Ukraine
Des législatives sous tension
Les électeurs ukrainiens désignent ce dimanche leur nouveau parlement. La campagne électorale qui vient de s’achever s’est déroulée dans un climat politique alourdi par l’assassinat de deux candidats et des craintes de fraudes.
De notre envoyé spécial à Kiev
Il n’est pas une place à Kiev, pas un carrefour, pas une entrée de métro qui n’ait été investie par des jeunes gens qui vous tendent nonchalamment et sans grande conviction un tract électoral de facture assez simple pour ne pas dire basique: le plus souvent une photo, un nom, un slogan accompagné d’un calendrier. Rien de plus et surtout peu de choses sur le programme du candidat. Ils sont 7000 à briguer l’un des 450 mandats de parlementaires, répartis en 34 formations ou bloc politiques. Même les politologues les plus avertis ont quelques difficultés à être exhaustifs lorsqu’il s’agit de décrire le paysage électoral et éprouvent encore plus de mal à évoquer les programmes: «Autant de partis, cela n’existe qu’en Ukraine», expliquait vendredi le réformateur Victor Iouchtchenko, le leader de Notre Ukraine, bloc nationaliste de centre droit en tête dans les sondages d’opinion, devant un millier de personnes réunies dans un quartier de la banlieue de Kiev.
Cette inflation de pseudo-partis ne contribue pas à clarifier le débat politique et aggrave la suspicion des Ukrainiens à l’égard de ses élections. Après les irrégularités constatées lors des précédents l’OSCE, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe a dépêché sur place près d’un millier d’observateurs et multiplié les mises en garde. Mais les partis d’opposition, nationaliste et de centre droit, en tête dans les sondages, ont été écartés des médias aux mains du pouvoir en place. L’opposition proteste contre cette forme de censure qui consiste à ouvrir les antennes aux formations présidentielles et à les écarter du petit écran.
Illustration sanglante du climat de tension qui règne dans le pays, un candidat à la députation, Mikola Chkrybliak, a été assassiné par balles dans la nuit de vendredi à samedi à Ivano-Frankivsk (ouest). Un autre candidat aux législatives, Vladimir Ievstratov, membre d'un parti de gauche, avait aussi été abattu par balles dans la même ville fin février.
Le pari de l’opposition est loin d’être gagné
Léonid Koutchma, manquant à son devoir de réserve, est intervenu ce vendredi pour soutenir la coalition présidentielle «Pour une Ukraine unie», affirmant que le pays avait besoin de «stabilité». Mais le chef de l’état ne parvient plus à convaincre: affaibli par une série de scandales, notamment le meurtre du journaliste d’opposition Guéorgui Gongadze dans lequel on le soupçonne d’être impliqué, Léonid Koutchma apparaît aujourd’hui comme un homme sur le déclin. Certes, les années noires de récession semblent terminées mais de l’avis des experts, cette reprise économique est à mettre à l’actif de Victor Iouchtchenko, qui fut premier ministre de décembre 1999 à janvier 2001 avant d’être limogé: «Ces élections devraient amorcer la fin de l’ère Koutchma, explique le philosophe Miroslav Popovith, peut-être pas immédiatement mais je crois que c’est inéluctable».
Mais jusqu’à présent, l’opposition centriste et libérale n’est pas parvenue à se structurer :pour constituer une alternative crédible, la coalition Notre Ukraine rassemble des forces trop hétéroclites, des nationalistes aux hommes d’affaires, et risque de se révéler très fragile. Victor Iouchtchenko s’en défend: «J’ai rassemblé derrière moi ceux qui voulaient me soutenir» réplique-t-il à ses détracteurs.
Plus économiste que politique, il est bien placé pour l’emporter dimanche soir: les sondages l’ont régulièrement crédité de 22 à 25% des voix. Mais c’est insuffisant pour construire une majorité. Il lui faudra contracter des alliances post-électorales s’il veut être en mesure de gouverner. Le pari est loin d’être gagné. Son alliée naturelle pourrait être Ioulia Timochenko, qui fut ministre dans son gouvernement, chargée de l’énergie. Peu de choses les séparent si ce n’est la vigueur avec laquelle Ioulia Timochenko s’attaque à Léonid Koutchma. S’il n’ont pas réussi à s’entendre, il n’est pas exclu qu’ils se retrouvent côte à côte au lendemain des élections.
Il n’est pas une place à Kiev, pas un carrefour, pas une entrée de métro qui n’ait été investie par des jeunes gens qui vous tendent nonchalamment et sans grande conviction un tract électoral de facture assez simple pour ne pas dire basique: le plus souvent une photo, un nom, un slogan accompagné d’un calendrier. Rien de plus et surtout peu de choses sur le programme du candidat. Ils sont 7000 à briguer l’un des 450 mandats de parlementaires, répartis en 34 formations ou bloc politiques. Même les politologues les plus avertis ont quelques difficultés à être exhaustifs lorsqu’il s’agit de décrire le paysage électoral et éprouvent encore plus de mal à évoquer les programmes: «Autant de partis, cela n’existe qu’en Ukraine», expliquait vendredi le réformateur Victor Iouchtchenko, le leader de Notre Ukraine, bloc nationaliste de centre droit en tête dans les sondages d’opinion, devant un millier de personnes réunies dans un quartier de la banlieue de Kiev.
Cette inflation de pseudo-partis ne contribue pas à clarifier le débat politique et aggrave la suspicion des Ukrainiens à l’égard de ses élections. Après les irrégularités constatées lors des précédents l’OSCE, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe a dépêché sur place près d’un millier d’observateurs et multiplié les mises en garde. Mais les partis d’opposition, nationaliste et de centre droit, en tête dans les sondages, ont été écartés des médias aux mains du pouvoir en place. L’opposition proteste contre cette forme de censure qui consiste à ouvrir les antennes aux formations présidentielles et à les écarter du petit écran.
Illustration sanglante du climat de tension qui règne dans le pays, un candidat à la députation, Mikola Chkrybliak, a été assassiné par balles dans la nuit de vendredi à samedi à Ivano-Frankivsk (ouest). Un autre candidat aux législatives, Vladimir Ievstratov, membre d'un parti de gauche, avait aussi été abattu par balles dans la même ville fin février.
Le pari de l’opposition est loin d’être gagné
Léonid Koutchma, manquant à son devoir de réserve, est intervenu ce vendredi pour soutenir la coalition présidentielle «Pour une Ukraine unie», affirmant que le pays avait besoin de «stabilité». Mais le chef de l’état ne parvient plus à convaincre: affaibli par une série de scandales, notamment le meurtre du journaliste d’opposition Guéorgui Gongadze dans lequel on le soupçonne d’être impliqué, Léonid Koutchma apparaît aujourd’hui comme un homme sur le déclin. Certes, les années noires de récession semblent terminées mais de l’avis des experts, cette reprise économique est à mettre à l’actif de Victor Iouchtchenko, qui fut premier ministre de décembre 1999 à janvier 2001 avant d’être limogé: «Ces élections devraient amorcer la fin de l’ère Koutchma, explique le philosophe Miroslav Popovith, peut-être pas immédiatement mais je crois que c’est inéluctable».
Mais jusqu’à présent, l’opposition centriste et libérale n’est pas parvenue à se structurer :pour constituer une alternative crédible, la coalition Notre Ukraine rassemble des forces trop hétéroclites, des nationalistes aux hommes d’affaires, et risque de se révéler très fragile. Victor Iouchtchenko s’en défend: «J’ai rassemblé derrière moi ceux qui voulaient me soutenir» réplique-t-il à ses détracteurs.
Plus économiste que politique, il est bien placé pour l’emporter dimanche soir: les sondages l’ont régulièrement crédité de 22 à 25% des voix. Mais c’est insuffisant pour construire une majorité. Il lui faudra contracter des alliances post-électorales s’il veut être en mesure de gouverner. Le pari est loin d’être gagné. Son alliée naturelle pourrait être Ioulia Timochenko, qui fut ministre dans son gouvernement, chargée de l’énergie. Peu de choses les séparent si ce n’est la vigueur avec laquelle Ioulia Timochenko s’attaque à Léonid Koutchma. S’il n’ont pas réussi à s’entendre, il n’est pas exclu qu’ils se retrouvent côte à côte au lendemain des élections.
par Jean-Frédéric Saumont
Article publié le 30/03/2002