Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

France

Le tueur fou s’est suicidé

Le tueur de la mairie de Nanterre, Richard Durn, auteur du massacre qui a fait huit morts en plein conseil municipal, s’est donné la mort jeudi 28 mars alors qu’il était interrogé par la police. Il est parvenu à se jeter par la fenêtre. Une enquête a été ouverte.
Comment un homme surveillé de si près, qui venait de commettre un incroyable geste de folie meurtrière, et qui de surcroît venait de confesser ses instincts suicidaires a-t-il pu échapper à la vigilance des policiers ? Selon la préfecture de police de Paris, deux officiers de police ont tenté de maîtriser Richard Durn et de le «retenir par les jambes». Trop tard. «Il a chuté depuis le toit dans la cour du 36 quai des Orfèvres (le siège de la PJ parisienne). Il est décédé quelques minutes après malgré l'intervention immédiate des secours».

Lorsqu'il s'est jeté par la fenêtre depuis un bureau du 4ème étage de la brigade criminelle où il était interrogé, son audition venait de reprendre. Durn était en présence d’un lieutenant et d’un brigadier. Deux hommes expérimentés, dit-on de source policière. Les trois hommes étaient enfermés dans cette pièce, à laquelle on accède par deux portes, qui étaient verrouillées. L'unique fenêtre donnant sur le toit, de type Velux, était également fermée, selon la préfecture de police.

«Au moment où Richard Durn était invité à se lever pour venir consulter un document à la table de l'enquêteur, il a soudainement bondi en direction du Velux qu'il a ouvert et s'est précipité vers le toit», précise le communiqué. «Les deux fonctionnaires ont tenté de le retenir par les jambes mais la détermination du forcené, dont l'essentiel du corps avait déjà basculé à l'extérieur, a rendu vaine cette tentative. L'un des deux fonctionnaires a été blessé à la main lors de l'intervention».

«Un dysfonctionnement grave»

Avant de succomber, le tueur de Nanterre a failli provoquer un nouveau drame. Il a manqué tomber sur une femme en se suicidant. «Il a plongé par une fenêtre du quatrième étage et il s'est écrasé en rasant une femme, dans la petite cour. Elle était accompagnée d'un avocat. Elle s'est mise à hurler. L'homme gisait par terre ensanglanté. Elle était traumatisée», a indiqué un avocat qui a souhaité garder l'anonymat. Cette femme, âgée de 35 à 40 ans, a été emmenée par des policiers pour témoigner. Le ministre de l'Intérieur, Daniel Vaillant, a estimé jeudi sur France 2 que le suicide de Richard Durn lors de sa garde à vue était «un dysfonctionnement grave». Dans un communiqué commun, Daniel Vaillant et sa collègue de la Justice Marylise Lebranchu ont annoncé le déclenchement immédiat d'une enquête conjointe sur les causes de la mort de Richard Durn.

Peu avant son décès, le suspect avait reconnu un acte prémédité, expliquant selon la police avoir «froidement et sciemment tué» des membres du conseil municipal de Nanterre, dans la nuit de mardi à mercredi et «avoir préparé et pensé auparavant» à la façon dont il allait agir ce soir-là. L’homme, profondément dépressif, a abattu huit élus lors d'une séance d'un conseil municipal et grièvement blessé 14 personnes avec deux armes de poing.

Sa garde à vue, entamée mercredi matin, avait été prolongée jeudi et il devait être déféré devant la justice en fin d'après-midi. Durant la perquisition à son domicile de Nanterre, la police avait saisi mercredi une lettre d'une dizaine de pages où il expliquait en substance qu'il avait raté sa vie, qu'il voulait en finir, qu'il voulait tuer et être tué.

Selon les policiers, l'autorisation de détention d'arme de Durn était périmée depuis 2000. Les autorisations de détention d'arme, délivrées par les préfectures, sont valables trois ans puis doivent être renouvelées. Durn, membre d'un club de tir, ne l'ayant pas renouvelée en 2000, son titre n'était plus valide et il détenait ses armes illégalement.

Durant sa garde à vue, Durn avait déclaré qu'il était «très mal dans sa peau (...) Il fallait que je tue quelqu'un pour cela, j'avais envie de mourir et d'en finir avec la vie», avait-il dit en substance, reprenant les termes de sa lettre. Dès mercredi matin, le procureur de la République de Nanterre, Yves Bot, avait estimé son geste «prémédité», écartant une «brusque bouffée délirante». Le maire de Nanterre, Jacqueline Fraysse, qui a échappé à la tuerie, avait également estimé que l'homme avait l'intention de tuer tous les membres du conseil, précisant que les deux adjointes tuées avaient été choisies par le tireur.



par Philippe  Quillerier-Lesieur

Article publié le 28/03/2002