Côte d''Ivoire
Bédié, entre revanche et reconquête du pouvoir
Le 11ème congrès du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) s’est achevé par l’élection à sa tête de l’ancien président Henri Konan Bédié avec 82,5% des voix. Ses concurrents, Laurent Dona Fologo, secrétaire général du parti ( 12%) et le contre-amiral Lamine Fadika (5,3%), ont fait les frais du retour de l’ancien président et qui marque par ailleurs les profondes divisions au sein du plus vieux parti de Côte d’Ivoire.
L’élection, ou plutôt la réélection d’Henri Konan Bédié, à la tête du PDCI ne constitue pas en soi une surprise. L’art et la manière pour y parvenir n’étaient pas non plus étonnants. La seule nouveauté apparaît dans les candidatures multiples pour présider ce parti, ce qui a, pour la première fois, conduit les militants à désigner le président par un vote à bulletin secret. Ils avaient à leur disposition une soixantaine d’urnes installées dans des hôtels et points stratégiques de la capitale économique Abidjan. Jusque là, tous les attributs pour l’exercice de la démocratie semblent être respectés, en revanche, très vite la contestation surgit des rangs, non pas des militants de base mais plutôt des responsables du parti. Avant même le début de la consultation, Laurent Dona Fologo et Lamine Fadika dénonçaient déjà des manipulations qui ne laissaient aucun doute sur l’issue du vote.
Selon leurs partisans, la direction du parti qui conduit les débats du congrès seraient «noyautée par les amis de Bédié». Ils dénoncent pêle-mêle l’exclusion de certains membres électeurs, la non distribution équitable des mandats autorisant les congressistes à prendre part au scrutin et la tribune offerte à l’ancien chef de l’Etat qui a fustigé la politique de ses successeurs à la tête du parti, depuis son exil forcé en France en 1999. Les autres candidats auraient aussi souhaité s’exprimer mais il leur été opposé «le manque de temps» pour ce exercice. En effet, Henri Konan Bédié avait passé près de trois heures à la tribune dans un discours dans lequel il s’appliquait à défendre son bilan politique et économique en temps que président de la république de Côte d’Ivoire. Autrement dit, le putsch de décembre 1999 est une trahison que Bédié accroche aisément au wagon des ambitions personnelles de certaines personnes qui se disent aussi «héritiers» de Félix Houphouët-Boigny.
L’héritage du «vieux»
Il ressort aussi de ce discours fleuve, la conviction établie de Bédié qu’il incarne seul le vrai héritage de la pensée du «vieux». Pour assumer entièrement ces prérogatives, le futur président du parti avait pris soin de faire adopter par les congressistes certaines dispositions dont notamment celle de «revoir les conditions de participation au gouvernement». Cinq ministres issus des rangs du PDCI participent au gouvernement de l’actuel président de la république Laurent Gbagbo. Pour calmer les velléités de guerre civile dans le pays, Laurent Dona Fologo avait suggéré au président Gbagbo, nouvellement élu de constituer un «gouvernement d’ouverture», dans un esprit «d’union nationale». Seul le RDR d’Alassane Ouattara avait décliné l’offre. Aujourd’hui Henri Konan Bédié considère que cette participation au gouvernement était le fruit d’un marchandage douteux. Aux congressistes qui le replacent à la tête du PDCI, il lance: «vous avez refusé de vendre le PDCI à ses adversaires les plus hostiles. Vous avez rendu infalsifiable le testament du père fondateur Félix Houphouët-Boigny».
Henri Konan Bédié assimile aussi sa victoire à une réponse à «tous ceux qui pensent que leur heure est arrivée». Il s’en prend par ses mots à Fologo et Fadika qui n’avaient pas n’avaient pas non plus fait mystère de leurs critiques contre la politique de Bédié qui a conduit le PDCI à perdre le pouvoir. Mais le nouveau président du PDCI qui avait refoulé beaucoup de rancœur pendant son exil forcé, et observé quelques réserves depuis son retour au pays en octobre 2001, a attendu cet 11ème congrès pour remettre les pendules à l’heure. Il se veut à son tour rénovateur contre l’ancien rénovateur Fologo, sans oublier de décrocher aussi au passage quelques flèches contre une autre dissidence du PDCI, celle incarnée par Alassane Ouattara devenue un parti politique structuré, le Rassemblement des républicains. Le règlement de compte s’est adressé aussi au général Robert Guéï accusé d’avoir participé à «un vaste complot ourdi de l’intérieur et de l’extérieur pour empêcher de construire l’éléphant d’Afrique». Sa manière à lui de désigner sa politique de développement de la Côte d’Ivoire lorsqu’il était président de la république.
Henri Konan Bédié s’assurant la présidence du PDCI, s’engage sur la voix de la reconquête du pouvoir. Pour faire bonne mesure il a reconnu une part de responsabilité dans des «manquements graves à l’éthique en termes de gestion» et assure avoir «tiré tous les enseignements qui s’imposent». Il compte sur les bases populaires du premier parti politique de Côte d’Ivoire pour revenir au pouvoir, mais une vraie crainte persiste, celle de voir une nouvelle dissidence prendre le large et affaiblir d’autant le PDCI. La tentation est forte, tant les méthodes utilisées pour contrôler l’appareil du parti rappellent une période que beaucoup souhaitent oublier.
Selon leurs partisans, la direction du parti qui conduit les débats du congrès seraient «noyautée par les amis de Bédié». Ils dénoncent pêle-mêle l’exclusion de certains membres électeurs, la non distribution équitable des mandats autorisant les congressistes à prendre part au scrutin et la tribune offerte à l’ancien chef de l’Etat qui a fustigé la politique de ses successeurs à la tête du parti, depuis son exil forcé en France en 1999. Les autres candidats auraient aussi souhaité s’exprimer mais il leur été opposé «le manque de temps» pour ce exercice. En effet, Henri Konan Bédié avait passé près de trois heures à la tribune dans un discours dans lequel il s’appliquait à défendre son bilan politique et économique en temps que président de la république de Côte d’Ivoire. Autrement dit, le putsch de décembre 1999 est une trahison que Bédié accroche aisément au wagon des ambitions personnelles de certaines personnes qui se disent aussi «héritiers» de Félix Houphouët-Boigny.
L’héritage du «vieux»
Il ressort aussi de ce discours fleuve, la conviction établie de Bédié qu’il incarne seul le vrai héritage de la pensée du «vieux». Pour assumer entièrement ces prérogatives, le futur président du parti avait pris soin de faire adopter par les congressistes certaines dispositions dont notamment celle de «revoir les conditions de participation au gouvernement». Cinq ministres issus des rangs du PDCI participent au gouvernement de l’actuel président de la république Laurent Gbagbo. Pour calmer les velléités de guerre civile dans le pays, Laurent Dona Fologo avait suggéré au président Gbagbo, nouvellement élu de constituer un «gouvernement d’ouverture», dans un esprit «d’union nationale». Seul le RDR d’Alassane Ouattara avait décliné l’offre. Aujourd’hui Henri Konan Bédié considère que cette participation au gouvernement était le fruit d’un marchandage douteux. Aux congressistes qui le replacent à la tête du PDCI, il lance: «vous avez refusé de vendre le PDCI à ses adversaires les plus hostiles. Vous avez rendu infalsifiable le testament du père fondateur Félix Houphouët-Boigny».
Henri Konan Bédié assimile aussi sa victoire à une réponse à «tous ceux qui pensent que leur heure est arrivée». Il s’en prend par ses mots à Fologo et Fadika qui n’avaient pas n’avaient pas non plus fait mystère de leurs critiques contre la politique de Bédié qui a conduit le PDCI à perdre le pouvoir. Mais le nouveau président du PDCI qui avait refoulé beaucoup de rancœur pendant son exil forcé, et observé quelques réserves depuis son retour au pays en octobre 2001, a attendu cet 11ème congrès pour remettre les pendules à l’heure. Il se veut à son tour rénovateur contre l’ancien rénovateur Fologo, sans oublier de décrocher aussi au passage quelques flèches contre une autre dissidence du PDCI, celle incarnée par Alassane Ouattara devenue un parti politique structuré, le Rassemblement des républicains. Le règlement de compte s’est adressé aussi au général Robert Guéï accusé d’avoir participé à «un vaste complot ourdi de l’intérieur et de l’extérieur pour empêcher de construire l’éléphant d’Afrique». Sa manière à lui de désigner sa politique de développement de la Côte d’Ivoire lorsqu’il était président de la république.
Henri Konan Bédié s’assurant la présidence du PDCI, s’engage sur la voix de la reconquête du pouvoir. Pour faire bonne mesure il a reconnu une part de responsabilité dans des «manquements graves à l’éthique en termes de gestion» et assure avoir «tiré tous les enseignements qui s’imposent». Il compte sur les bases populaires du premier parti politique de Côte d’Ivoire pour revenir au pouvoir, mais une vraie crainte persiste, celle de voir une nouvelle dissidence prendre le large et affaiblir d’autant le PDCI. La tentation est forte, tant les méthodes utilisées pour contrôler l’appareil du parti rappellent une période que beaucoup souhaitent oublier.
par Didier Samson
Article publié le 08/04/2002