Allemagne
Victoire à la Pyrrhus contre Bruxelles
La pugnacité de Gerhard Schröder lui a permis d’éviter le carton jaune de Bruxelles. Mais la crédibilité économique de l’Allemagne en sort écornée.
De notre correspondant en Allemagne
En échappant à un rappel à l’ordre de Bruxelles sur ses déficits publics, l’Allemagne a mis à mal la crédibilité du pacte de stabilité de l’Union monétaire qu’elle avait pourtant imposé en 1996. A terme, c’est la confiance des marchés dans l’euro qui s’en trouvera réduite.
En outre, l’avertissement formel que la Commission proposait d’infliger à Berlin a été retiré en échange de promesses allemandes qui sont pratiquement impossibles à tenir. En effet, le ministre allemand des Finances, Hans Eichel, s’est engagé sur un retour à l’équilibre budgétaire ou une situation proche de l’équilibre dès 2004. C’est un objectif que la plupart des experts économiques jugent irréaliste. Il suppose en effet que l’Allemagne fasse 50 milliards d’euros d’économies sur deux ans et qu’elle ait une croissance annuelle de 2,5%, alors qu’elle se trouve depuis six mois en phase de récession.
Dans les milieux bancaires, on parle d’un «signal fâcheux dont les gouvernements risquent fort de se servir pour relâcher leurs efforts en matière de consolidation budgétaire». L’opposition conservatrice critique aussi évidemment un compromis «qui n’a même pas permis à l’Allemagne de sauver la face puisque le mal était déjà fait : pendant trois semaines de discussions autour de l’avertissement de Bruxelles, l’Allemagne a été montrée du doigt comme le plus mauvais élève de la classe européenne».
Quoi qu’il en soit, le véritable harcèlement dont les partenaires européens de l’Allemagne ont fait l’objet pendant trois semaines a porté ses fruits. De même que les attaques frontales du chancelier Gerhard Schröder contre la Commission européenne qu’il a publiquement soupçonnée de faire cause commune avec l’opposition chrétienne-démocrate allemande. En un mot comme en cent : l’Allemagne a évité une humiliation. La raison du plus fort est toujours la meilleure.
La victoire des «grands»
Cette victoire allemande sur la lettre et l’esprit des règlements monétaires de l’Europe, remportée avec l’aide de la France, de la Grande Bretagne et de l’Espagne, va aussi renforcer la méfiance des petits pays de l’Union envers les grands. Il y a deux ans, l’Irlande avait, elle, reçu en bonne et due forme un «carton jaune monétaire» de Bruxelles. Amère, elle avait alors dit : «Ce n’est pas à l’Allemagne ou à la France que cela arrivera !». Selon que vous serez puissant ou misérable…
A sept mois des élections, le chancelier Schröder ne voulait évidemment pas entendre parler d’une rencontre humiliante sur le dérapage des déficits publics allemands qui aurait pu être exploitée par l’opposition. Est-ce une raison pour maintenir dans la durée une saine gestion des finances publiques, condition sine qua non de la stabilité monétaire ?
Après une entorse aux règles de l’Europe monétaire, le bon goût aurait commandé au gouvernement allemand de se taire. Mais ce n’est visiblement pas l’avis de M. Eichel. Il a qualifié la vive discussion sur l’avertissement voulu par Bruxelles de «désaccord improductif que les Quinze auraient pu s’épargner». C’est ce qu’on appelle de la désinvolture.
En échappant à un rappel à l’ordre de Bruxelles sur ses déficits publics, l’Allemagne a mis à mal la crédibilité du pacte de stabilité de l’Union monétaire qu’elle avait pourtant imposé en 1996. A terme, c’est la confiance des marchés dans l’euro qui s’en trouvera réduite.
En outre, l’avertissement formel que la Commission proposait d’infliger à Berlin a été retiré en échange de promesses allemandes qui sont pratiquement impossibles à tenir. En effet, le ministre allemand des Finances, Hans Eichel, s’est engagé sur un retour à l’équilibre budgétaire ou une situation proche de l’équilibre dès 2004. C’est un objectif que la plupart des experts économiques jugent irréaliste. Il suppose en effet que l’Allemagne fasse 50 milliards d’euros d’économies sur deux ans et qu’elle ait une croissance annuelle de 2,5%, alors qu’elle se trouve depuis six mois en phase de récession.
Dans les milieux bancaires, on parle d’un «signal fâcheux dont les gouvernements risquent fort de se servir pour relâcher leurs efforts en matière de consolidation budgétaire». L’opposition conservatrice critique aussi évidemment un compromis «qui n’a même pas permis à l’Allemagne de sauver la face puisque le mal était déjà fait : pendant trois semaines de discussions autour de l’avertissement de Bruxelles, l’Allemagne a été montrée du doigt comme le plus mauvais élève de la classe européenne».
Quoi qu’il en soit, le véritable harcèlement dont les partenaires européens de l’Allemagne ont fait l’objet pendant trois semaines a porté ses fruits. De même que les attaques frontales du chancelier Gerhard Schröder contre la Commission européenne qu’il a publiquement soupçonnée de faire cause commune avec l’opposition chrétienne-démocrate allemande. En un mot comme en cent : l’Allemagne a évité une humiliation. La raison du plus fort est toujours la meilleure.
La victoire des «grands»
Cette victoire allemande sur la lettre et l’esprit des règlements monétaires de l’Europe, remportée avec l’aide de la France, de la Grande Bretagne et de l’Espagne, va aussi renforcer la méfiance des petits pays de l’Union envers les grands. Il y a deux ans, l’Irlande avait, elle, reçu en bonne et due forme un «carton jaune monétaire» de Bruxelles. Amère, elle avait alors dit : «Ce n’est pas à l’Allemagne ou à la France que cela arrivera !». Selon que vous serez puissant ou misérable…
A sept mois des élections, le chancelier Schröder ne voulait évidemment pas entendre parler d’une rencontre humiliante sur le dérapage des déficits publics allemands qui aurait pu être exploitée par l’opposition. Est-ce une raison pour maintenir dans la durée une saine gestion des finances publiques, condition sine qua non de la stabilité monétaire ?
Après une entorse aux règles de l’Europe monétaire, le bon goût aurait commandé au gouvernement allemand de se taire. Mais ce n’est visiblement pas l’avis de M. Eichel. Il a qualifié la vive discussion sur l’avertissement voulu par Bruxelles de «désaccord improductif que les Quinze auraient pu s’épargner». C’est ce qu’on appelle de la désinvolture.
par Marc Leroy-Beaulieu
Article publié le 13/02/2002