Union africaine
La disparition d’un serviteur de l’Afrique
Idé Oumarou, ancien secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), est décédé, à son domicile à Niamey, d’une crise cardiaque le 12 février, à l’âge de 65 ans. De toute sa riche carrière politique et diplomatique, la plus grande fierté de ce haut fonctionnaire discret mais efficace, a été son mandat à l’OUA. Il se définit souvent comme «un serviteur du Niger devenu un serviteur de l’Afrique».
Idé Oumarou n’avait jamais imaginé mener une grande carrière internationale. Il se prédestinait à l’enseignement et reçut entre 1957 et 1959, une formation à la prestigieuse école William Ponty de Dakar. Mais dès la fin de sa formation d’instituteur, il obtint une bourse pour des études économiques de planification à l’Institut des hautes études d’Outre-mer à Paris. Il fut naturellement affecté, en 1960, à l’indépendance du Niger, au commissariat général du plan de son pays. Le premier président du Niger, Hamani Diori, remarquant les qualités de rigueur du jeune fonctionnaire, fit de lui, le directeur et le rédacteur en chef du journal «Le Niger». Ironisant sur ce tournant pris dans sa vie professionnelle, il dit: «je suis tombé dans le journalisme par effraction».
Ce passage sera déterminant dans la vie professionnelle du jeune cadre et journaliste Idé Oumarou. Il occupa successivement des fonctions de directeur et de commissaire général au ministère de l’Information, avant d’être affecté à la direction générale des Postes et télécommunications. Sa carrière de haut fonctionnaire connut une nouvelle évolution avec l’arrivée au pouvoir des militaires. Le général Seyni Kountché qui présidait le Conseil militaire suprême fit appel à lui pour diriger son cabinet de 1974 à 1979. Travailleur consciencieux, il se révéla auprès du général-président, un très bon conseiller diplomatique. La gratitude du militaire a été de le nommer, représentant permanent du Niger auprès des Nations unies, à New-York.
C’est à ce poste qu’il se distingua comme un diplomate surtout soucieux de réduire les inégalités entre les nations et les hommes. Son éternelle quête des solutions de compromis lui vaut de présider à plusieurs reprises le Conseil de sécurité de l’ONU, au début des années 80. Le président Seyni Kountché, toujours satisfait du travail du diplomate, le rappelle à ses côtés pour lui confier un portefeuille ministériel, celui des Affaires étrangères qui le conduira plus tard à la tête de l’OUA. Edem Kodjo avait quitté ses fonctions de secrétaire général, en 1983, laissant l’organisation divisée et ingouvernable. Le secrétariat général par intérim avait été alors confié à un Nigérian, Peter Onu, président de la Commission économique africaine, auprès des Nations unies. Au terme de sa mission, les candidats à la reprise de l’OUA, Paul Okoumba d’Oguatségué du Gabon et Alioune Blondin Bèye du Mali n’avaient pu être départagés. Idé Omarou accepta alors de jouer le rôle de joker, pour remettre la machine OUA en état de marche. Il fut élu secrétaire général de l’OUA le 20 juillet 1985.
«Un plan Marshall pour l’Afrique»
«L’Afrique doit sortir de ses disputes politiques pour s’occuper de ses vrais problèmes qui sont surtout d’ordre économique». Idé Oumarou annonçait ainsi les priorités de son mandat. La sécheresse dans le Sahel, l’a profondément marqué, disent ses proches, c’est pourquoi il a réclamé autant qu’il pouvait un plan Marshall pour l’Afrique. Il était aussi soucieux de la dignité de l’homme africain. Un de ses regrets a été de ne pas voir la Namibie indépendante, et Nelson Mandela libéré, sous son mandat. C’est aussi à ce poste qu’il connut un de ses rares échecs. Candidat à sa propre succession en 1989, il n’a pu obtenir la confiance renouvelée des chefs d’Etats africains. Il occupa, par la suite, différents postes politiques dans son pays, tenta en vain de relancer le Parti démocratique africain, symbole de l’indépendance du Niger, avant de se retirer de la politique.
Mais très vite, d’autres Africains se souviennent de lui et lui demandent de remplacer le Sénégalais Moustapha Niasse, au collège des médiateurs, dans la crise politique togolaise. En plus de ces occupations, il voulait consacrer sa retraite à l’écriture, en renouant avec ses anciennes amours. Auteur de plusieurs nouvelles et pièces de théâtre, il a aussi écrit deux romans publiés aux Nouvelles éditions africaines. Son roman «Gros plan» qui raconte des scènes de vie à Niamey, est une réflexion sur l’évolution de la société nigérienne. Ce roman avait obtenu en 1979, le grand prix littéraire de l’Afrique noire, décernée par l’Association des écrivains de langue française. Son second livre «Le représentant» a connu moins de succès. Il y évoque aussi des problèmes d’une société confrontée aux réalités politiques et économiques, dans laquelle la cupidité de l’homme influence les relations humaines.
Aujourd’hui tout le monde salue l’honnêteté, l’efficace discrétion et la rigueur dans le travail de ce grand fonctionnaire nigérien, qui a fini sa vie en essayant de renouer les fils du dialogue entre frères ennemis du Togo.
Ce passage sera déterminant dans la vie professionnelle du jeune cadre et journaliste Idé Oumarou. Il occupa successivement des fonctions de directeur et de commissaire général au ministère de l’Information, avant d’être affecté à la direction générale des Postes et télécommunications. Sa carrière de haut fonctionnaire connut une nouvelle évolution avec l’arrivée au pouvoir des militaires. Le général Seyni Kountché qui présidait le Conseil militaire suprême fit appel à lui pour diriger son cabinet de 1974 à 1979. Travailleur consciencieux, il se révéla auprès du général-président, un très bon conseiller diplomatique. La gratitude du militaire a été de le nommer, représentant permanent du Niger auprès des Nations unies, à New-York.
C’est à ce poste qu’il se distingua comme un diplomate surtout soucieux de réduire les inégalités entre les nations et les hommes. Son éternelle quête des solutions de compromis lui vaut de présider à plusieurs reprises le Conseil de sécurité de l’ONU, au début des années 80. Le président Seyni Kountché, toujours satisfait du travail du diplomate, le rappelle à ses côtés pour lui confier un portefeuille ministériel, celui des Affaires étrangères qui le conduira plus tard à la tête de l’OUA. Edem Kodjo avait quitté ses fonctions de secrétaire général, en 1983, laissant l’organisation divisée et ingouvernable. Le secrétariat général par intérim avait été alors confié à un Nigérian, Peter Onu, président de la Commission économique africaine, auprès des Nations unies. Au terme de sa mission, les candidats à la reprise de l’OUA, Paul Okoumba d’Oguatségué du Gabon et Alioune Blondin Bèye du Mali n’avaient pu être départagés. Idé Omarou accepta alors de jouer le rôle de joker, pour remettre la machine OUA en état de marche. Il fut élu secrétaire général de l’OUA le 20 juillet 1985.
«Un plan Marshall pour l’Afrique»
«L’Afrique doit sortir de ses disputes politiques pour s’occuper de ses vrais problèmes qui sont surtout d’ordre économique». Idé Oumarou annonçait ainsi les priorités de son mandat. La sécheresse dans le Sahel, l’a profondément marqué, disent ses proches, c’est pourquoi il a réclamé autant qu’il pouvait un plan Marshall pour l’Afrique. Il était aussi soucieux de la dignité de l’homme africain. Un de ses regrets a été de ne pas voir la Namibie indépendante, et Nelson Mandela libéré, sous son mandat. C’est aussi à ce poste qu’il connut un de ses rares échecs. Candidat à sa propre succession en 1989, il n’a pu obtenir la confiance renouvelée des chefs d’Etats africains. Il occupa, par la suite, différents postes politiques dans son pays, tenta en vain de relancer le Parti démocratique africain, symbole de l’indépendance du Niger, avant de se retirer de la politique.
Mais très vite, d’autres Africains se souviennent de lui et lui demandent de remplacer le Sénégalais Moustapha Niasse, au collège des médiateurs, dans la crise politique togolaise. En plus de ces occupations, il voulait consacrer sa retraite à l’écriture, en renouant avec ses anciennes amours. Auteur de plusieurs nouvelles et pièces de théâtre, il a aussi écrit deux romans publiés aux Nouvelles éditions africaines. Son roman «Gros plan» qui raconte des scènes de vie à Niamey, est une réflexion sur l’évolution de la société nigérienne. Ce roman avait obtenu en 1979, le grand prix littéraire de l’Afrique noire, décernée par l’Association des écrivains de langue française. Son second livre «Le représentant» a connu moins de succès. Il y évoque aussi des problèmes d’une société confrontée aux réalités politiques et économiques, dans laquelle la cupidité de l’homme influence les relations humaines.
Aujourd’hui tout le monde salue l’honnêteté, l’efficace discrétion et la rigueur dans le travail de ce grand fonctionnaire nigérien, qui a fini sa vie en essayant de renouer les fils du dialogue entre frères ennemis du Togo.
par Didier Samson
Article publié le 13/02/2002