Proche-Orient
Sharon-Bush : l’heure de vérité
Ariel Sharon se rend Washington pour rencontrer George Bush. Dans ses bagages, un «plan de paix» visant à écarter Yasser Arafat.
C’est une visite délicate qu’entreprend Ariel Sharon qui sera reçu mardi pour la cinquième fois par George Bush depuis leur accession au pouvoir. Lorsqu’après ses cinq heures d’entretien dans son ranch texan avec le prince héritier saoudien Abdallah, le président George Bush s’est finalement résolu à prendre son téléphone pour enjoindre à Ariel Sharon de mettre fin au siège du président palestinien Arafat conformément au compromis mis au point par les Américains et les Saoudiens, il a accompagné ses pressions d’une invitation à Washington.
Aux yeux du monde extérieur, un signe de l’excellence des relations entre Sharon et George Bush. Mais le premier ministre israélien n’est pas né de la dernière pluie. Il sait mieux que quiconque que George Bush, en dépit de son penchant naturel qui le pousse instinctivement à soutenir Israël, est arrivé au point qu’atteint, tôt ou tard, chaque président américain : celui où la prise en compte des intérêts les plus larges des États-Unis l’amène à exercer des pressions sur son allié israélien.
Le prince héritier saoudien n’avait laissé aucun doute subsister : faute d’une action décisive des États-Unis, les intérêts américains dans le monde arabe seraient gravement compromis. Dans la foulée, avec l’accord de Bush et après s’être concerté avec les Européens et les Russes, Colin Powell a lancé l’idée d’une conférence internationale pour le mois de juin, probablement en Turquie. Sharon ayant lui-même, à la surprise générale, lancé l’idée d’une conférence internationale voici quelques semaines, il lui est difficile de la rejeter d’emblée.
C’est pourquoi, la meilleure défense étant l’attaque, il arrive à Washington avec un plan de paix alternatif à la proposition du «quartette» (États-Unis, Russie, Union européenne et Onu) : sans s’engager ni sur un calendrier, ni sur des frontières, Sharon propose d'instituer des zones tampons en Cisjordanie pour isoler les territoires palestiniens d'Israël et que l’Autorité palestinienne soit entièrement refondue pour administrer la vie des Palestiniens. Il s'agit d'un «plan de paix basé sur le principe d'accords intérimaires à long terme», selon un proche du chef du gouvernement israélien. Ultérieurement, si la violence a réellement disparu, un dialogue politique pourra s’engager menant un jour à un État palestinien. En réalité, alors que le comité central du Likoud s’apprête, dimanche 12 août, à se prononcer contre un État palestinien en Cisjordanie à l’initiative de son rival Benyamin Netanyahou, Ariel Sharon n’a aucunement le désir de s’engager sur ce terrain. Son objectif principal est donc de freiner le processus en tentant de convaincre les Américains que rien ne peut être fait tant que Yasser Arafat est à la tête des Palestiniens.
Pas d’alternative à Arafat actuellement
Quelques jours après avoir dû, sous la contrainte, desserrer l’étau autour de son ennemi, Ariel Sharon ne renonce pas à le déclarer «hors-jeu». Afin d’en persuader les Américains, Sharon emporte avec lui un rapport d’une centaine de pages rédigé à partir des documents saisis lors des opérations militaires en Cisjordanie et des aveux des centaines de prisonniers palestiniens interrogés depuis. Les Palestiniens soutiennent qu’il s’agit de «faux» et de «mensonges». Les Américains, circonspects, n’excluent pas qu’une partie, au moins, des documents soumis par les israéliens soient authentiques, mais Washington n’en tire pas la même conclusion qu’Israël. Les intenses pressions menées par les alliés arabes de Washington et par l’Europe, et l’incontestable regain de popularité chez les Palestiniens de Yasser Arafat, provoqué par son isolement forcé, a fini par persuader George Bush, dont l’aversion pour le leader palestinien est pourtant viscérale, qu’il n’existait pas d’alternative actuellement à un dialogue avec ce dernier si des négociations de paix doivent s’engager.
C’est pourquoi, avant même ses entretiens à la Maison Blanche de mardi, Ariel Sharon va tenter de mobiliser tous les soutiens qu’il peut trouver aux États-Unis au sein de la communauté juive, auprès du Congrès qui vient d’adopter une motion de soutien à Israël et chez les faucons de l’administration américaine, tels Ronald Rumsfeld ou Dick Cheney dans l’espoir d’infléchir la position de George W. Bush que l’on dit très ébranlé par sa rencontre avec le prince héritier saoudien, et qui s’apprête à recevoir le roi Jordanie. Écartelé entre Sharon, Abdallah d’Arabie, Abdallah de Jordanie, les Européens, les modérés du département d’État, les extrémistes du Congrès et du Pentagone, George W. Bush qui avait tout fait pour éviter de s’engager dans le conflit du Proche-Orient comme Clinton, va devoir démontrer le sens de l’État et le leadership qu’il ne cesse d’exiger des dirigeants arabes et de Yasser Arafat.
Aux yeux du monde extérieur, un signe de l’excellence des relations entre Sharon et George Bush. Mais le premier ministre israélien n’est pas né de la dernière pluie. Il sait mieux que quiconque que George Bush, en dépit de son penchant naturel qui le pousse instinctivement à soutenir Israël, est arrivé au point qu’atteint, tôt ou tard, chaque président américain : celui où la prise en compte des intérêts les plus larges des États-Unis l’amène à exercer des pressions sur son allié israélien.
Le prince héritier saoudien n’avait laissé aucun doute subsister : faute d’une action décisive des États-Unis, les intérêts américains dans le monde arabe seraient gravement compromis. Dans la foulée, avec l’accord de Bush et après s’être concerté avec les Européens et les Russes, Colin Powell a lancé l’idée d’une conférence internationale pour le mois de juin, probablement en Turquie. Sharon ayant lui-même, à la surprise générale, lancé l’idée d’une conférence internationale voici quelques semaines, il lui est difficile de la rejeter d’emblée.
C’est pourquoi, la meilleure défense étant l’attaque, il arrive à Washington avec un plan de paix alternatif à la proposition du «quartette» (États-Unis, Russie, Union européenne et Onu) : sans s’engager ni sur un calendrier, ni sur des frontières, Sharon propose d'instituer des zones tampons en Cisjordanie pour isoler les territoires palestiniens d'Israël et que l’Autorité palestinienne soit entièrement refondue pour administrer la vie des Palestiniens. Il s'agit d'un «plan de paix basé sur le principe d'accords intérimaires à long terme», selon un proche du chef du gouvernement israélien. Ultérieurement, si la violence a réellement disparu, un dialogue politique pourra s’engager menant un jour à un État palestinien. En réalité, alors que le comité central du Likoud s’apprête, dimanche 12 août, à se prononcer contre un État palestinien en Cisjordanie à l’initiative de son rival Benyamin Netanyahou, Ariel Sharon n’a aucunement le désir de s’engager sur ce terrain. Son objectif principal est donc de freiner le processus en tentant de convaincre les Américains que rien ne peut être fait tant que Yasser Arafat est à la tête des Palestiniens.
Pas d’alternative à Arafat actuellement
Quelques jours après avoir dû, sous la contrainte, desserrer l’étau autour de son ennemi, Ariel Sharon ne renonce pas à le déclarer «hors-jeu». Afin d’en persuader les Américains, Sharon emporte avec lui un rapport d’une centaine de pages rédigé à partir des documents saisis lors des opérations militaires en Cisjordanie et des aveux des centaines de prisonniers palestiniens interrogés depuis. Les Palestiniens soutiennent qu’il s’agit de «faux» et de «mensonges». Les Américains, circonspects, n’excluent pas qu’une partie, au moins, des documents soumis par les israéliens soient authentiques, mais Washington n’en tire pas la même conclusion qu’Israël. Les intenses pressions menées par les alliés arabes de Washington et par l’Europe, et l’incontestable regain de popularité chez les Palestiniens de Yasser Arafat, provoqué par son isolement forcé, a fini par persuader George Bush, dont l’aversion pour le leader palestinien est pourtant viscérale, qu’il n’existait pas d’alternative actuellement à un dialogue avec ce dernier si des négociations de paix doivent s’engager.
C’est pourquoi, avant même ses entretiens à la Maison Blanche de mardi, Ariel Sharon va tenter de mobiliser tous les soutiens qu’il peut trouver aux États-Unis au sein de la communauté juive, auprès du Congrès qui vient d’adopter une motion de soutien à Israël et chez les faucons de l’administration américaine, tels Ronald Rumsfeld ou Dick Cheney dans l’espoir d’infléchir la position de George W. Bush que l’on dit très ébranlé par sa rencontre avec le prince héritier saoudien, et qui s’apprête à recevoir le roi Jordanie. Écartelé entre Sharon, Abdallah d’Arabie, Abdallah de Jordanie, les Européens, les modérés du département d’État, les extrémistes du Congrès et du Pentagone, George W. Bush qui avait tout fait pour éviter de s’engager dans le conflit du Proche-Orient comme Clinton, va devoir démontrer le sens de l’État et le leadership qu’il ne cesse d’exiger des dirigeants arabes et de Yasser Arafat.
par Olivier Da Lage
Article publié le 05/05/2002