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France: présidentielle 2002

Les différences de François Bayrou

Dopé par son intervention devant l'Union en mouvement (UEM), le 23 février, à Toulouse, François Bayrou, toujours scotché à 3% dans les sondages, se montre combatif. Pour lui, c’est maintenant que la campagne commence. Le 1er mars, il a exposé ses différences tout en tenant à souligner : «Si on pense tous les même chose, c’est qu’on ne pense plus rien». Une phrase qui a des allures de slogan électoral.
RFI : Comment vous-sentez vous depuis votre voyage, à Toulouse, à la Convention de l’UEM, le 23 février dernier ?
François Bayrou : Je me sens en pleine forme, très heureux que la campagne ait enfin débutée. Heureux que désormais l’on puisse clairement, franchement et les yeux dans les yeux dire les choses. J’ai le sentiment d’avoir joué un rôle dans ce déblocage de campagne. On était dans une fausse campagne, dans une espèce d’hypocrisie générale où rien ne se disait véritablement comme il se doit entre Français et encore plus entre amis. D’avoir débloqué ainsi les choses, d’avoir assumé ce qui était une situation difficile, m’a semblé avoir une répercussion dans la campagne. Je me félicite d’être dans cette nouvelle étape.

RFI : Quelles sont les différences fondamentales de votre programme comparées à celles de Lionel Jospin et de Jacques Chirac ?
FB : Ma différence essentielle de style est qu’on ne peut pas perpétuellement couper la France en deux. Il y a des problèmes en France qui exigeront un accord national pour qu’ils soient résolus. Par exemple, c’est un problème d’urgence nationale que de faire reculer la violence et l’insécurité. On ne peut pas faire ce travail si la droite et la gauche ne sont pas ensemble. Il faut être capable de rassembler les Français et le principal objectif du nouveau président sera de mettre chacun devant ses responsabilités pour que les problèmes reculent. Mon autre différence de fond concerne le pouvoir local. A mon avis, l’insécurité ne peut vraiment reculer que si les citoyens ont un responsable auquel ils peuvent s’adresser et ce responsable ne peut être que le maire. Ce maire doit avoir autorité sur la police de proximité. Et bien entendu, l’horizon européen fait aussi la différence. Je suis pour que l’on construise une véritable Europe et que dans cette Europe, le président soit un élu. D’autre part, je ne suis pas pour concentrer le pouvoir entre les mêmes mains.

RFI : Vous proposez aux Français un contrat et non pas des promesses. Avez-vous le sentiment que ces derniers jours, des promesses illusoires ont été faites par les autres candidats ?
FB : Je suis navré de voir qu’à chaque élection, le scénario est le même : on propose aux Français un catalogue de promesses mirobolantes. Mais ils savent très bien qu’elles ne pourront être réalisées. Alors pourquoi ne fait-on pas la démarche inverse, à savoir promettre du responsable, soigneusement peser ses promesses pour qu’elles soient tenues et c’est à partir de ce moment là que renaîtra le sentiment de confiance. Les Français savent très bien que les élections, ce n’est pas Père Noël ! En ce qui me concerne, je veux rompre avec ce genre de démarche, on ne peut pas promettre des choses que l’on sait pertinemment illusoires. J’ai le sentiment que l’on prend les Français pour des distributeurs automatiques : je te fais des promesses et tu me donnes des voix. Je pense que les Français se sentiront davantage respectés si on ne leur fait pas de promesses illusoires. Je ne suis pas en polémique avec l’un ou l’autre des candidats ni avec Jacques Chirac en particulier. Je ne veux pas faire un combat de personnes mais je veux porter dans cette élection un changement profond de la politique et cela nécessite d’accepter une confrontation avec ceux qui ne partagent pas cette position.

RFI : Vous proposez également aux Français, un juge des promesses non tenues. Vous en prenez-vous à un candidat en particulier ?
FB : Absolument pas. Je pense que pour les principaux engagements de campagne, il faut sortir de cette habitude que les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent. Il faut que le vainqueur soit à ce point engagé par ses promesses qu’il ne puisse s’y dérober. Et je propose, en effet, qu’on mette en place un mécanisme, une autorité indépendante, qui sera chargée de dire si sur tel ou tel point, l’engagement a été respecté ou non. Par exemple, je dis qu’il faut qu’en 18 mois, il n’y ait plus en France de zones de non droit où les médecins, les pompiers et surtout les policiers ne peuvent plus aller. Le fermeté et le courage consistent donc à prendre un engagement : 18 mois pour que cette situation disparaisse. Mais cet engagement n’aura de sens que si, comme je le propose, les Français peuvent vérifier si les promesses sont tenues. Si elles ne le sont pas, il faudra que l’on en tire les conclusions et il y aura des sanctions. Ministres et gouvernement seront ainsi rendus responsables du fait qu’ils n’ont pas respecté tel ou tel engagement et de ce fait les promesses mirobolantes deviennent impossibles. Les promesses ne doivent pas être faites à la légère.



par Propos recueillis par Clarisse  VERNHES

Article publié le 02/03/2002