Pétrole
Le spectre de 1973
L’Irak et l’Iran menacent de couper le robinet pétrolier pour obliger les États-Unis à intervenir
contre l’offensive israélienne dans les territoires palestiniens. Ceci provoque l’inquiétude des milieux pétroliers et une flambée des cours du brut, au plus haut depuis les attentats du 11 septembre, faisant resurgir le spectre du choc de 1973.
contre l’offensive israélienne dans les territoires palestiniens. Ceci provoque l’inquiétude des milieux pétroliers et une flambée des cours du brut, au plus haut depuis les attentats du 11 septembre, faisant resurgir le spectre du choc de 1973.
Les pays arabes vont-ils, comme lors de la guerre israélo-arabe de 1973, utiliser l’arme du pétrole contre les pays jugés pro-israéliens ? Allons-nous vers un nouveau choc pétrolier ? C’est ce que laissent penser la montée de la tension entre Israéliens et Palestiniens, la menace d'embargo de certains producteurs comme l’Irak, et la flambée des prix du pétrole de ces jours derniers.
Mardi à New York, le cours du brut a clôturé à son plus haut niveau depuis les attentats du 11 septembre, dopé par la violence au Proche-Orient et les craintes de perturbation des approvisionnements en provenance de la région. Le prix du brut de référence a fait un bond de 83 cents à 27,70 dollars, le baril grimpant jusqu'à 28,10 dollars en séance. Même scénario à Londres où le baril de Brent de la mer du Nord valait 26,86 dollars, au plus haut depuis le 19 septembre.
Certains opérateurs redoutent que les pays arabes ne se servent de l'arme pétrolière pour contraindre Israël à stopper son offensive militaire dans les territoires palestiniens et obliger les Etats-Unis à se montrer plus sévères envers le gouvernement du Premier ministre israélien Ariel Sharon. Pour les courtiers, la crainte est que, même en l’absence d’embargo généralisé, la violence ne provoque une onde de choc au Proche-Orient, qui recèle les deux-tiers des réserves mondiales de brut.
Cette inquiétude est nourrie par les avertissements de certains pays producteurs. L'Irak a ainsi appelé les producteurs arabes, qui représentent la moitié de la production mondiale de brut, à utiliser la carte du pétrole. Bagdad se dit «prêt à cesser immédiatement les livraisons de brut aux États-Unis». L'Iran s'est dit également disposé mardi à envisager l'arme du pétrole si tous les pays musulmans faisaient de même, afin d’obliger les Etats-Unis à faire pression sur Israël et obtenir un retrait de ses soldats des territoires palestiniens. Le Soudan a déclaré qu’il soutiendrait le mouvement, «si tous les pays de l’Organisation de la conférence islamique étaient d’accord».
L’Arabie saoudite écarte tout danger d’embargo
La plupart des analystes, se fondant sur le manque d’écho rencontré par ces menaces au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), jugent néanmoins qu'un tel embargo est peu probable. «La possibilité d'un débordement des violences dans le secteur pétrolier est très éloignée, note un expert américain. Mais la panique encourage les achats au cas où cela arriverait. Les facteurs fondamentaux ne justifient pas ces niveaux de cours, et soyons clairs, ni les Israéliens ni les Palestiniens n'ont du pétrole».
Dans un entretien au journal Le Monde, le chef de la diplomatie saoudienne Saoud al Fayçal a d’ailleurs écarté l'utilisation de l'arme du pétrole par les pays arabes dans leur conflit avec Israël. «Le pétrole ? C'est ce dont les pays arabes ont le plus besoin pour leur développement. S'ils veulent se renforcer face à l'agression israélienne, ils n'ont d'autre choix que de continuer à exploiter le pétrole et le gaz (...) Les Israéliens comptent sur les Etats-Unis. Connaissez-vous un seul pays au monde qui dirait aux Etats arabes: nous sommes prêts à vous fournir tout ce dont vous avez besoin en armes, en argent ? Et puis, sans ces ressources, comment soutenir l'Intifada et la lutte des Palestiniens pour le recouvrement de leurs droits ?».
A elle seule, cette déclaration saoudienne est de nature à dissiper toute crainte, puisque Riyad aurait la capacité de combler très rapidement toute réduction des exportations irakiennes. D’autant que nombre d’observateurs voient surtout dans les menaces de l’Irak une manoeuvre politique destinée à reconquérir, aux yeux des populations arabes, le prestige qui était le sien lors de la Guerre du Golfe. Et que Bagdad, désigné par George W. Bush comme l’un des trois pays constituant «l’axe du mal» (avec l’Iran et la Corée du Nord), est sous la menace d’une attaque américaine.
En réalité, la hausse récente des cours du brut s’expliquerait surtout par une conjonction de facteurs, notamment les signes de reprise de l'économie mondiale, en particulier aux Etats-Unis, premier consommateur mondial de pétrole. La baisse de production de l’Opep, mise en place début janvier, a également contribué à soutenir les cours. Signe, d’ailleurs, que la tendance haussière n’est pas irrésistible, le cours du Brent se repliait mercredi matin à Londres, en raison d'une forte progression des stocks américains de brut et d'essence.
Mardi à New York, le cours du brut a clôturé à son plus haut niveau depuis les attentats du 11 septembre, dopé par la violence au Proche-Orient et les craintes de perturbation des approvisionnements en provenance de la région. Le prix du brut de référence a fait un bond de 83 cents à 27,70 dollars, le baril grimpant jusqu'à 28,10 dollars en séance. Même scénario à Londres où le baril de Brent de la mer du Nord valait 26,86 dollars, au plus haut depuis le 19 septembre.
Certains opérateurs redoutent que les pays arabes ne se servent de l'arme pétrolière pour contraindre Israël à stopper son offensive militaire dans les territoires palestiniens et obliger les Etats-Unis à se montrer plus sévères envers le gouvernement du Premier ministre israélien Ariel Sharon. Pour les courtiers, la crainte est que, même en l’absence d’embargo généralisé, la violence ne provoque une onde de choc au Proche-Orient, qui recèle les deux-tiers des réserves mondiales de brut.
Cette inquiétude est nourrie par les avertissements de certains pays producteurs. L'Irak a ainsi appelé les producteurs arabes, qui représentent la moitié de la production mondiale de brut, à utiliser la carte du pétrole. Bagdad se dit «prêt à cesser immédiatement les livraisons de brut aux États-Unis». L'Iran s'est dit également disposé mardi à envisager l'arme du pétrole si tous les pays musulmans faisaient de même, afin d’obliger les Etats-Unis à faire pression sur Israël et obtenir un retrait de ses soldats des territoires palestiniens. Le Soudan a déclaré qu’il soutiendrait le mouvement, «si tous les pays de l’Organisation de la conférence islamique étaient d’accord».
L’Arabie saoudite écarte tout danger d’embargo
La plupart des analystes, se fondant sur le manque d’écho rencontré par ces menaces au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), jugent néanmoins qu'un tel embargo est peu probable. «La possibilité d'un débordement des violences dans le secteur pétrolier est très éloignée, note un expert américain. Mais la panique encourage les achats au cas où cela arriverait. Les facteurs fondamentaux ne justifient pas ces niveaux de cours, et soyons clairs, ni les Israéliens ni les Palestiniens n'ont du pétrole».
Dans un entretien au journal Le Monde, le chef de la diplomatie saoudienne Saoud al Fayçal a d’ailleurs écarté l'utilisation de l'arme du pétrole par les pays arabes dans leur conflit avec Israël. «Le pétrole ? C'est ce dont les pays arabes ont le plus besoin pour leur développement. S'ils veulent se renforcer face à l'agression israélienne, ils n'ont d'autre choix que de continuer à exploiter le pétrole et le gaz (...) Les Israéliens comptent sur les Etats-Unis. Connaissez-vous un seul pays au monde qui dirait aux Etats arabes: nous sommes prêts à vous fournir tout ce dont vous avez besoin en armes, en argent ? Et puis, sans ces ressources, comment soutenir l'Intifada et la lutte des Palestiniens pour le recouvrement de leurs droits ?».
A elle seule, cette déclaration saoudienne est de nature à dissiper toute crainte, puisque Riyad aurait la capacité de combler très rapidement toute réduction des exportations irakiennes. D’autant que nombre d’observateurs voient surtout dans les menaces de l’Irak une manoeuvre politique destinée à reconquérir, aux yeux des populations arabes, le prestige qui était le sien lors de la Guerre du Golfe. Et que Bagdad, désigné par George W. Bush comme l’un des trois pays constituant «l’axe du mal» (avec l’Iran et la Corée du Nord), est sous la menace d’une attaque américaine.
En réalité, la hausse récente des cours du brut s’expliquerait surtout par une conjonction de facteurs, notamment les signes de reprise de l'économie mondiale, en particulier aux Etats-Unis, premier consommateur mondial de pétrole. La baisse de production de l’Opep, mise en place début janvier, a également contribué à soutenir les cours. Signe, d’ailleurs, que la tendance haussière n’est pas irrésistible, le cours du Brent se repliait mercredi matin à Londres, en raison d'une forte progression des stocks américains de brut et d'essence.
par Philippe Quillerier-Lesieur
Article publié le 03/04/2002