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Proche-Orient

Vers la fin du siège de la Nativité

Lundi 6 mai, la levée du siège de la Basilique de la Nativité à Bethléem (Cisjordanie) semblait devoir intervenir dans les prochaines heures, selon le gouverneur de la ville. Négociateurs palestiniens et israéliens ont trouvé dimanche soir un terrain d’entente sur le sort des 180 Palestiniens retranchés dans le complexe religieux depuis 35 jours.
Bethléem est dans l’attente. Lundi matin, la levée du siège de la basilique de la Nativité n’était plus qu’une «question d'heures», selon l’expression du gouverneur de Bethléem, Mohammed al-Madani. Celui-ci se trouve depuis cinq semaines à l'intérieur de l’édifice, aux côtés de quelque 180 Palestiniens, accusés pour certains de «terrorisme» par Israël, d'une trentaine de religieux, et de dix pacifistes étrangers ayant réussi à s’introduire dans le complexe. En milieu de journée, le maire de Bethléem Hanna Nasser expliquait que «ce n'est pas encore signé mais cela en est très proche».

Les négociateurs israéliens et palestiniens discutaient des modalités pratiques d'un plan prévoyant le bannissement de certains assiégés. De son côté, l'armée israélienne s'est pour l'instant contentée de reconnaître qu'un accord est «proche». Selon un haut responsable palestinien ayant requis l'anonymat, les parties aux négociations ne discutent plus que des modalités pratiques de l'accord permettant de «libérer» le lieu saint.

Cette solution négociée prévoit que six hommes parmi les Palestiniens retranchés depuis le 2 avril seront expulsés à l'étranger, vraisemblablement en Italie. Trente-cinq autres seraient conduits à Gaza, pour être jugés par les autorités palestiniennes. Le reste des personnes assiégées pourront rejoindre leur domicile. Selon les termes envisagés, les six personnes expulsées sont cinq membres des Brigades des martyrs d'al-Aqsa, la branche armée du Fatah, le mouvement de Yasser Arafat, et Abdallah Daoud, le chef des services secrets palestiniens de Bethléem.

Supervision américaine et britannique

Selon le responsable palestinien, les Israéliens ont trois exigences annexes. Ils demandent une période de deux jours pour se retirer de Bethléem, toujours sous couvre-feu. Ils réclament également que les six Palestiniens soient traduits devant la Justice israélienne. Cette dernière leur notifierait leur expulsion. Ils exigent enfin de procéder au «fichage» des hommes qui seraient envoyés à Gaza.

Malgré cet optimisme partagé, le maire de Bethléem estime que des divergences persistent sur le nombre de Palestiniens qui seraient expulsés, l’armée israélienne donnant quatorze noms, tandis que Yasser Arafat ne serait prêt à en accepter que sept. Une liste des Palestiniens retranchés dans la basilique de la Nativité avait été remise samedi soir, sur instruction du président de l'Autorité palestinienne, aux chargés des négociations.

«Maintenant que les Israéliens disposent de la liste et savent qui est à l'intérieur et qui n'y est pas, ils font durer notre calvaire et exigent sans cesse l'expulsion de personnes supplémentaires», a accusé lundi un combattant palestinien, joint au téléphone dans l'église par l’AFP. «Cette attente est en train de tuer les gens à l'intérieur», a estimé le maire de Bethléem Hanna Nasser.

Dès le début de la matinée, les médias internationaux avaient pris place aux abords de la place de la Mangeoire, sur laquelle donne la basilique. Les journalistes attendaient l'arrivée de deux responsables palestiniens chargés d'organiser l'évacuation des assiégés de l'église, conjointement avec l'armée israélienne, ainsi que de collecter les armes. Selon une source palestinienne, le dispositif serait mis en œuvre sous supervision américaine et britannique, comme pour la récente levée du siège du quartier général du président Yasser Arafat à Ramallah.



par Philippe  Quillerier-Lesieur (avec AFP)

Article publié le 06/05/2002