Russie
La présence américaine en Géorgie embarrasse Moscou
L’annonce d’un renforcement de la présence militaire américaine en Géorgie a provoqué des réactions mitigées à Moscou. Déjà installés en Asie centrale depuis les attentats du 11 septembre, les Etats-Unis proposent à présent d’aider les autorités de Tbilissi à lutter contre le terrorisme. Mais le grand voisin russe s’inquiète et ne souhaite pas perdre sa zone d’influence dans le Caucase.
De notre correspondante à Moscou
Cela fait des années que Moscou propose en vain aux Géorgiens de lutter contre le terrorisme international dans les gorges de Pankissi. Cette zone de non-droit située au nord du territoire géorgien est frontalière avec la Tchétchénie et la Russie ne cesse d’affirmer qu’elle abrite des combattants indépendantistes. Des mercenaires étrangers aussi, qui soutiendraient les rebelles tchétchènes dans leur affrontement contre les troupes fédérales russes depuis le début de la deuxième guerre, en octobre 1999.
Après avoir longtemps ignoré ces accusations, les autorités de Tbilissi ont fini par reconnaître que les gorges de Pankissi pouvaient être un foyer de terrorisme. Et ont accepté une aide extérieure. Le problème, c’est que cette aide n’a pas été demandée aux Russes mais aux Américains. Car la Géorgie, ex-république soviétique, entretient des relations tendues avec son grand voisin, notamment à cause des républiques séparatistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, qui ont fait sécession après la chute de l’URSS. Depuis, elles échappent au contrôle de Tbilissi mais leur indépendance, soutenue par Moscou, n’a jamais été reconnue par la communauté internationale. Contre l’avis de la Géorgie, la Russie maintient d’ailleurs des forces de paix, censées surveiller le cessez-le-feu en vigueur entre les Géorgiens et les séparatistes.
Que peut faire Moscou?
Alors aujourd’hui, les Russes ne savent pas très bien quelle attitude adopter vis à vis d’un pays qui appartient à leur sphère d’influence et qui fait partie de la même famille, la CEI, la Communauté des Etats indépendants. Vladimir Poutine n’a pas commenté directement la présence accrue des militaires américains sur le sol géorgien. Il a simplement répété devant le conseil de sécurité réuni au grand complet cette semaine et qui était consacré à la Tchétchénie qu’il fallait «stopper l’arrivée de mercenaires étrangers, y compris des pays avoisinants». Certains y ont vu une allusion implicite à l’aide américaine mais le chef du Kremlin pourrait aussi avoir été mis devant le fait accompli.
Depuis les attentats du 11 septembre, les Américains ont resserré leurs liens avec les Russes. Et c’est en grande partie grâce à la neutralité de Moscou qu’ils ont réussi à mener leurs opérations de représailles en Afghanistan, depuis les ex-républiques soviétiques d’Asie centrale. Mais jusqu’à présent, les forces américaines ne s’étaient pas approchées aussi près des frontières russes. Aujourd’hui, Washington s’intéresse à la région du Caucase et soupçonne une présence de membres d’Al Qaida, l’organisation d’Oussama Ben Laden et plus généralement, d’extrémistes islamistes.
Alors, que peut faire la Russie? Protester ouvertement serait contraire à la volonté affichée par Moscou d’éradiquer le terrorisme international. Peut-on pour autant envisager un combat commun dans la région? Cette hypothèse n’est pas totalement exclue. Si elle se confirmait, ce serait une formidable opportunité pour les Russes de venir à bout d’un conflit qui s’enlise depuis deux ans et demi. Mais en même temps, le Kremlin peut difficilement cautionner des opérations américaines qui se dérouleraient à sa propre frontière. La guerre en Tchétchénie a toujours été considérée par Moscou comme une affaire intérieure. Dans le contexte actuel, la perspective d’ouvrir un second front grâce aux Etats-Unis semble assez peu réaliste.
Le sommet de la CEI qui s’est ouvert ce matin au Kazhakstan devrait être dominé par toutes les questions que pose l’installation des forces américaines dans les pays de la région. Des rencontres bilatérales sont prévues entre Vladimir Poutine et Edouard Chevardnadze. Le président géorgien ne devrait pas manquer de critiquer les diverses réactions provoquées à Moscou par l’arrivée d’experts américains dans son pays. Il est vrai que la perspective d’une installation durable des Etats-Unis aux portes de la Russie n'a pas laissé les médias indifférents. Quant à la classe politique, elle s’est montrée plutôt sereine, en tout cas pour l’instant. Le ministre des Affaires étrangères Igor Ivanov a tout de même exprimé son mécontentement et estimé que «cette affaire allait compliquer une situation déjà difficile».
Cela fait des années que Moscou propose en vain aux Géorgiens de lutter contre le terrorisme international dans les gorges de Pankissi. Cette zone de non-droit située au nord du territoire géorgien est frontalière avec la Tchétchénie et la Russie ne cesse d’affirmer qu’elle abrite des combattants indépendantistes. Des mercenaires étrangers aussi, qui soutiendraient les rebelles tchétchènes dans leur affrontement contre les troupes fédérales russes depuis le début de la deuxième guerre, en octobre 1999.
Après avoir longtemps ignoré ces accusations, les autorités de Tbilissi ont fini par reconnaître que les gorges de Pankissi pouvaient être un foyer de terrorisme. Et ont accepté une aide extérieure. Le problème, c’est que cette aide n’a pas été demandée aux Russes mais aux Américains. Car la Géorgie, ex-république soviétique, entretient des relations tendues avec son grand voisin, notamment à cause des républiques séparatistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, qui ont fait sécession après la chute de l’URSS. Depuis, elles échappent au contrôle de Tbilissi mais leur indépendance, soutenue par Moscou, n’a jamais été reconnue par la communauté internationale. Contre l’avis de la Géorgie, la Russie maintient d’ailleurs des forces de paix, censées surveiller le cessez-le-feu en vigueur entre les Géorgiens et les séparatistes.
Que peut faire Moscou?
Alors aujourd’hui, les Russes ne savent pas très bien quelle attitude adopter vis à vis d’un pays qui appartient à leur sphère d’influence et qui fait partie de la même famille, la CEI, la Communauté des Etats indépendants. Vladimir Poutine n’a pas commenté directement la présence accrue des militaires américains sur le sol géorgien. Il a simplement répété devant le conseil de sécurité réuni au grand complet cette semaine et qui était consacré à la Tchétchénie qu’il fallait «stopper l’arrivée de mercenaires étrangers, y compris des pays avoisinants». Certains y ont vu une allusion implicite à l’aide américaine mais le chef du Kremlin pourrait aussi avoir été mis devant le fait accompli.
Depuis les attentats du 11 septembre, les Américains ont resserré leurs liens avec les Russes. Et c’est en grande partie grâce à la neutralité de Moscou qu’ils ont réussi à mener leurs opérations de représailles en Afghanistan, depuis les ex-républiques soviétiques d’Asie centrale. Mais jusqu’à présent, les forces américaines ne s’étaient pas approchées aussi près des frontières russes. Aujourd’hui, Washington s’intéresse à la région du Caucase et soupçonne une présence de membres d’Al Qaida, l’organisation d’Oussama Ben Laden et plus généralement, d’extrémistes islamistes.
Alors, que peut faire la Russie? Protester ouvertement serait contraire à la volonté affichée par Moscou d’éradiquer le terrorisme international. Peut-on pour autant envisager un combat commun dans la région? Cette hypothèse n’est pas totalement exclue. Si elle se confirmait, ce serait une formidable opportunité pour les Russes de venir à bout d’un conflit qui s’enlise depuis deux ans et demi. Mais en même temps, le Kremlin peut difficilement cautionner des opérations américaines qui se dérouleraient à sa propre frontière. La guerre en Tchétchénie a toujours été considérée par Moscou comme une affaire intérieure. Dans le contexte actuel, la perspective d’ouvrir un second front grâce aux Etats-Unis semble assez peu réaliste.
Le sommet de la CEI qui s’est ouvert ce matin au Kazhakstan devrait être dominé par toutes les questions que pose l’installation des forces américaines dans les pays de la région. Des rencontres bilatérales sont prévues entre Vladimir Poutine et Edouard Chevardnadze. Le président géorgien ne devrait pas manquer de critiquer les diverses réactions provoquées à Moscou par l’arrivée d’experts américains dans son pays. Il est vrai que la perspective d’une installation durable des Etats-Unis aux portes de la Russie n'a pas laissé les médias indifférents. Quant à la classe politique, elle s’est montrée plutôt sereine, en tout cas pour l’instant. Le ministre des Affaires étrangères Igor Ivanov a tout de même exprimé son mécontentement et estimé que «cette affaire allait compliquer une situation déjà difficile».
par A Moscou, Caroline OLIVE
Article publié le 01/03/2002