hommage appuyé à Tony Blair en l'accueillant jeudi soir dans «la tribune des héros» du Congrès américain. Au moment de déclencher les hostilités, George W. Bush peut être assuré d'une chose : le soutien du Royaume-Uni, l'allié de toujours, ne lui fera pas défaut.



par Christian  ROUDAUT

Article publié le 24/09/2001