Proche-Orient
Nouveau retard de l'enquête à Jénine
Kofi Annan a accepté vendredi d'accorder un délai d'un jour pour la mission d'enquête de l'ONU qui devait arriver samedi à Jénine, dans le camp de réfugiés où les Palestiniens affirment qu'un massacre a eu lieu. Les officiels de l'ONU se montrent toutefois optimistes au terme de deux jours de discussions avec des émissaires israéliens.
New York (Nations unies), de notre correspondant
Simple délai ou tentative de gagner du temps ? Hier, le ministre des Affaires étrangères Shimon Peres a appelé Kofi Annan pour lui demander de retarder d'un jour, jusqu'à dimanche soir, l'arrivée de l'équipe d'enquête de l'ONU chargée de faire la lumière sur ce qui s'est passé dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine. Samedi est jour de schabbat, le cabinet israélien ne pourra donc se réunir que dimanche pour se prononcer sur la mission d'enquête. Kofi Annan a accepté en raison de ces «circonstances spéciales». Selon les Nations unies, les deux jours de discussions entre les représentants de Kofi Annan et les émissaires israéliens venus demander des clarifications sur la mission d'enquête se sont déroulées dans une atmosphère amicale et constructive.
Mais en l'absence d'un feu vert donné par le cabinet israélien, rien n'est gagné. «Dans l'esprit du secrétaire général, ce n'est qu'une décision formelle», explique Yves Doutriaux, représentant adjoint de la France à l'ONU. L'ambassadeur israélien auprès des Nations unies, Yehuda Lancry, a assuré les officiels onusiens que son gouvernement avait accepté la mission de manière informelle. Plusieurs éléments éveillent toutefois un certain scepticisme. Dans un premier temps, avant même le vote de la résolution de l'ONU, Israël avait donné son accord, avant de faire marche arrière. Hier, en début de journée, Ariel Sharon affirmait par voie de communiqué avoir demandé à l'ONU de«geler» l'enquête «jusqu'à ce que les litiges soient discutés et réglés».
Or, selon le gouvernement israélien, le programme de la «mission d'établissement des faits» est incompatible avec la résolution votée par le Conseil de sécurité de l'ONU la semaine dernière. Le texte évoquait une «initiative du secrétaire général pour développer une information juste concernant les événements récents dans le camp de réfugiés de Jénine à travers une équipe d'établissement des faits». Les Palestiniens dénoncent le massacre à Jénine de plusieurs centaines de civils, alors que les Israéliens affirment avoir abattu tout au plus quelques dizaines de personnes, des hommes armés pour la plupart.
Deux jours après le vote de la résolution, Kofi Annan avait mis sur pieds une équipe respectée et expérimentée pour faire la lumière sur les événements de Jénine. L’ancien président finlandais Martti Ahtisaari, connu pour son rôle de médiateur dans les Balkans dans les années 90, dirige le triumvirat, également composé de l’ancienne Haut commissaire aux réfugiés, la japonaise Sadako Ogata, et de l’ancien directeur du Comité international de la Croix rouge, Cornelio Sommaruga. Ils ont été sélectionnés pour leur prestige et leur indépendance. Ils devaient être assistés d’un spécialiste des questions de police, Peter Fitzgerald, et d’un expert militaire, William Nash.
Israël réticent sur la composition de la mission
Israël voulait davantage de spécialistes des questions militaires, plus à même de comprendre la nature de l'opération anti-terroriste dans laquelle Israël affirme s'être engagé à Jénine. L'Etat hébreu exigeait que ces experts soit élevés au même rang que les trois membres principaux choisis par Kofi Annan. Dans un effort de conciliation, le secrétaire général a accepté d'ajouter à l'équipe deux experts militaires et deux spécialistes des questions de police, affectés respectivement à l’Irlandais Peter Fitzgerald, et à l’ancien général américain William Nash. En revanche, le prix Nobel de la paix n'a pas cédé sur la hiérarchie, le triumvirat reste au-dessus des experts.
Le camp israélien craint aussi que les soldats et les officiels israéliens qui pourraient témoigner auprès de l'équipe d'établissement des faits ne fassent un jour l'objet de poursuites judiciaires devant une justice internationale qu'ils redoutent. Israël voudrait donc qu'une forme immunité leur soit garantie. Le gouvernement d'Ariel Sharon voulait s'assurer que la mission d'enquête ne se concentre que sur Jénine, et pas sur d'autres villes palestiniennes comme certaines déclarations de Kofi Annan auraient pu laisser entendre. L'Etat hébreux insistait aussi sur le fait que l'ONU se devait d'enquêter sur l'utilisation du camp par des groupes terroristes. L'ONU et la délégation palestinienne restaient muettes hier soir sur toutes ces questions.
Mais la composition de l'équipe n'a pas fondamentalement changé, et son mandat reste le même. Si Shimon Peres s'est montré plutôt favorable à la mission d'enquête, ce n'est pas le cas du premier ministre Ariel Sharon. Quoi qu'il en soit, l'équipe d'enquête se prépare à Genève depuis plusieurs jours et n'attend plus que le feu vert de Kofi Annan. «Dès que le secrétaire général nous dit de monter dans l'avion, nous partons», explique Stéphane Dujarric, porte-parole de l'équipe d'établissement des faits. «Nous attendons avec impatience qu'Israël et les Nations unies règlent leurs problèmes aussi vite que possible, pour que l'équipe puisse partir», déclarait pour sa part dans la journée le porte-parole du département d'Etat américain, Richard Boucher.
Kofi Annan n’a pas fixé d’échéance pour la remise du rapport qu’il espère recevoir «le plus rapidement possible» avant d’en rendre compte au Conseil de sécurité qui décidera des suites à donner. Les quinze Etats membres du Conseil restent très vigilants, sur la question. Ils sont prêts à se réunir dimanche, si Israël refusait de coopérer.
Simple délai ou tentative de gagner du temps ? Hier, le ministre des Affaires étrangères Shimon Peres a appelé Kofi Annan pour lui demander de retarder d'un jour, jusqu'à dimanche soir, l'arrivée de l'équipe d'enquête de l'ONU chargée de faire la lumière sur ce qui s'est passé dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine. Samedi est jour de schabbat, le cabinet israélien ne pourra donc se réunir que dimanche pour se prononcer sur la mission d'enquête. Kofi Annan a accepté en raison de ces «circonstances spéciales». Selon les Nations unies, les deux jours de discussions entre les représentants de Kofi Annan et les émissaires israéliens venus demander des clarifications sur la mission d'enquête se sont déroulées dans une atmosphère amicale et constructive.
Mais en l'absence d'un feu vert donné par le cabinet israélien, rien n'est gagné. «Dans l'esprit du secrétaire général, ce n'est qu'une décision formelle», explique Yves Doutriaux, représentant adjoint de la France à l'ONU. L'ambassadeur israélien auprès des Nations unies, Yehuda Lancry, a assuré les officiels onusiens que son gouvernement avait accepté la mission de manière informelle. Plusieurs éléments éveillent toutefois un certain scepticisme. Dans un premier temps, avant même le vote de la résolution de l'ONU, Israël avait donné son accord, avant de faire marche arrière. Hier, en début de journée, Ariel Sharon affirmait par voie de communiqué avoir demandé à l'ONU de«geler» l'enquête «jusqu'à ce que les litiges soient discutés et réglés».
Or, selon le gouvernement israélien, le programme de la «mission d'établissement des faits» est incompatible avec la résolution votée par le Conseil de sécurité de l'ONU la semaine dernière. Le texte évoquait une «initiative du secrétaire général pour développer une information juste concernant les événements récents dans le camp de réfugiés de Jénine à travers une équipe d'établissement des faits». Les Palestiniens dénoncent le massacre à Jénine de plusieurs centaines de civils, alors que les Israéliens affirment avoir abattu tout au plus quelques dizaines de personnes, des hommes armés pour la plupart.
Deux jours après le vote de la résolution, Kofi Annan avait mis sur pieds une équipe respectée et expérimentée pour faire la lumière sur les événements de Jénine. L’ancien président finlandais Martti Ahtisaari, connu pour son rôle de médiateur dans les Balkans dans les années 90, dirige le triumvirat, également composé de l’ancienne Haut commissaire aux réfugiés, la japonaise Sadako Ogata, et de l’ancien directeur du Comité international de la Croix rouge, Cornelio Sommaruga. Ils ont été sélectionnés pour leur prestige et leur indépendance. Ils devaient être assistés d’un spécialiste des questions de police, Peter Fitzgerald, et d’un expert militaire, William Nash.
Israël réticent sur la composition de la mission
Israël voulait davantage de spécialistes des questions militaires, plus à même de comprendre la nature de l'opération anti-terroriste dans laquelle Israël affirme s'être engagé à Jénine. L'Etat hébreu exigeait que ces experts soit élevés au même rang que les trois membres principaux choisis par Kofi Annan. Dans un effort de conciliation, le secrétaire général a accepté d'ajouter à l'équipe deux experts militaires et deux spécialistes des questions de police, affectés respectivement à l’Irlandais Peter Fitzgerald, et à l’ancien général américain William Nash. En revanche, le prix Nobel de la paix n'a pas cédé sur la hiérarchie, le triumvirat reste au-dessus des experts.
Le camp israélien craint aussi que les soldats et les officiels israéliens qui pourraient témoigner auprès de l'équipe d'établissement des faits ne fassent un jour l'objet de poursuites judiciaires devant une justice internationale qu'ils redoutent. Israël voudrait donc qu'une forme immunité leur soit garantie. Le gouvernement d'Ariel Sharon voulait s'assurer que la mission d'enquête ne se concentre que sur Jénine, et pas sur d'autres villes palestiniennes comme certaines déclarations de Kofi Annan auraient pu laisser entendre. L'Etat hébreux insistait aussi sur le fait que l'ONU se devait d'enquêter sur l'utilisation du camp par des groupes terroristes. L'ONU et la délégation palestinienne restaient muettes hier soir sur toutes ces questions.
Mais la composition de l'équipe n'a pas fondamentalement changé, et son mandat reste le même. Si Shimon Peres s'est montré plutôt favorable à la mission d'enquête, ce n'est pas le cas du premier ministre Ariel Sharon. Quoi qu'il en soit, l'équipe d'enquête se prépare à Genève depuis plusieurs jours et n'attend plus que le feu vert de Kofi Annan. «Dès que le secrétaire général nous dit de monter dans l'avion, nous partons», explique Stéphane Dujarric, porte-parole de l'équipe d'établissement des faits. «Nous attendons avec impatience qu'Israël et les Nations unies règlent leurs problèmes aussi vite que possible, pour que l'équipe puisse partir», déclarait pour sa part dans la journée le porte-parole du département d'Etat américain, Richard Boucher.
Kofi Annan n’a pas fixé d’échéance pour la remise du rapport qu’il espère recevoir «le plus rapidement possible» avant d’en rendre compte au Conseil de sécurité qui décidera des suites à donner. Les quinze Etats membres du Conseil restent très vigilants, sur la question. Ils sont prêts à se réunir dimanche, si Israël refusait de coopérer.
par Philippe Bolopion
Article publié le 27/04/2002