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Union africaine

Union africaine : Kadhafi fait le forcing

C'est le 2 mars 2001 que s'ouvre à Syrte (Libye) le sommet extraordinaire des chefs d'Etats de l'OUA (Organisation de l'unité africaine) sur la mise en £uvre de l'Union africaine dont le texte constitutif a été signé en juillet 2000 à Lomé. A un mois de ce rendez-vous cher au colonel Kadhafi, s'affrontent deux tendances : celle de la Libye et de quelques Etats qui veulent aller vite et celle de la majorité des pays qui souhaitent avancer prudemment. La question était en débat les 27 et 28 janvier à Ouagadougou au cours d'une réunion de mouvements et partis politiques d'une trentaine de pays du continent.

i>De notre correspondant au Burkina Faso

Le guide de la révolution libyenne est bien décidé à faire aboutir son projet d'Union africaine. Il rêve même de voir entrer en vigueur le Traité dès le sommet de Syrte. Or, cela n'est possible que si les deux tiers des 52 Etats du continent, c'est-à-dire 34, ratifient le texte. Six mois après son adoption, l'intérêt pour ce nouvel organisme se révèle mitigé. Seulement une quinzaine de pays ont ratifié le Traité.

Fort de ce constat, le colonel Kadhafi vient d'engager une course contre la montre pour obtenir la vingtaine de voix restante pour faire de l'Union africaine une réalité. Après avoir fait sans grand succès du lobbying individuel auprès de certains Etats, Tripoli a organisé, avec le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, parti au pouvoir au Burkina), cette réunion de partis africains afin d'accélérer la ratification du Traité. Dans leur déclaration finale, la centaine de partis qui ont répondu à l'invitation ont bien lancé « un appel aux Etats û gouvernements, parlements et institutions habilitées û à ratifier sans délai l'acte constitutif afin d'atteindre le quota nécessaire à son entrée en vigueur avant le sommet de Syrte II ( 2 mars 2001). »

L'Afrique est partagée

Kadhafi réussira-t-il alors ce tour de force ? Le seul engagement ferme est venu de l'hôte de la réunion û le Burkina û qui a inscrit le projet à l'ordre du jour d'une session extraordinaire de l'Assemblée nationale ouverte le 26 janvier. Les autres Etats sont restés au stade des intentions. Cette situation laisse apparaître la différence d'approche sur le projet d'union. D'un côté la Libye et quelques pays alliés, très pressés de voir aboutir le projet. De l'autre, tous les autres Etats qui veulent se donner le temps nécessaire pour comprendre les véritables enjeux de la future union.
D'autre part, les délais sont trop courts pour prendre en compte l'éventuelle ratification d'autres Etats. Selon les textes, la ratification d'un Etat ne prend effet qu'un mois après son dépôt auprès du secrétariat de l'Oua. Mathématiquement, on ne peut plus obtenir la majorité requise avant la réunion de Syrte.

La réunion de Ouagadougou a été néanmoins un succès pour les Libyens qui entendaient mobiliser les peuples Africains autour de l'idée de l'Union , mais aussi faire oublier les manifestations de xénophobie de septembre dernier en Libye. C'est sans doute pour cela que le procès contre les responsables de ces événements s'est ouvert dans la même semaine que la réunion de Ouagadougou. Les participants ont accepté d'expliquer aux populations d'Afrique la nécessité d'aller vers une Union, à condition cependant que les Etats ne disparaissent pas. « Qui peut mieux défendre l'idée de l'Union que les partis qui sont les premiers acteurs politiques en contact avec les populations sur le terrain ?», a relevé un délégué du Niger. Il reste que l'absence de certains partis au pouvoir - comme le Front populaire ivoirien (FPI), en conflit avec certains voisins, et notamment le Burkina, depuis le coup d'Etat manqué de début janvier - a rappelé que le continent n'est pas partout sur le chemin de l'union.



par Alpha  Barry

Article publié le 01/02/2001