Timor-oriental
Amaral : «Il vaut peut-être mieux que je ne sois pas élu…»
Les Timorais de l’est élisent ce dimanche leur président. Candidat face au très populaire Xanana Gusmão, Francisco Xavier do Amaral n’a que très peu de chance d’être élu. Il en a conscience. Celui qui fut le Premier Président du Timor-Oriental en 1975, revient sur l’ambiance de la campagne, sur les thèmes qui lui tiennent à cœur et sur son passé controversé.
De notre correspondant à Dili
RFI : Comment décririez-vous l’ambiance de cette campagne électorale ?
Francisco Xavier do Amaral : Comme pour les élections du 30 août dernier, le comportement actuel des gens est excellent. Je pense que ce calme est dû au traumatisme subi pendant la guerre : une situation, des souffrances, qu’ils ne veulent plus connaître.
RFI : Quelle est la spécificité de votre candidature face à celle de Xanana Gusmão ?
Francisco Xavier do Amaral : Ma candidature veut s’inscrire dans les règles du XXIème siècle. Le Timor oriental va devenir la première nation indépendante du XXIème siècle ? Qu’est-ce que cela signifie ? Cela veut dire que le Timor naît en pleine mondialisation, au moment où s’ouvrent les marchés, à l’ère de l’amitié et des droits de l’homme, celle de la fin de la corruption, collusion ou autres népotismes. Autant de notions que nous devons intégrer, si nous ne voulons pas être laissés en arrière. Nous avons notamment beaucoup souffert de la corruption, et maintenant, d’après ce que je peux voir, la corruption continue sa prolifération : les chefs, les élites, se servent des plus faibles, des gens dans les villages. Ce n’est pas tolérable.
RFI : Qu’éprouvez-vous lorsque des gens mettent en cause votre bonne foi à l’évocation des années que vous avez passé en Indonésie ?
Francisco Xavier do Amaral : Je ne suis pas allé en Indonésie ! J’ai été capturé et conduit en Indonésie. Qui m’a capturé ? Le Fretilin. Je ne les blâme pas pour autant et veux bien pardonner un acte dû à d’autres temps. A cette époque, c’était la Guerre froide. Les Américains venaient juste de perdre le conflit du Vietnam et le communisme semblait prendre de l’importance et s’étendre. En Afrique, les anciennes colonies étaient aidées par les pays communistes. Au Portugal, nos étudiants ont approché ces idées, et tous ceux qui étaient allé faire leurs études à Lisbonne sont revenus avec cette idéologie. Ils ne l’ont pas apprise au Timor oriental. Ils l’ont importée. Mais ils ont oublié une chose que je leur avait dite. Dans son Capital, Karl Marx le signale : la Révolution ne s’exporte pas. Les Timorais sont animistes. Ils croient en beaucoup de chose : qu’un serpent, qu’un arbre peuvent être leur Dieu, ou du moins quelque chose de sacré. C’est difficile pour eux d’accepter la réalité, même s’ils vous disent que vous avez raison, au fond d’eux-mêmes, ils ne vous croient pas. Tout cela, les gens qui sont revenus du Portugal l’avaient oublié.
RFI : Lorsque vous étiez en Indonésie, à quel moment avez-vous senti que le Timor-Oriental pouvait devenir indépendant ?
Francisco Xavier do Amaral : J’ai conçu cette idée lorsque je me suis rendu compte que les Timorais continuaient à se battre. Ils étaient très pauvres, manquaient de tout, mais continuaient le combat, offrant de mourir pour leur pays. Alors j’ai espéré que le monde ne fermerait pas les yeux, ne se boucherait pas les oreilles, et entendrait les pleurs des Timorais. Et finalement, c’est arrivé, le monde a ouvert les yeux sur nos souffrances.
RFI : Si vous n’êtes pas élu dimanche, qu’allez-vous faire ?
Francisco Xavier do Amaral : Tant pis si je ne suis pas élu. Peut-être cela vaut-il mieux pour moi (rires). Et bien, j’irai m’asseoir là-bas, sur la plage, pour profiter des derniers jours de ma vie. Je penserai à ce que j’ai fait pour mon pays, je penserai que je ne suis pas un héros, mais qu’en tant qu’être humain, ce que j’ai fait, c’est déjà pas mal.
RFI : Quel souvenir vous laissent vos neuf jours de Présidence en 1975 ?
Francisco Xavier do Amaral : Un très bon souvenir. J’ai été élu Président après la proclamation de l’indépendance. J’ai été honoré par le peuple. Des gens du monde entier m’ont envoyé des messages. Je me sentais très fier d’être le premier Président du Timor. Mais tout n’a pas été facile, j’ai connu des moments d’amertume. Aujourd’hui, j’ai perdu toute ma famille, beaucoup d’amis, mais c’était notre devoir de nous battre pour ce pays.
RFI : Comment décririez-vous l’ambiance de cette campagne électorale ?
Francisco Xavier do Amaral : Comme pour les élections du 30 août dernier, le comportement actuel des gens est excellent. Je pense que ce calme est dû au traumatisme subi pendant la guerre : une situation, des souffrances, qu’ils ne veulent plus connaître.
RFI : Quelle est la spécificité de votre candidature face à celle de Xanana Gusmão ?
Francisco Xavier do Amaral : Ma candidature veut s’inscrire dans les règles du XXIème siècle. Le Timor oriental va devenir la première nation indépendante du XXIème siècle ? Qu’est-ce que cela signifie ? Cela veut dire que le Timor naît en pleine mondialisation, au moment où s’ouvrent les marchés, à l’ère de l’amitié et des droits de l’homme, celle de la fin de la corruption, collusion ou autres népotismes. Autant de notions que nous devons intégrer, si nous ne voulons pas être laissés en arrière. Nous avons notamment beaucoup souffert de la corruption, et maintenant, d’après ce que je peux voir, la corruption continue sa prolifération : les chefs, les élites, se servent des plus faibles, des gens dans les villages. Ce n’est pas tolérable.
RFI : Qu’éprouvez-vous lorsque des gens mettent en cause votre bonne foi à l’évocation des années que vous avez passé en Indonésie ?
Francisco Xavier do Amaral : Je ne suis pas allé en Indonésie ! J’ai été capturé et conduit en Indonésie. Qui m’a capturé ? Le Fretilin. Je ne les blâme pas pour autant et veux bien pardonner un acte dû à d’autres temps. A cette époque, c’était la Guerre froide. Les Américains venaient juste de perdre le conflit du Vietnam et le communisme semblait prendre de l’importance et s’étendre. En Afrique, les anciennes colonies étaient aidées par les pays communistes. Au Portugal, nos étudiants ont approché ces idées, et tous ceux qui étaient allé faire leurs études à Lisbonne sont revenus avec cette idéologie. Ils ne l’ont pas apprise au Timor oriental. Ils l’ont importée. Mais ils ont oublié une chose que je leur avait dite. Dans son Capital, Karl Marx le signale : la Révolution ne s’exporte pas. Les Timorais sont animistes. Ils croient en beaucoup de chose : qu’un serpent, qu’un arbre peuvent être leur Dieu, ou du moins quelque chose de sacré. C’est difficile pour eux d’accepter la réalité, même s’ils vous disent que vous avez raison, au fond d’eux-mêmes, ils ne vous croient pas. Tout cela, les gens qui sont revenus du Portugal l’avaient oublié.
RFI : Lorsque vous étiez en Indonésie, à quel moment avez-vous senti que le Timor-Oriental pouvait devenir indépendant ?
Francisco Xavier do Amaral : J’ai conçu cette idée lorsque je me suis rendu compte que les Timorais continuaient à se battre. Ils étaient très pauvres, manquaient de tout, mais continuaient le combat, offrant de mourir pour leur pays. Alors j’ai espéré que le monde ne fermerait pas les yeux, ne se boucherait pas les oreilles, et entendrait les pleurs des Timorais. Et finalement, c’est arrivé, le monde a ouvert les yeux sur nos souffrances.
RFI : Si vous n’êtes pas élu dimanche, qu’allez-vous faire ?
Francisco Xavier do Amaral : Tant pis si je ne suis pas élu. Peut-être cela vaut-il mieux pour moi (rires). Et bien, j’irai m’asseoir là-bas, sur la plage, pour profiter des derniers jours de ma vie. Je penserai à ce que j’ai fait pour mon pays, je penserai que je ne suis pas un héros, mais qu’en tant qu’être humain, ce que j’ai fait, c’est déjà pas mal.
RFI : Quel souvenir vous laissent vos neuf jours de Présidence en 1975 ?
Francisco Xavier do Amaral : Un très bon souvenir. J’ai été élu Président après la proclamation de l’indépendance. J’ai été honoré par le peuple. Des gens du monde entier m’ont envoyé des messages. Je me sentais très fier d’être le premier Président du Timor. Mais tout n’a pas été facile, j’ai connu des moments d’amertume. Aujourd’hui, j’ai perdu toute ma famille, beaucoup d’amis, mais c’était notre devoir de nous battre pour ce pays.
par Propos recueillis par Cyril Bousquet
Article publié le 13/04/2002