Agriculture
Une réforme inéluctable mais délicate
Le futur président de la République, quel qu’il soit, aura à gérer le dossier épineux de l’évolution de l’agriculture française. La marge de manœuvre est étroite, entre un syndicat agricole majoritaire fortement attaché aux aides liées à la politique agricole commune européenne et la réforme programmée de cette PAC, avec, à l’horizon, l’élargissement de l’Union européenne.
Le 56ème Congrès de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) qui se tient à quelques semaines de l’élection présidentielle est là pour inciter les candidats à la prudence. La FNSEA, bien qu’en perte de vitesse face à Confédération paysanne de José Bové, est encore largement majoritaire avec plus de 52% des suffrages aux élections professionnelles de 2001. De plus, l’électorat rural, au sens large, ou lié au secteur agricole, dépasse largement les 900 000 exploitants recensés. D’ailleurs les candidats à l’Elysée ne s’y sont pas trompés, venus en rangs serrés au salon de l’agriculture, fin février.
Electorat à ménager, donc, d’autant qu’il a été fragilisé, ces dernières années, par des crises sanitaires à répétition, dont la plus rude est celle de la vache folle. Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA rappelle, chaque fois qu’il en a l’occasion, son attachement à «une PAC fidèle à ses principes fondateurs : préférence communautaire, unicité du marché, solidarité financière». Il déclarait récemment qu’à force «d'affaiblir notre protection aux frontières, ce sont des pans entiers de notre agriculture qui se trouvent exposés aux évolutions chaotiques du marché mondial. Nous disons halte à la dictature du moins disant mondial».
Or, la PAC, telle qu’elle fonctionnait depuis la signature du traité de Rome en 1957 avec ses objectifs de productivité, de garantie des approvisionnements à des prix acceptables, dans un cadre de crise alimentaire après la seconde guerre mondiale, est attaquée de toutes parts. Elle est critiquée en France et en Europe, mise en cause à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et, au nom de la défense des pays en développement, par la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture).
Critiquée de toutes parts
Dans l’Hexagone même, la Confédération paysanne qui représente désormais 27% des agriculteurs, n’a pas de mots assez durs pour dénoncer la PAC favorisant le productivisme au détriment de la qualité et les subventions qui avantagent les «gros», par rapport aux petits exploitants. Au niveau européen, le financement de la PAC représentait, en 2000, 44% des dépenses de l’Union européenne, soit 41 milliards d’euros, dont plus d’un cinquième en faveur de l’agriculture française.
Depuis le Sommet européen de Berlin le 25 mars 1999, la réforme est engagée. Sous l’impulsion de l’Allemagne, notamment, qui refusait une envolée des dépenses communautaires, particulièrement dans un secteur où elle est contributeur net, un cadre financier a été fixé pour 2000-2006 à 40,5 milliards d’euros par an en moyenne. Une révision à mi-parcours aura lieu en juin 2002.
Ce montant prend en compte les incidences de l’élargissement de l’UE à partir de 2004, dont l’entrée de la Pologne, principale puissance agricole de l’Europe centrale et orientale. En conséquence, la réforme de la PAC prévoit une baisse progressive des aides jusqu’à moins de 20% des prix garantis pour la viande bovine et moins de 15% de ce prix pour les céréales et les produits laitiers.
C’est au prix de sa réduction seulement que l’Union européenne parvient à faire admettre l’existence d’une politique agricole européenne à ses partenaires de l’OMC. Chaque rencontre visant à libéraliser les échanges commerciaux au niveau mondial voit la confrontation des grands pays agricoles exportateurs ultra-libéraux du Groupe de Cairns, soutenus par les Etats-Unis, avec l’Union européenne sur ce thème. Et la conférence de Doha a prévu l’ouverture de négociations sur l’agriculture en 2003.
Jusqu’à la FAO, défenseur des pays en développement qui souligne le protectionnisme des pays développés face aux produits agricoles du tiers-monde, dans les documents préparatoires au sommet mondial de l’alimentation en juin prochain. Cet organisme onusien dénonce aussi le «dumping» auquel le Nord se livre pour exporter ses surplus à bas prix vers le Sud, au détriment des agriculteurs de ces pays.
Electorat à ménager, donc, d’autant qu’il a été fragilisé, ces dernières années, par des crises sanitaires à répétition, dont la plus rude est celle de la vache folle. Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA rappelle, chaque fois qu’il en a l’occasion, son attachement à «une PAC fidèle à ses principes fondateurs : préférence communautaire, unicité du marché, solidarité financière». Il déclarait récemment qu’à force «d'affaiblir notre protection aux frontières, ce sont des pans entiers de notre agriculture qui se trouvent exposés aux évolutions chaotiques du marché mondial. Nous disons halte à la dictature du moins disant mondial».
Or, la PAC, telle qu’elle fonctionnait depuis la signature du traité de Rome en 1957 avec ses objectifs de productivité, de garantie des approvisionnements à des prix acceptables, dans un cadre de crise alimentaire après la seconde guerre mondiale, est attaquée de toutes parts. Elle est critiquée en France et en Europe, mise en cause à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et, au nom de la défense des pays en développement, par la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture).
Critiquée de toutes parts
Dans l’Hexagone même, la Confédération paysanne qui représente désormais 27% des agriculteurs, n’a pas de mots assez durs pour dénoncer la PAC favorisant le productivisme au détriment de la qualité et les subventions qui avantagent les «gros», par rapport aux petits exploitants. Au niveau européen, le financement de la PAC représentait, en 2000, 44% des dépenses de l’Union européenne, soit 41 milliards d’euros, dont plus d’un cinquième en faveur de l’agriculture française.
Depuis le Sommet européen de Berlin le 25 mars 1999, la réforme est engagée. Sous l’impulsion de l’Allemagne, notamment, qui refusait une envolée des dépenses communautaires, particulièrement dans un secteur où elle est contributeur net, un cadre financier a été fixé pour 2000-2006 à 40,5 milliards d’euros par an en moyenne. Une révision à mi-parcours aura lieu en juin 2002.
Ce montant prend en compte les incidences de l’élargissement de l’UE à partir de 2004, dont l’entrée de la Pologne, principale puissance agricole de l’Europe centrale et orientale. En conséquence, la réforme de la PAC prévoit une baisse progressive des aides jusqu’à moins de 20% des prix garantis pour la viande bovine et moins de 15% de ce prix pour les céréales et les produits laitiers.
C’est au prix de sa réduction seulement que l’Union européenne parvient à faire admettre l’existence d’une politique agricole européenne à ses partenaires de l’OMC. Chaque rencontre visant à libéraliser les échanges commerciaux au niveau mondial voit la confrontation des grands pays agricoles exportateurs ultra-libéraux du Groupe de Cairns, soutenus par les Etats-Unis, avec l’Union européenne sur ce thème. Et la conférence de Doha a prévu l’ouverture de négociations sur l’agriculture en 2003.
Jusqu’à la FAO, défenseur des pays en développement qui souligne le protectionnisme des pays développés face aux produits agricoles du tiers-monde, dans les documents préparatoires au sommet mondial de l’alimentation en juin prochain. Cet organisme onusien dénonce aussi le «dumping» auquel le Nord se livre pour exporter ses surplus à bas prix vers le Sud, au détriment des agriculteurs de ces pays.
par Francine Quentin
Article publié le 13/03/2002