Etats-Unis
Bush dépêche Powell au Proche-Orient
Répondant aux critiques sur son manque d’implication, le président Bush a appelé Israël à commencer à se retirer des villes palestiniennes. Il envoie son secrétaire d’Etat dans la région la semaine prochaine pour tenter d’obtenir un cessez-le-feu, et met en garde Yasser Arafat qu’il accuse d’avoir trahi les espoirs de son peuple.»
De notre correspondant à New York
Tout le monde en a pris pour son grade. Après avoir été abondamment critiqué pour un engagement jugé trop timoré au Proche-Orient, George Bush a répliqué sans détour. Pour la première fois depuis que les chars israéliens ont pénétré Ramallah, il a demandé à Israël d'arrêter ses incursions en territoires palestinien et d'entamer le retrait des villes récemment occupées. Il s’agit d’un revirement sans équivoque. Ces derniers jours, le président américain avait plus ou moins explicitement donné son blanc-seing à l’offensive d’Ariel Sharon. Fait nouveau, Israël a également été prié de mettre un terme aux «humiliations» subies par les palestiniens aux points de contrôle. «Les activités de colonisation israélienne dans les territoires occupés doivent cesser», a-t-il également affirmé. Comme pour faire passer la pilule, le président américain a rappelé parler en tant qu'«ami véritable d'Israël, préoccupé par sa sécurité sur le long terme». Il a reconnu à l’Etat hébreu le droit de «se défendre contre la terreur».
Yasser Arafat n’a pas été épargné par l’ire présidentielle. Secouant sa tête d’un air accablé, George Bush lui a reproché de ne «pas s’être opposé aux terroristes de façon régulière». Il a accusé le président palestinien d’avoir «trahi les espoirs du peuple qu’il est censé diriger». Alors que Yasser Arafat est toujours retenu prisonnier dans son quartier général de Ramallah, menacé d’exil, le président américain estime qu’il «a largement contribué à la situation dans laquelle il se trouve aujourd'hui». Tous les ponts avec le dirigeant palestinien ne sont pas coupés, mais l’entourage présidentiel fait savoir qu’il s’agit du dernier avertissement. Aujourd’hui, les autorités israéliennes devraient laisser le médiateur américain Anthony Zinni rencontrer Yasser Arafat.
«C'est assez !»
George Bush a réservé quelques traits aux dirigeants arabes. Il leur a notamment demandé de «mettre un terme à l'incitation à la violence que représente la glorification de la terreur dans les médias officiels». Pendant qu'Israël se retire, «les dirigeants palestiniens responsables et les voisins arabes d'Israël doivent s'avancer et clairement montrer au monde qu'ils sont du côté de la paix. Il faut qu'il exercent leurs choix et leurs responsabilités», a averti le président, ajoutant, un rien professoral : «J'attends de meilleures démonstrations de leadership et j'attends des résultats». Il a clairement demandé à l'Iran et la Syrie de «rester en dehors» du conflit israélo-palestinien et a reproché à l'Irak de soutenir les attentats suicide. Aux terroristes palestiniens, il a affirmé : «vous faire exploser n'aide pas la cause palestinienne. Au contraire, les attentats-suicides pourraient bien faire exploser le meilleur et le seul espoir d'un Etat palestinien».
Le déchaînement de violence ne peut pas continuer. «C'est assez», a déclaré le président américain qui va dépêcher son secrétaire d'Etat Colin Powell dans la région dès la semaine prochaine. Il espère convaincre Israël de renoncer à ses incursions militaires en négociant un cessez-le-feu entre les deux camps et en rétablissant le dialogue. «Nous n'avons aucune illusions sur la difficulté de cette mission, a affirmé George Bush. Mais notre détermination est forte». Colin Powell rencontrera les dirigeants israéliens et palestiniens ainsi que le président égyptien Hosni Moubarak, le souverain jordanien Abdallah et le prince héritier saoudien Abdallah. Sa mission sera de faire appliquer la résolution 1402 de l’ONU, qui demande un arrêt des violences et le retrait israélien des villes palestiniennes, y compris Ramallah.
Une résolution renforcée ce jeudi par le Conseil de sécurité, en signe de soutien à cette entreprise. Le secrétaire d’Etat essaiera également de mettre en oeuvre les plan Tenet et Mitchell qui définissent des mesures de confiance et de sécurité pour retourner à la table des négociations.
«C’est un discours remarquable, estime un diplomate de l’ONU. ll commence par assassiner pour la troisième fois Arafat. En cela, il est cohérent avec sa mission sur la terre, qui est d’éradiquer le terrorisme. Mais cette partie était sans doute nécessaire pour permettre la suite : une mise en garde extrêmement sévère adressée à Israël et une injonction à se retirer. Le langage est d’une brutalité extrême, mais pour une fois on a une vraie politique équilibrée.» La direction palestinienne a accepté «sans condition» la démarche du président Bush, et notamment le cessez-le-feu préconisé par le plan Tenet tout en précisant : «nous ne devrions pas être critiqués alors que nous subissons une agression contre notre peuple, nos villes, nos camps de réfugiés, et nous avons le droit de nous défendre.» Les reproches à l’encontre de Yasser Arafat sont jugés «injustifiés et inacceptables».
Plus que tout, le discours du président Bush marque un véritable tournant. Il semble désormais prêt à jouer le rôle de principal intermédiaire pour la paix au Proche-Orient -un rôle qu’il a tout fait pour ne pas endosser. Ce revirement intervient alors que plusieurs signes indiquent que la crise pourrait se propager. Les prix du pétrole grimpent en flèche et que les deux principaux alliés des Etats-Unis dans la région, la Jordanie et l’Egypte, font face à une protestation grandissante.
Tout le monde en a pris pour son grade. Après avoir été abondamment critiqué pour un engagement jugé trop timoré au Proche-Orient, George Bush a répliqué sans détour. Pour la première fois depuis que les chars israéliens ont pénétré Ramallah, il a demandé à Israël d'arrêter ses incursions en territoires palestinien et d'entamer le retrait des villes récemment occupées. Il s’agit d’un revirement sans équivoque. Ces derniers jours, le président américain avait plus ou moins explicitement donné son blanc-seing à l’offensive d’Ariel Sharon. Fait nouveau, Israël a également été prié de mettre un terme aux «humiliations» subies par les palestiniens aux points de contrôle. «Les activités de colonisation israélienne dans les territoires occupés doivent cesser», a-t-il également affirmé. Comme pour faire passer la pilule, le président américain a rappelé parler en tant qu'«ami véritable d'Israël, préoccupé par sa sécurité sur le long terme». Il a reconnu à l’Etat hébreu le droit de «se défendre contre la terreur».
Yasser Arafat n’a pas été épargné par l’ire présidentielle. Secouant sa tête d’un air accablé, George Bush lui a reproché de ne «pas s’être opposé aux terroristes de façon régulière». Il a accusé le président palestinien d’avoir «trahi les espoirs du peuple qu’il est censé diriger». Alors que Yasser Arafat est toujours retenu prisonnier dans son quartier général de Ramallah, menacé d’exil, le président américain estime qu’il «a largement contribué à la situation dans laquelle il se trouve aujourd'hui». Tous les ponts avec le dirigeant palestinien ne sont pas coupés, mais l’entourage présidentiel fait savoir qu’il s’agit du dernier avertissement. Aujourd’hui, les autorités israéliennes devraient laisser le médiateur américain Anthony Zinni rencontrer Yasser Arafat.
«C'est assez !»
George Bush a réservé quelques traits aux dirigeants arabes. Il leur a notamment demandé de «mettre un terme à l'incitation à la violence que représente la glorification de la terreur dans les médias officiels». Pendant qu'Israël se retire, «les dirigeants palestiniens responsables et les voisins arabes d'Israël doivent s'avancer et clairement montrer au monde qu'ils sont du côté de la paix. Il faut qu'il exercent leurs choix et leurs responsabilités», a averti le président, ajoutant, un rien professoral : «J'attends de meilleures démonstrations de leadership et j'attends des résultats». Il a clairement demandé à l'Iran et la Syrie de «rester en dehors» du conflit israélo-palestinien et a reproché à l'Irak de soutenir les attentats suicide. Aux terroristes palestiniens, il a affirmé : «vous faire exploser n'aide pas la cause palestinienne. Au contraire, les attentats-suicides pourraient bien faire exploser le meilleur et le seul espoir d'un Etat palestinien».
Le déchaînement de violence ne peut pas continuer. «C'est assez», a déclaré le président américain qui va dépêcher son secrétaire d'Etat Colin Powell dans la région dès la semaine prochaine. Il espère convaincre Israël de renoncer à ses incursions militaires en négociant un cessez-le-feu entre les deux camps et en rétablissant le dialogue. «Nous n'avons aucune illusions sur la difficulté de cette mission, a affirmé George Bush. Mais notre détermination est forte». Colin Powell rencontrera les dirigeants israéliens et palestiniens ainsi que le président égyptien Hosni Moubarak, le souverain jordanien Abdallah et le prince héritier saoudien Abdallah. Sa mission sera de faire appliquer la résolution 1402 de l’ONU, qui demande un arrêt des violences et le retrait israélien des villes palestiniennes, y compris Ramallah.
Une résolution renforcée ce jeudi par le Conseil de sécurité, en signe de soutien à cette entreprise. Le secrétaire d’Etat essaiera également de mettre en oeuvre les plan Tenet et Mitchell qui définissent des mesures de confiance et de sécurité pour retourner à la table des négociations.
«C’est un discours remarquable, estime un diplomate de l’ONU. ll commence par assassiner pour la troisième fois Arafat. En cela, il est cohérent avec sa mission sur la terre, qui est d’éradiquer le terrorisme. Mais cette partie était sans doute nécessaire pour permettre la suite : une mise en garde extrêmement sévère adressée à Israël et une injonction à se retirer. Le langage est d’une brutalité extrême, mais pour une fois on a une vraie politique équilibrée.» La direction palestinienne a accepté «sans condition» la démarche du président Bush, et notamment le cessez-le-feu préconisé par le plan Tenet tout en précisant : «nous ne devrions pas être critiqués alors que nous subissons une agression contre notre peuple, nos villes, nos camps de réfugiés, et nous avons le droit de nous défendre.» Les reproches à l’encontre de Yasser Arafat sont jugés «injustifiés et inacceptables».
Plus que tout, le discours du président Bush marque un véritable tournant. Il semble désormais prêt à jouer le rôle de principal intermédiaire pour la paix au Proche-Orient -un rôle qu’il a tout fait pour ne pas endosser. Ce revirement intervient alors que plusieurs signes indiquent que la crise pourrait se propager. Les prix du pétrole grimpent en flèche et que les deux principaux alliés des Etats-Unis dans la région, la Jordanie et l’Egypte, font face à une protestation grandissante.
par Philippe Bolopion
Article publié le 05/04/2002