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Etudiants : destination France

En annonçant conjointement la création d’un Conseil national pour l’accueil des étudiants étrangers, Jack Lang et Hubert Védrine entendent montrer que la France est désormais décidée à reconquérir ce «marché» sur lequel elle avait perdu du terrain ces dernières années.
La France a repris pied sur le «marché» des étudiants étrangers. Fini le temps de la régression, la tendance est aujourd’hui inversée. Durant l’année universitaire 2000-2001, 174 000 étudiants étrangers ont choisi l’Hexagone soit 25 000 de plus qu’en 1998, date à laquelle le triste constat du retard français en la matière avait été fait. Pour Jack Lang, ministre de l’Education nationale, ils viennent pour «un nombre important d’entre eux d’Afrique francophone, d’autres viennent d’Europe, d’Asie, sans oublier le continent américain». Durant l’année 1999-2000, les ressortissants des pays du Maghreb et d’Afrique représentaient 48,6 % (62 637) du total des étudiants étrangers présents en France.

Le gouvernement a changé de stratégie et cette question est aujourd’hui considérée comme fondamentale. Pour Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères qui présentait avec son homologue de l’Education nationale, Jack Lang, le nouveau Conseil national pour l’accueil des étudiants étrangers, l’enseignement supérieur constitue un «véritable marché, un élément de la compétition économique» et participe à la «puissance et au rayonnement» d’un pays. Dans ce contexte, la France ne peut se permettre de se laisser distancer par des nations déjà en pointe dans ce domaine comme les Etats-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, ou l’Australie où les étudiants trouvent des conditions d’accueil sur le plan administratif et matériel beaucoup plus intéressantes.

Plus de visas

Depuis 1998, des efforts ont été réalisés et les ministres se sont félicités des résultats obtenus grâce à une collaboration entre leurs administrations aussi fructueuse que récente. Certaines procédures ont été simplifiées notamment concernant l’attribution des visas, jusqu’à présent l’obstacle principal auquel se heurtaient les candidats aux études hexagonales. Pour Hubert Védrine, les étudiants qui «justifient d’une inscription et de ressources suffisantes» pour vivre en France peuvent désormais «obtenir facilement leurs visas d’étude». D’autre part, des mesures ont été prises pour autoriser les étudiants étrangers à travailler à mi-temps durant leur cursus et ainsi leur donner la possibilité de subvenir à leurs besoins matériels. Un «traitement plus favorable» est aussi apporté aux demandes de changement de statut d’étudiants en salariés «lorsque l’emploi prévu après les études en France est en adéquation avec les études suivies».

Des postes d’assistants de langues étrangères ont été créés (6500). Ils permettent à des étudiants étrangers de bénéficier d’un salaire (environ 900 euros) en échange de 12 heures de cours par semaine. Leur statut est, de plus, en cours de modification, et en devenant stagiaire de formation continue ils devraient obtenir une couverture sociale. Sans parler des systèmes de bourses, certaines attribuées par le ministère de Affaires étrangères (bourses d’excellence Eiffel, bourses Major…), d’autres par l’Education nationale (aides spécifiques en fonction de critères sociaux ou universitaires identiques à celles des étudiants français).

Le ministère de l’Education nationale inscrit aussi désormais une clause spécifique dans les contrats qu’il passe avec les établissements d’enseignement supérieur français, la déclaration d’action internationale, par laquelle ces derniers s’engagent à faciliter et encourager la mobilité, l’accueil des étrangers ou encore la mise en place de systèmes de «crédits» valides dans différents établissements internationaux.

Un rapport remis aux ministres concernés par le professeur Elie Cohen, qui est d’ailleurs nommé président du Conseil national pour l’accueil aux étudiants étrangers, préconise d’autres améliorations pour rendre le système actuel à la fois plus performant et plus attractif dans le contexte de compétition internationale. Parmi celles-ci, on peut noter par exemple la nécessité de faciliter l’accès des élèves des lycées français de l’étranger dans les universités. Ils devraient ainsi bénéficier dorénavant d’une procédure de pré-inscription anticipée (mars au lieu de juin). Une autre idée est à l’étude : permettre aux étudiants étrangers qui ont fini leur cursus de rester en France pendant quelque temps…

Le Conseil national pour l’accueil des étudiants étrangers vient, du point de vue des ministres, parachever le dispositif. Cette instance consultative a pour objectif de l’évaluer et de proposer des améliorations pour que la France devienne une destination attractive et que les universités hexagonales mettent en valeur une offre concurrentielle. Le Conseil devra rendre un rapport annuel aux ministres. Son secrétariat est assuré par EduFrance, une structure mise en place en 1998 pour promouvoir l’enseignement supérieur français à l’étranger.

EduFrance



par Valérie  Gas

Article publié le 28/03/2002