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Union africaine

Compromis sur l'Union africaine

Au terme de leur sommet ordinaire, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'OUA sont parvenus à un compromis qui écarte de facto la mise en place à court terme de l'Union africaine, défendue par Mouammar Kadhafi. En revanche, le drame du sida a pour la première fois été évoqué dans une réunion de ce type et plusieurs résolutions ont été adoptées sur les crises et les conflits qui divisent le continent africain.
L'Union africaine verra le jourà mais à une date ultérieure. C'est en substance ce qui ressort de ce 36e sommet ordinaire de l'Organisation de l'unité africaine, qui s'est terminé à Lomé. Au terme d'une réunion à huis clos sur la question mardi soir, les chefs d'Etat et de gouvernement ont adopté le projet proposé par leurs ministres des Affaires étrangères. Mais le texte prévoit que l'acte constitutif de l'organisation censée remplacer l'OUA devra être ratifié par les deux tiers des Etats membres avant d'entrer en vigueur.

"C'est une victoire pour l'Afrique", a déclaré le Guide de la révolution libyenne, avocat d'un processus accéléré. Pourtant, son projet fédéraliste en partie vidé de sa substance, ne devrait pas voir le jour de sitôt. Le texte adopté à l'unanimité n'impose aucun calendrier, alors que Kadhafi souhaitait une concrétisation rapide de l'Union africaine. Par ailleurs, si cette dernière s'apparente à l'Union européenne, il n'est question ni de banque centrale, ni d'union monétaire, et le parlement envisagé n'aura finalement qu'un rôle consultatif auprès des parlements nationaux.

Une grande partie des Etats membres, notamment d'Afrique australe et pour partie d'Afrique centrale, ont montré leurs réticences devant un tel projet. "La précipitation ne mène à rien. Nous n'avons pas encore discuté de façon valable sur les tenants et les aboutissants de cette Union africaine", a déclaré sur RFI le président gabonais Omar Bongo. Et selon notre envoyé spécial à Lomé, Jean-Karim Fall, les sceptiques qui s'étaient manifestés lors du conseil des ministres n'ont finalement décidé d'accepter le texte en l'état que parce qu'ils parient sur sa non-application.

Sida, dette et conflits

En marge des discussions sur l'Union africaine, plusieurs dossiers cruciaux ont néanmoins été débattus au cours de ces deux derniers jours. Le sida d'abord, qui était pour la première fois évoqué dans une réunion de chefs d'Etat. Le nouveau président en exercice de l'OUA, le Togolais Gnassimbé Eyadema a notamment proposé la création en Afrique d'une industrie de production des médicaments antirétroviraux, qui restent hors de portée des malades africains.

Outre la dette, passé de 116 milliards en 1990 à 320 milliards en 1998, les participants ont planché sur les nombreux conflits et crises que connaît le continent africain. Les chefs d'Etat ont décidé de renforcer leur embargo contre l'île sécessionniste d'Anjouan, dans l'archipel des Comores, rejetant la proposition initiale d'une intervention militaire. L'Afrique du Sud, appuyée par plusieurs pays de la région, a proposé un blocus maritime qui serait assuré par une dizaine de vedettes militaires.

A propos du processus de paix entre l'Ethiopie et l'Erythrée, entamé le 18 juin dernier, le sommet a adopté une résolution demandant au président sortant de l'organisation, Abdelaziz Bouteflika, de poursuivre ses efforts de médiation. Si les deux protagonistes du conflit, ne se sont pas rencontrés lors de ce sommet comme certains l'espéraient, le premier ministre éthiopien Meles Zenawi a fait un pas en se disant "prêt pour des négociations directes" avec l'Erythrée.

La guerre en Sierra Leone faisait également partie des sujets à l'ordre du jour. L'ONU, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO) et le président sierra-léonais ont décidé de mettre en place un mécanisme de coordination. Une réunion est par ailleurs prévue entre le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, et les chefs d'état-major du Ghana, de la Guinée et du Nigeria, qui fournissent des contingents à la mission des Nations unies en Sierra-Leone (MINUSIL).

La situation en Côte d'Ivoire enfin, dont la transition connaît de graves soubresauts, inquiète les chefs d'Etat africains. Interrogé par l'un des nos envoyés spéciaux, le président sénégalais Abdoulaye Wade a annoncé qu'une délégation de chefs d'Etat membres de l'OUA devrait se rendre prochainement à Abidjan. "Je pense que nous devons sensibiliser tous les responsables politiques ivoiriens et leur faire comprendre que leurs ambitions ne doivent pas remettre en cause l'unité de la Côte d'Ivoire", a-t-il déclaré.



par Christophe  Champin

Article publié le 12/07/2000