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Union africaine

Espoirs et difficultés de l'Union africaine

Commencé dans les flonflons et au son des tam-tam, sous le parrainage du leader libyen Mouammar Kadhafi, le dernier sommet de l'OUA s'est achevé à Lusaka en Zambie sur un ton plus sobre avec le lancement de la période de transition vers la nouvelle Union africaine.


Correspondance particulière à Lusaka

Les dirigeants africains et le nouveau secrétaire général de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), l'ivoirien Amara Essy, auront un an pour préparer le premier sommet de cette nouvelle union, prévu en Afrique du Sud.
Auparavant, ils devront défendre devant les grands pays industrialisés du G7, du 20 au 22 juillet à Gènes en Italie, la nouvelle initiative africaine qui devrait enfin permettre, selon eux, le décollage économique du continent africain, lanterne rouge du train de la mondialisation.

Résultat d'une fusion entre "le plan du millénaire" présenté par l'Afrique du Sud, le Nigeria et l'Algérie et le plan Omega du Sénégal, il sera soumis au G7 par les quatre présidents de ces pays ainsi que l'égyptien Hosni Moubarak et peut-être le malien Alpha Oumar Konaré. Mais le chemin parait bien difficile malgré les espoirs exprimés par les uns et les autres qui, comme le président sénégalais Abdoulaye Wade, estiment que désormais l'Afrique a un plan à long terme et a enfin décidé d'assumer son destin.

Les tractations qui ont entouré l'élection du nouveau secrétaire général, Amara Essy, démontrent bien, selon plusieurs délégués africains l'ampleur de la tâche, puisqu'il n'a pu être élu qu'après le désistement de ses concurrents guinéen et namibien. Cette élection a marque un premier échec pour le colonel Kadhafi et a conforté le bloc francophone qui a su rallier les suffrages d'autres pays du continent. Mouammar Kadhafi n'a pu, comme il le voulait, faire prolonger d'un an le mandat du secrétaire général sortant, le tanzanien Salim Ahmed Salim. Considéré comme le parrain de la nouvelle Union, il n'a pu non plus faire changer le lieu du prochain sommet afin qu'il se tienne a Addis Abeba, siège de l'OUA, ce qui lui aurait permis de revendiquer la présidence du premier sommet de la nouvelle organisation panafricaine. Faute du succès escompte, il s'est rabattu sur des étudiants africains a qui il a fait une diatribe anti-colonialiste avant de critiquer à huis clos, devant ses pairs, certaines disposition de l'Union africaine, trop calquées à son goût sur l'Union européenne.

Le sommet a permis de débloquer la situation au Burundi

Le sommet a toutefois adopté certaines résolutions qui rappelaient le ton militant de la guerre froide. Ainsi une déclaration sur le Zimbabwe demande à la Grande Bretagne ôd'honorer ses obligations coloniales, celles de financer le programme de redistribution des terres au Zimbabwe, conformément à l'Accord de Lancaster House.ö Le texte appelle Londres à coopérer pleinement et a engager le dialogue ôavec le gouvernement du Zimbabwe en vue de trouver une solution définitive à ce legs du colonialismeö.

Un texte sur l'Algérie, considéré par certains observateurs comme une critique de la France et de l'Union européenne, exprime ô sa grave préoccupation concernant les positions adoptées et les autres initiatives prises par des parties étrangères, ayant pour but d'intervenir dans les décisions souveraines de ce pays, engagé dans la promotion du redressement national, dans un contexte démocratique et de progrès socialö.

Sur le plan politique, le sommet a permis de débloquer la situation au Burundi et de multiplier les contacts en ce qui concerne le retour de la paix en RDC (République démocratique du Congo). Dimanche à Lusaka, à la veille de l'ouverture du sommet, l'ancien président sud-africain Nelson Mandela et le chef d'état burundais Pierre Buyoya avaient annoncé un accord sur la période de transition de trois ans, prévue par l'accord de paix qui n'a jamais été appliqué. Tous les deux s'étaient entretenus avec plusieurs chefs d'état de la région ainsi qu'avec le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan qui a plaidé une fois de plus pour la fin des conflits.

Selon l'accord rendu public mardi à Pretoria, Pierre Buyoya restera chef d'Etat de ce pays pour les premiers 18 mois de la période de transition prévue par l'accord de paix, avec pour vice-président Domitien Ndayizeye, secrétaire général du principal parti hutu, le FRODEBU. Pour les 18 mois suivants le président, qui devra être un Hutu, et le vice-président, un Tutsi, restent à désigner entre les groupes politiques burundais parties au processus de paix.

Quant a la RDC, elle a fait l'objet de plusieurs entretiens en marge des débats. Cependant la réunion préparatoire au dialogue inter-congolais qui devait se tenir le 16 juillet à Gaborone a été reportée au 20 août, "le processus de désignation des représentants" n'étant pas achevé, selon le facilitateur de ce dialogue, l'ancien chef d'Etat du Botswana Ketumile Masire. Le Président Joseph Kabila a quitté très vite le sommet, des mardi, mais les conciliabules se sont poursuivis entre autres chefs d'Etat d'Afrique centrale et de la région des Grands lacs.





par Marie  Joannidis

Article publié le 11/07/2001