Proche-Orient
La «bataille de Jénine» est terminée
L’armée israélienne a annoncé mercredi avoir pris le contrôle du camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, précisant toutefois que quelques poches de résistances subsistaient. Cette information a été ensuite confirmée par un responsable du mouvement islamiste Hamas. La «bataille de Jénine» avait commencé vendredi dernier et a vraisemblablement causé la mort de centaines de Palestiniens, ainsi que d’au moins quatorze soldats israéliens.
«Je viens de téléphoner à mon cousin, blessé par balles et hospitalisé à Jénine. Il m’a dit que de la fenêtre de sa chambre il sent monter une puanteur insupportable qui émane des corps abandonnés dans la rue, que personne n’ose ramasser, ni enterrer». L’un des rares témoignages sur ce qui s’est passé à Jénine laisse craindre le pire. La «bataille de Jénine», qui dure depuis près d’un semaine entre l’armée israélienne et la résistance palestinienne, à l’intérieur d’un camp de réfugiés peuplé d’environ 15 000 personnes, se passe à l’abri des tous les regards extérieurs. Les journalistes, les humanitaires et des habitants qui ont pu s’échapper dès les premiers coups de feu sont bloqués à Mukable, à près de cinq kilomètres à vol d’oiseau de ce camp palestinien d’environ un kilomètre carré. Tous suivent de loin ce qui s’y passe, mais semblent dans l’impossibilité d’établir un premier bilan, même provisoire, d’une bataille qui, selon Tsahal devait s’arrêter dimanche dernier.
Le mot «massacre» a déjà été évoqué à plusieurs reprises, y compris par le ministre israélien des Affaires étrangères Shimon Pérès - avant de faire quelque peu marche arrière. Le quotidien israélien Haaretz craint que l’on de découvre dans les jours à venir une réalité qui fera beaucoup de mal à Israël. Et aux yeux de certains officiers israéliens Jénine et ses ruelles étroites est d’ores et déjà devenu le «Massada palestinien», en référence à la fameuse citadelle israélienne située près de la Mer morte où un millier de résistants juifs assiégés par les soldats romains avaient préféré mourir plutôt que se rendre, en l’en 73 de l’ère chrétienne. Un «suicide collectif» qui, avec la destruction du temple de Jérusalem, a marqué la fin de la présence juive dans ce territoire. Jusqu’à la création de l’Etat d’Israël, en 1948, c’est-à-dire quelque dix-neuf siècles après Massada.
«Un champ de bataille infernal»
«Nid de terroristes» pour l’armée israélienne, le camp de Jénine est réputé comme étant un bastion des mouvements radicaux. Ce n’est probablement pas un hasard si treize soldats israéliens ont été tués - apparemment lors d’une embuscade - mardi matin, à l’entrée de Jénine. «On nous avait dit que les combats seraient très difficiles ici, que des soldats seraient tués dès les premières secondes, que les tireurs embusqués savaient viser, a raconté le correspondant militaire du quotidien Yediot Aharonot. Nous ne savions pas alors combien cela était vrai. Des bulldozers démolissent les maisons, enterrant parfois sous leurs décombres ceux qui ont refusé de se rendre. Des colonnes de fumées montent du camp. Les hélicoptères de combat tirent des roquettes. Des chars tirent au canon et à la mitrailleuse. Les rafales laissent une traînée de feu dans le ciel. Au sol, des centaines de charges explosives (placées par les Palestiniens) et des voitures piégés.»
Selon le témoignage rapporté par un habitant une centaine de refugiés palestiniens - hommes, femmes et enfants - ont été piégés dans un bâtiment pilonné par des chars et des hélicoptères durant quatre heures. D’autres témoins font état de nombreux arrestations, sinon de véritables rafles, surtout au sein du mouvement radical qui semble diriger cette résistance : le Jihad islamique. Le corps du chef du Jihad islamique à Jénine, Mahmoud Tawalbeh a été découvert dans les décombres du camp, quelque heures à peine après la fin des combats.
Impossible dans ce conditions de compter les morts parmi les réfugiés pris au piège de ce «champ de bataille infernal», selon les termes employés par un responsable de l’Agence des Nations unies pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA), qui a d’ores et déjà évoqué un «désastre humanitaire», en raison notamment de l’absence d’eau depuis plusieurs jours. La plupart des observateurs parlent néanmoins de «centaines de morts». «Il est impossible de déterminer le nombre de victimes, mais d’après les habitants, il y aurait des centaines de corps dans les rues» a déclaré à l’Agence France-Presse le directeur de l’hôpital de Jénine. Quant au ministre palestinien de l’information, Yasser Abed Rabbo, il a affirmé craindre un nouveau «massacre comparable à celui de Sabra et Chatila», les deux camps de réfugiés palestiniens de la banlieue de Beyrouth où plus de 800 personnes ont été tuées en septembre 1982 par une milice chrétienne alliée à Israël. Un massacre dans lequel a été indirectement impliqué par la suite le général Ariel Sharon, soupçonné d’avoir «couvert» les miliciens chrétiens qui l’ont perpétré.
Le mot «massacre» a déjà été évoqué à plusieurs reprises, y compris par le ministre israélien des Affaires étrangères Shimon Pérès - avant de faire quelque peu marche arrière. Le quotidien israélien Haaretz craint que l’on de découvre dans les jours à venir une réalité qui fera beaucoup de mal à Israël. Et aux yeux de certains officiers israéliens Jénine et ses ruelles étroites est d’ores et déjà devenu le «Massada palestinien», en référence à la fameuse citadelle israélienne située près de la Mer morte où un millier de résistants juifs assiégés par les soldats romains avaient préféré mourir plutôt que se rendre, en l’en 73 de l’ère chrétienne. Un «suicide collectif» qui, avec la destruction du temple de Jérusalem, a marqué la fin de la présence juive dans ce territoire. Jusqu’à la création de l’Etat d’Israël, en 1948, c’est-à-dire quelque dix-neuf siècles après Massada.
«Un champ de bataille infernal»
«Nid de terroristes» pour l’armée israélienne, le camp de Jénine est réputé comme étant un bastion des mouvements radicaux. Ce n’est probablement pas un hasard si treize soldats israéliens ont été tués - apparemment lors d’une embuscade - mardi matin, à l’entrée de Jénine. «On nous avait dit que les combats seraient très difficiles ici, que des soldats seraient tués dès les premières secondes, que les tireurs embusqués savaient viser, a raconté le correspondant militaire du quotidien Yediot Aharonot. Nous ne savions pas alors combien cela était vrai. Des bulldozers démolissent les maisons, enterrant parfois sous leurs décombres ceux qui ont refusé de se rendre. Des colonnes de fumées montent du camp. Les hélicoptères de combat tirent des roquettes. Des chars tirent au canon et à la mitrailleuse. Les rafales laissent une traînée de feu dans le ciel. Au sol, des centaines de charges explosives (placées par les Palestiniens) et des voitures piégés.»
Selon le témoignage rapporté par un habitant une centaine de refugiés palestiniens - hommes, femmes et enfants - ont été piégés dans un bâtiment pilonné par des chars et des hélicoptères durant quatre heures. D’autres témoins font état de nombreux arrestations, sinon de véritables rafles, surtout au sein du mouvement radical qui semble diriger cette résistance : le Jihad islamique. Le corps du chef du Jihad islamique à Jénine, Mahmoud Tawalbeh a été découvert dans les décombres du camp, quelque heures à peine après la fin des combats.
Impossible dans ce conditions de compter les morts parmi les réfugiés pris au piège de ce «champ de bataille infernal», selon les termes employés par un responsable de l’Agence des Nations unies pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA), qui a d’ores et déjà évoqué un «désastre humanitaire», en raison notamment de l’absence d’eau depuis plusieurs jours. La plupart des observateurs parlent néanmoins de «centaines de morts». «Il est impossible de déterminer le nombre de victimes, mais d’après les habitants, il y aurait des centaines de corps dans les rues» a déclaré à l’Agence France-Presse le directeur de l’hôpital de Jénine. Quant au ministre palestinien de l’information, Yasser Abed Rabbo, il a affirmé craindre un nouveau «massacre comparable à celui de Sabra et Chatila», les deux camps de réfugiés palestiniens de la banlieue de Beyrouth où plus de 800 personnes ont été tuées en septembre 1982 par une milice chrétienne alliée à Israël. Un massacre dans lequel a été indirectement impliqué par la suite le général Ariel Sharon, soupçonné d’avoir «couvert» les miliciens chrétiens qui l’ont perpétré.
par Elio Comarin
Article publié le 10/04/2002