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Union africaine

Un plan ambitieux pour l'Afrique

L'Afrique a finalement réussi à se mettre d'accord sur un ambitieux programme économique destiné à combattre la pauvreté, à relancer la croissance dans le continent et à attirer les investissements privés.


Correspondance particulière à Lusaka

Adopté au sommet de Lusaka, qui marque la fin de l'OUA après 38 ans d'existence et le lancement de la nouvelle Union Africaine (UA), ce plan est le résultat de la fusion du "Programme du Millénaire pour la renaissance africaine" préparé par le président sud-africain Thabo Mbeki avec l'aide du nigérian Olusegun Obasanjo et de l'algérien Abdelaziz Bouteflika, et le "Plan Omega" pour le développement de l'Afrique présenté par le président sénégalais Abdoulaye Wade.
Le nouveau programme, intitulé ôNouvelle initiative africaineö, a pu voir le jour après une série de tractations pour prendre en compte les points de vue des uns et des autres et présenter ainsi un front commun face aux bailleurs de fonds bilatéraux et aux institutions financières internationales.
Le ghanéen Kingsley Amoako, secrétaire exécutif de la CEA (Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique), a participé à l'élaboration du nouveau texte de compromis, qui met à la fois l'accent sur l'aide publique au développement (APD) apportée par les pays industrialisés et sur le rôle essentiel du secteur privé, le tout sur un fond de bonne gouvernance et d'intégration régionale. ôNous ne pouvions pas nous permettre d'avoir deux plans de développement différents. Depuis le mois de mai nous travaillons sur la fusion des deux concepts, avec l'aide des ministres des finances et du planö, affirme-t-il, mettant l'accent sur la nécessaire accélération de la croissance dans le continent. "Cela n'a pas été facile. Il a fallu beaucoup discuter pour aboutir." ôL'Afrique, explique-t-il, prend en compte dans ce plan ses responsabilités ainsi que la nécessité d'une bonne gouvernance et de la création d'institutions efficaces et transparentesö.

"Il faut que les Africains définissent leurs priorités"

Concernant la part importante accordée dans la nouvelle initiative à l'APD, il souligne ôqu'il faut être réalisteö. ôPour beaucoup de pays africains, la clé du développement passe d'abord par la croissance, avant de pouvoir attirer les investissements prives, nationaux ou internationaux. Il faut donc utiliser l'APD de façon plus efficace et plus qualitativeö, ajoute-t-il.
Dans son Plan du Millénaire, Thabo Mbeki avait affirmé que le principe de base de son programme n'était pas davantage d'aide mais plus d'investissements, notamment du secteur privé, contrairement au président Wade qui lui déplorait dans son texte le plafonnement sinon la diminution de l'APD alors que l'Afrique peine toujours sous le fardeau d'une dette importante qui freine sa croissance.

Le chef d'Etat sénégalais avait aussi réclamé la tenue d'un sommet spécial des Nations-Unies pour "revisiter la globalisation", afin de développer une nouvelle stratégie en matière d'infrastructure, d'éducation et de solution du problème de la dette, afin de permettre à l'Afrique de participer pleinement à l'économie mondiale et au commerce international, où sa part ne dépasse toujours pas 1%. L'implication directe de l'ONU n'est toutefois pas évoquée dans le texte final.
Parmi les nouvelles priorités africaines figurent également l'augmentation de l'épargne intérieure et des apports accrus de capitaux grâce à un allégement plus poussé de la dette et l'accroissement de l'APD et des capitaux prives, en même temps qu'une meilleure gestion des recettes et des dépenses publiques.
L'objectif est donc de lier l'allégement de la dette aux ôrésultats mesurés des activités de réduction de la pauvretéö. A ce propos, les chefs d'Etat promoteurs de l'Initiative africaine se sont engagés à essayer de négocier avec la communauté internationale un accord pour une réduction plus importante de l'endettement des ôbons élèvesö. Ils ont aussi souligné que la paix, la démocratie, les droits de l'homme et une saine gestion économique sont des conditions indispensables au développement.
Pour Kingsley Amoako, le manque d'infrastructures tout comme les faiblesses africaines en matière d'éducation et de santé constituent des freins supplémentaires au développement. ôDe nombreux pays africains ont besoin d'améliorer l'efficacité de l'aide ainsi que leurs systèmes budgétaires et entreprendre des projets plus raisonnablesö, estime-t-il. ôMais les pays développés doivent aussi fournir davantage de soutiens budgétaires et s'éloigner de projets fragmentésö, a souligné le chef da la CEA. ôQuant aux Africains, dit-il en conclusion, il faut qu'ils définissent leurs priorités et leurs propres programmes, comme cela est stipulé dans l'initiativeö.




par Marie  Joannidis

Article publié le 12/07/2001