Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Proche-Orient

Opération «Rempart» sans limites

Le monde a les yeux braqués sur le Proche-Orient : malgré les injonctions de la communauté internationale, Ariel Sharon poursuit les opérations mmilitaires en Cisjordanie, en représailles aux actions de terrorisme menées contre l'Etat hébreu. Le premier ministre fait la sourde oreille et les manifestations se multiplient à travers le monde. En France par exemple, après des manifestations en faveur des Palestiniens, c'était au tour de la communauté juive de faire part de ses craintes, notamment face à l'antisémitisme.
«Finir le travail» semble être l’objectif des dirigeants israéliens : malgré les appels lancés par le Conseil de Sécurité de l’Onu et des Etats-Unis, rien ne semblait arrêter l'«opération Rempart » déclenchée par Ariel Sharon. En réponse à l’appel du président américain George W. Bush à un retrait «sans délai» des villes palestiniennes réoccupées depuis le 29 mars dernier, le cabinet du Premier ministre israélien a rappelé que l’offensive actuelle était «d’extirper le terrorisme». «Israël fera tout ce qu’il peut pour apporter une fin rapide à cette opération», a toutefois indiqué samedi soir le cabinet. Mais sur le terrain, cette réponse sonne comme une fin de non- recevoir.

Depuis deux jours, l’armée israélienne a intensifié ses opérations en Cisjordanie en procédant à de nouvelles incursions dans les localités autonomes palestiniennes. Samedi soir, des chars ont ouvert le feu à la mitrailleuse et aux obus contre le quartier de Yasser Arafat à Ramallah. De très violents combats se sont produits à Naplouse et surtout à Jénine, dans un camp de réfugiés de cette ville autonome. Selon le quotidien israélien Yédiot Arharonot, l’armée israélienne est parvenue à entrer dans le camp, à l’issue de cinq jours d’affrontements menés à l’aide «de chars, de fantassins, appuyés par des hélicoptères Apache». Jénine fait partie des secteurs déclarés «zones militaires fermées» par les autorités militaires israéliennes et le camp de réfugiés est devenu le symbole de la résistance palestinienne.

Il est toujours difficile d’établir un bilan des morts et des blessés des deux côtés tant la situation évolue rapidement. Mais à la mi-journée dimanche, le chef d’état-major israélien Shaoul Mofaz, a estimé à 200 le nombre de Palestiniens tués par Tsahal depuis le début de l’opération «Rempart».

«Un point de non-retour»

Pour les militaires comme pour les dirigeants politiques israéliens, l’offensive est justifiée par la lutte contre le terrorisme : arrestations, interpellations, saisies d’armes diverses… Ces dernières semaines, l’état hébreu a connu une vague d’attentats meurtriers sans précédent, provoqués essentiellement par des actes kamikazes. Le 29 mars dernier, Israël a déclenché une vaste opération militaire en Cisjordanie, en réoccupant six villes autonomes après l’attentat suicide du 27 mars à Netanya, au nord de Tel Aviv qui a fait 27 morts, le soir de la Pâque juive. «Nous avons donné à l’Autorité palestinienne une chance, mais le terrorisme a continué», a expliqué Dany Ayalon, un conseiller diplomatique d’Ariel Sharon.

Selon la radio publique israélienne, Ariel Sharon a assuré qu’Israël évitait de «porter atteinte aux civils palestiniens», qualifiant ces opérations de « décisives ». «Israël se trouve à un point de non retour car Yasser Arafat et l’Autorité palestinienne n’ont nullement l’intention de respecter un quelconque accord», a-t-il précisé. A Bethléem, le siège de la Nativité se poursuivait pour le sixième jour consécutif.

Les chefs de la diplomatie des membres de la Ligue arabe ont demandé samedi au Caire une réunion immédiate du Conseil de sécurité. Les ministres arabes des Affaires étrangères ont affirmé dans une résolution leur soutien à la «résistance légitime palestinienne». Le Conseil ministériel de la Ligue arabe a salué «l’intifada du peuple palestinien».

Le secrétaire général de l’Onu, Koffi Annan, a annoncé pour sa part qu’il se réunira cette semaine à Madrid avec les chefs de la diplomatie américaine Colin Powell et russe Igor Ivanov et avec le représentant de l’Union européenne Javier Solana. Le secrétaire d’Etat américain Colin Powell est attendu dans la région en fin de semaine prochaine.

Le conflit du Proche-Orient est descendu dans la rue. Dans le monde, en Jordanie, à Bahreïn, au Maroc ou en Indonésie par exemple, des manifestations en soutien de la cause palestinienne ont eu lieu. En France, samedi, plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans plusieurs villes du pays en faveur des Palestiniens. Dimanche, c’était au tour de la communauté juive de manifester après les actes antisémites ces derniers jours en France contre les synagogues et les intérêts juifs.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 07/04/2002