Guyane
La Guyane célèbre sa candidate
Week-end radieux pour Christiane Taubira à Cayenne. Célébrée à son arrivée à l’aéroport. Acclamée lors d’un meeting aux airs de fête locale. Une retour au pays réconfortant pour la candidate PRG qui avoue traverser «les allées de l’enfer» au cours d’une campagne difficile jonchée «d’obstacles et d’ornières».
De notre correspondant à Cayenne
«Je me sens davantage fille de nègre marron que fille d’esclave». Des minutes d’acclamations, des klaxons, des feux de joie, des confettis multicolores plébiscitent l’entrée en scène de Christiane Taubira. L’enfant du pays, parée d’une robe princière, salue à la Sissi, offre quelques pas légers de Kassé Kô, une danse créole : «Merci d’être restés aussi extravagants pour les meetings politiques. Zot tro kontan sa bon dié ké puni zot [NDLR : Vous aimez trop ça, Dieu vous punira]», jubile la candidate PRG . Derrière elle, une fresque de l’esclave qui finit par se libérer de ses chaînes : «je ne suis pas venue faire un tour de piste. Bousculer la pensée somnolente est la moindre de mes ambitions», clame-t-elle aux 2 500 admirateurs réunis cette soirée de campagne présidentielle du samedi 6 avril sur la place des Palmistes à Cayenne.
La veille, vendredi 5 avril, 1 500 personnes s’étaient pressées au Palais Régional Omnisports de Matoury au meeting du président de la République Jacques Chirac. «Attention», précise Marius, un sympathisant de Walwari, (Eventail) le parti local de Christiane Taubira, «le RPR avait rempli la salle à grands renforts de bus et d’avions venus de toute la Guyane, tout frais payés, le PRG n’a pas cet argent». Outre les bus venus de Saint-Laurent, un pilote de la Guyane Aéro Service confirme : «Quatorze Amérindiens de petits villages isolés du sud-est de la Guyane ont été acheminés par avion et hélicoptère pour assister au meeting chiraquien».
De son côté, s’exprimant sans note durant plus d’une heure, au gré d’une sonorisation défaillante, Christiane Taubira a d’abord pris plaisir à réciter les noms des 22 élus guyanais -sur 74 possibles- qui l’ont parrainée : «leurs noms resteront dans l’histoire, le reste sera oublié.»
Pour une République laïque et humaniste
Dimanche 7 avril, invitée pour une discussion à bâtons rompus avec le club de la presse de Guyane, Christiane Taubira s’est exprimée sur «le maintien anormal du système concordataire pour la Guyane qui de plus favorise une religion». Les prêtres catholiques y sont en effet payés par le Conseil Général : «Il faut modifier la loi pour permettre l’application de la séparation de l’église et de l’État qui date de 1905», a renchéri la candidate tout en précisant : «la laïcité c’est l’indépendance des institutions publiques, c’est la liberté des consciences, ce n’est pas le rejet des religions».
Concernant les ravages de l’exploitation de l’or en Guyane qui provoque à la fois misère humaine et environnementale, Christiane Taubira rappelle : «En 1993, j’étais la seule élue à plaider pour l’arrêt des activités aurifères. Le reste de la classe politique m’a traité d’irresponsable, qu’il n’y avait que les mendiants pour dormir sur de l’or, qu’au contraire cela développerait les routes, les écoles et les crèches. Cela a amené la pollution des sols et des fleuves, le règne de la violence.»
En Guyane, son comité de soutien est piloté par des jeunes gens sans expérience qui «s’en sortent bien» selon la députée-candidate Sous les hospitaliers cieux guyanais, Christiane Taubira s’épanche volontiers sur le PRG où sa candidature indispose certains cadres: «à l’origine de ma candidature il y a l’acte somptueux d’un parti centenaire, celui de Ferry, de Mendès France, le seul député à avoir voté le boycott des Jeux de Berlin en 36». Avant de revenir à sa campagne : «le PRG est aujourd’hui un parti qui n’a pas de grands moyens (… où des barons parisiens ont tenté de me déstabiliser (… où la tentation du retrait de ma candidature par la direction à Paris a finalement eu un effet tectonique. De nombreux militants des fédérations locales me demandent aujourd’hui de prendre la présidence du parti».
La députée ne s’affole pas de ne pas décoller dans les sondages réalisés dans l’Hexagone. «Mais je vais suivre les résultats en Guyane, bureau par bureau». Un récent sondage en Guadeloupe la place en deuxième position au 1er tour, avec 29% des intentions de vote derrière Jacques Chirac. Fin 2001, elle avait d’abord opposé à deux reprises un refus poli au PRG concernant son investiture. Les impératrices savent aussi se faire prier.
«Je me sens davantage fille de nègre marron que fille d’esclave». Des minutes d’acclamations, des klaxons, des feux de joie, des confettis multicolores plébiscitent l’entrée en scène de Christiane Taubira. L’enfant du pays, parée d’une robe princière, salue à la Sissi, offre quelques pas légers de Kassé Kô, une danse créole : «Merci d’être restés aussi extravagants pour les meetings politiques. Zot tro kontan sa bon dié ké puni zot [NDLR : Vous aimez trop ça, Dieu vous punira]», jubile la candidate PRG . Derrière elle, une fresque de l’esclave qui finit par se libérer de ses chaînes : «je ne suis pas venue faire un tour de piste. Bousculer la pensée somnolente est la moindre de mes ambitions», clame-t-elle aux 2 500 admirateurs réunis cette soirée de campagne présidentielle du samedi 6 avril sur la place des Palmistes à Cayenne.
La veille, vendredi 5 avril, 1 500 personnes s’étaient pressées au Palais Régional Omnisports de Matoury au meeting du président de la République Jacques Chirac. «Attention», précise Marius, un sympathisant de Walwari, (Eventail) le parti local de Christiane Taubira, «le RPR avait rempli la salle à grands renforts de bus et d’avions venus de toute la Guyane, tout frais payés, le PRG n’a pas cet argent». Outre les bus venus de Saint-Laurent, un pilote de la Guyane Aéro Service confirme : «Quatorze Amérindiens de petits villages isolés du sud-est de la Guyane ont été acheminés par avion et hélicoptère pour assister au meeting chiraquien».
De son côté, s’exprimant sans note durant plus d’une heure, au gré d’une sonorisation défaillante, Christiane Taubira a d’abord pris plaisir à réciter les noms des 22 élus guyanais -sur 74 possibles- qui l’ont parrainée : «leurs noms resteront dans l’histoire, le reste sera oublié.»
Pour une République laïque et humaniste
Dimanche 7 avril, invitée pour une discussion à bâtons rompus avec le club de la presse de Guyane, Christiane Taubira s’est exprimée sur «le maintien anormal du système concordataire pour la Guyane qui de plus favorise une religion». Les prêtres catholiques y sont en effet payés par le Conseil Général : «Il faut modifier la loi pour permettre l’application de la séparation de l’église et de l’État qui date de 1905», a renchéri la candidate tout en précisant : «la laïcité c’est l’indépendance des institutions publiques, c’est la liberté des consciences, ce n’est pas le rejet des religions».
Concernant les ravages de l’exploitation de l’or en Guyane qui provoque à la fois misère humaine et environnementale, Christiane Taubira rappelle : «En 1993, j’étais la seule élue à plaider pour l’arrêt des activités aurifères. Le reste de la classe politique m’a traité d’irresponsable, qu’il n’y avait que les mendiants pour dormir sur de l’or, qu’au contraire cela développerait les routes, les écoles et les crèches. Cela a amené la pollution des sols et des fleuves, le règne de la violence.»
En Guyane, son comité de soutien est piloté par des jeunes gens sans expérience qui «s’en sortent bien» selon la députée-candidate Sous les hospitaliers cieux guyanais, Christiane Taubira s’épanche volontiers sur le PRG où sa candidature indispose certains cadres: «à l’origine de ma candidature il y a l’acte somptueux d’un parti centenaire, celui de Ferry, de Mendès France, le seul député à avoir voté le boycott des Jeux de Berlin en 36». Avant de revenir à sa campagne : «le PRG est aujourd’hui un parti qui n’a pas de grands moyens (… où des barons parisiens ont tenté de me déstabiliser (… où la tentation du retrait de ma candidature par la direction à Paris a finalement eu un effet tectonique. De nombreux militants des fédérations locales me demandent aujourd’hui de prendre la présidence du parti».
La députée ne s’affole pas de ne pas décoller dans les sondages réalisés dans l’Hexagone. «Mais je vais suivre les résultats en Guyane, bureau par bureau». Un récent sondage en Guadeloupe la place en deuxième position au 1er tour, avec 29% des intentions de vote derrière Jacques Chirac. Fin 2001, elle avait d’abord opposé à deux reprises un refus poli au PRG concernant son investiture. Les impératrices savent aussi se faire prier.
par Frédéric Farine
Article publié le 08/04/2002