Proche-Orient
Dans le quartier général d’Arafat libéré
Après 34 jours de siège, Yasser Arafat a pu sortir de son quartier général de Ramallah. L’armée israélienne a relaché la pression après le transfert des assassins d’un ministre israélien vers la prison de Jéricho sous contrôle américano-britannique.
De notre correspondant dans les Territoires palestiniens
Jeudi 2 mai, une heure du matin à Ramallah. Une sarabande de voitures, klaxons hurlants, traverse le centre ville. Les policiers et les Tanzim qui déambulaient, la kalachnikov en bandoulière depuis deux heures, font vrombir leur moteur. Au bout, la voie est libre. L’armée israélienne est partie. La ruée vers la Moukataa peut commencer.
En l’espace d’une demi-heure, le palais présidentiel est assailli par une foule de trois à quatre cent personnes en liesse. Chebab, notables, combattants: ils chantent «Nous entrerons par millions dans Jérusalem». Ils débordent les colosses barbus de la Force 17, la garde personnelle de Yasser Arafat puis ils s’engouffrent dans les escaliers du QG. Le «Raïs» les attend dans son bureau au premier étage. Vivant, combatif. La télévision montre la basilique de la Nativité en flammes à Bethléem. Il tonne aussitôt: «Ce qui m’est arrivé n’est pas important. L’important, c’est ce qui se passe dans l’Eglise de la Nativité. C’est un crime». Après Beyrouth en 1982, c’est la deuxième fois en 20 ans que le numéro un palestinien sort indemne d’une souricière israélienne.
L’épilogue du siège avait commencé quelques heures plus tôt. Vers 21h00 mercredi, six Palestiniens sortent du palais entouré par des gros bras américains. Il y a là Hamdi Quran, Basel Al-Asmar, Majdi Rimawi et Ahad Gholmy, les quatre militants du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) reconnus coupables de l’assassinat du ministre israélien du Tourisme, Réhavam Zé’evi. Leur procès a eu lieu il y a quelques jours devant un tribunal réuni à la sauvette, à l’intérieur même de la Moukataa. Il y a aussi Ahmed Saadat, le secrétaire général du FPLP qui a revendiqué l’assassinat et Fouad Shubeiki, l’armateur présumé du Karine A, un cargo remplis d’armes, arraisonné par la marine israélienne. Aux termes d’un accord tripartite, Sharon-Bush-Arafat, ces hommes doivent être transférés dans la prison de Jéricho où ils seront gardés par un service de sécurité américano-britannique. En contrepartie, le siège de la Moukataa est levé.
Arafat inspecte les bâtiments détruits
Le convoi s’ébranle donc à 21h30. Dix neuf véhicules, des voitures diplomatiques, et des engins militaires, prennent la direction de Jéricho. Un défilé à faible allure, silencieux, balayé par le projecteur d’un tank Merkava posté sur côté. Quand l’état-major israélien apprend que les hommes sont sous les verrous, une heure plus tard, l’ordre de retrait est donné. Un bulldozer suivi d’un camion générateur et de plusieurs blindés légers évacuent la zone au son du craquement des chenilles sur le bitume.
A ce moment, le Manara, la place centrale de Ramallah est quasiment vide. Le couvre-feu est encore dans toutes les têtes. Mais au fur et à mesure que la ville se vide de soldats, elle se remplit d’habitants. Les policiers sont là, mais aussi la fine fleur de l’Intifada: les Tanzims et les militants des Brigades des martyrs d’Al Aqsa, deux milices armées proches du Fatah, le parti de Yasser Arafat. Tous paradent l’arme au poing, comme s’ils célébraient une victoire. «C’est ma terre, c’est ma ville, je devais être là aujourd’hui», dit l’un d’eux.
Tant pis si la veille, Mustapha Aïssa, le gouverneur de Ramallah, avait formellement interdit le port d’armes aux civils. Ce soir, le Manara est rendu à l’Intifada. Des voitures tapissées du drapeau palestinien foncent à tombereau ouvert dans la rue Ihsal. Dans quelques minutes, elle seront au pied du Moukataa.
Dans la matinée, après quelques heures de sommeil, Yasser Arafat est à nouveau accueilli par des centaines de Palestiniens. Et cette fois ci, il sort dehors. Il visite l’hôpital de Ramallah, où il se recueille quelques instants, dans l’arrière cour qui servit de cimetière de fortune. Puis il inspecte les bâtiments détruits par l’armée israélienne. A une question sur son engagement en faveur de la paix, il répond: «Je ne peux pas oublier la paix des braves que j’ai signée avec mon partenaire Rabin qui a été tué par ces groupes de fanatiques qui sont maintenant au pouvoir en Israël», dit-il notamment. Puis il repart dans son palais. La suite de son programme n’est pas encore connue. Le «Raïs» devrait probablement visiter les villes les plus détruites de la Cisjordanie. Notamment Naplouse et Jénine, qu’il a rebaptisé «Jeningrad», en allusion à Stalingrad, la défaite allemande en URSS. Partira-t-il ensuite à l’étranger pour un check up médical? La réponse est entre les mains d’Ariel Sharon. Il a affirmé hier ne pas pouvoir garantir au président palestinien qu’il pourra rentrer dans les Territoires en cas de voyage à l’étranger.
Jeudi 2 mai, une heure du matin à Ramallah. Une sarabande de voitures, klaxons hurlants, traverse le centre ville. Les policiers et les Tanzim qui déambulaient, la kalachnikov en bandoulière depuis deux heures, font vrombir leur moteur. Au bout, la voie est libre. L’armée israélienne est partie. La ruée vers la Moukataa peut commencer.
En l’espace d’une demi-heure, le palais présidentiel est assailli par une foule de trois à quatre cent personnes en liesse. Chebab, notables, combattants: ils chantent «Nous entrerons par millions dans Jérusalem». Ils débordent les colosses barbus de la Force 17, la garde personnelle de Yasser Arafat puis ils s’engouffrent dans les escaliers du QG. Le «Raïs» les attend dans son bureau au premier étage. Vivant, combatif. La télévision montre la basilique de la Nativité en flammes à Bethléem. Il tonne aussitôt: «Ce qui m’est arrivé n’est pas important. L’important, c’est ce qui se passe dans l’Eglise de la Nativité. C’est un crime». Après Beyrouth en 1982, c’est la deuxième fois en 20 ans que le numéro un palestinien sort indemne d’une souricière israélienne.
L’épilogue du siège avait commencé quelques heures plus tôt. Vers 21h00 mercredi, six Palestiniens sortent du palais entouré par des gros bras américains. Il y a là Hamdi Quran, Basel Al-Asmar, Majdi Rimawi et Ahad Gholmy, les quatre militants du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) reconnus coupables de l’assassinat du ministre israélien du Tourisme, Réhavam Zé’evi. Leur procès a eu lieu il y a quelques jours devant un tribunal réuni à la sauvette, à l’intérieur même de la Moukataa. Il y a aussi Ahmed Saadat, le secrétaire général du FPLP qui a revendiqué l’assassinat et Fouad Shubeiki, l’armateur présumé du Karine A, un cargo remplis d’armes, arraisonné par la marine israélienne. Aux termes d’un accord tripartite, Sharon-Bush-Arafat, ces hommes doivent être transférés dans la prison de Jéricho où ils seront gardés par un service de sécurité américano-britannique. En contrepartie, le siège de la Moukataa est levé.
Arafat inspecte les bâtiments détruits
Le convoi s’ébranle donc à 21h30. Dix neuf véhicules, des voitures diplomatiques, et des engins militaires, prennent la direction de Jéricho. Un défilé à faible allure, silencieux, balayé par le projecteur d’un tank Merkava posté sur côté. Quand l’état-major israélien apprend que les hommes sont sous les verrous, une heure plus tard, l’ordre de retrait est donné. Un bulldozer suivi d’un camion générateur et de plusieurs blindés légers évacuent la zone au son du craquement des chenilles sur le bitume.
A ce moment, le Manara, la place centrale de Ramallah est quasiment vide. Le couvre-feu est encore dans toutes les têtes. Mais au fur et à mesure que la ville se vide de soldats, elle se remplit d’habitants. Les policiers sont là, mais aussi la fine fleur de l’Intifada: les Tanzims et les militants des Brigades des martyrs d’Al Aqsa, deux milices armées proches du Fatah, le parti de Yasser Arafat. Tous paradent l’arme au poing, comme s’ils célébraient une victoire. «C’est ma terre, c’est ma ville, je devais être là aujourd’hui», dit l’un d’eux.
Tant pis si la veille, Mustapha Aïssa, le gouverneur de Ramallah, avait formellement interdit le port d’armes aux civils. Ce soir, le Manara est rendu à l’Intifada. Des voitures tapissées du drapeau palestinien foncent à tombereau ouvert dans la rue Ihsal. Dans quelques minutes, elle seront au pied du Moukataa.
Dans la matinée, après quelques heures de sommeil, Yasser Arafat est à nouveau accueilli par des centaines de Palestiniens. Et cette fois ci, il sort dehors. Il visite l’hôpital de Ramallah, où il se recueille quelques instants, dans l’arrière cour qui servit de cimetière de fortune. Puis il inspecte les bâtiments détruits par l’armée israélienne. A une question sur son engagement en faveur de la paix, il répond: «Je ne peux pas oublier la paix des braves que j’ai signée avec mon partenaire Rabin qui a été tué par ces groupes de fanatiques qui sont maintenant au pouvoir en Israël», dit-il notamment. Puis il repart dans son palais. La suite de son programme n’est pas encore connue. Le «Raïs» devrait probablement visiter les villes les plus détruites de la Cisjordanie. Notamment Naplouse et Jénine, qu’il a rebaptisé «Jeningrad», en allusion à Stalingrad, la défaite allemande en URSS. Partira-t-il ensuite à l’étranger pour un check up médical? La réponse est entre les mains d’Ariel Sharon. Il a affirmé hier ne pas pouvoir garantir au président palestinien qu’il pourra rentrer dans les Territoires en cas de voyage à l’étranger.
par Benjamin Barthe
Article publié le 02/05/2002