Proche-Orient
Divergences entre Bush et Sharon
Les deux dirigeants divergent toujours sur le processus de paix. Alors qu'ils se rencontraient, un attentat suicide a provoqué la mort d'au moins quinze Israéliens.
De notre correspondant à New York
A l'instant même où Ariel Sharon franchissait le pas de la porte du bureau de George Bush a Washington, un attentat suicide a fait au moins quinze morts et soixante blessés dans une salle billard israëlienne à Rishon Le Zion, au sud de Tel-Aviv. L'attentat, le premier depuis presque un mois, a été revendiqué par un homme se réclamant du Hamas qui a annoncé une série d'attaque cette semaine, en représailles à l'attaque israëlienne dans le camp de Jénine. L'onde de choc de cette détonation a eu des effets immédiats à Washington, où le président Bush a présenté ses condoléances, tout en exprimant son «dégoût pour ce gâchis injustifié de vies humaines». Le premier ministre israélien a annulé la fin de sa tournée américaine, alors qu'il devait hier soir rencontrer des membres du Congrès américain, avant de retrouver aujourd'hui la communauté juive de New York. Il a préféré rentrer en Israël, comme il l'avait fait en décembre dernier dans des circonstances similaires.
Ariel Sharon a jugé «prématurées» les négociations sur un futur Etat palestinien indépendant. «Je pense qu'il faut premièrement prendre des dispositions en vue d'une véritable réforme de l'Autorité palestininenne», a-t-il affirmé. En contre-pied, George Bush a évoqué le «développement d'un État qui peut aider à apporter la sécurité et l'espoir pour le peuple palestinien et les Israéliens». Alors que le président américain semble déterminé à accélérer le processus de paix, Ariel Sharon traîne des pieds. Il tente toujours sans succès de disqualifier Yasser Arafat aux yeux de son allié américain qui continue à en faire un interlocuteur central -quand bien même il n'est un secret pour personne que George Bush n'aime pas le leader palestinien, pas plus qu'il ne lui fait confiance. Alors qu'un journaliste lui demandait s'il était prêt à exiger de Sharon qu'il s'entretienne avec Arafat, George Bush a répondu : «Jamais je ne dicterai à mon ami le Premier ministre ce qu'il doit faire». Les deux hommes sont aussi en désaccord sur le rôle joué par l'Arabie Saoudite dans le processus de paix. Alors que George Bush semble avoir été convaincu par le prince saoudien Abdallah qu'il a récemment invité dans son ranch, Ariel Sharon ne voit dans cet État qu'un suppôt de plus du terrorisme.
Bush envoie le directeur de la CIA dans la région
Montrant que l'engagement américain au Proche-Orient atteignait un nouveau pallier, George Bush a annoncé qu'il renverrait dans la région le directeur de la CIA George Tenet pour aider les forces de sécurité palestiniennes à enrayer le terrorisme. Il a toutfois annoncé cette mesure avant d'apprendre la nouvelle de l'attentat suicide qui pourrait le conduire à réévaluer sa décision. «Je pense qu'il est très important qu'il y ait une force de sécurité unifiée» a expliqué le président américain. Selon lui, plusieurs leaders du monde arabe ont pressé Yasser Arafat de moderniser et de démocratiser son organisation. «Le monde se rallie derrière ces réformes», a-t-il assuré, alors qu'il doit ce mercredi rencontrer le roi Abdallah II de Jordanie.
En coulisse, le président américain aurait également demandé à Ariel Sharon de lever le blocus économique qui étrangle les territoires palestiniens, notamment en restituant à l'autorité palestinienne le produit des taxes qui lui reviennent. A plusieurs reprises, le premier ministre israélien a refusé de rendre cet argent au prétexte qu'il servirait à financer le terrorisme, mais le président américain a déjà promis 100 millions de dollars d'aide aux Palestiniens. George Bush aurait également rappelé à Israël les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU qui appellent à un retrait des territoires occupés, tout en demandant au leader israélien de faire preuve de retenue sur la question des colonies.
Avant l'attentat suicide palestinien, cette rencontre pouvait potentiellement débloquer la situation. Israéliens et Palestiniens sont tombés d'accord pour mettre un terme au siège de la basilique de la nativité à Bethléem qui dure depuis 35 jours. «Je pense qu'il y a maintenant une chance pour entamer une avancée» a commenté Ariel Sharon. L'accord prévoit l'exil de treize militants palestiniens retranchés dans l'église et qualifiés par Israël de «très dangereux terroristes». Le secrétaire d'Etat américain a tenté à plusieurs reprises hier de convaincre le président du conseil italien Silvio Berlusconi d'accepter d'accueillir sur son sol les 13 Palestiniens. Un autre groupe de 26 hommes, jugés moins dangereux, devait être incarcéré dans la bande de Gaza sous surveillance Américaine. Les 84 personnes restantes auraient dû selon cet accord se soumettre à un examen de l'armée israëlienne avant de recouvrer leur liberté.
«Nous avons trouvé un accord pour résoudre la crise», a expliqué le lieutenant-colonel Oliver Rafowicz, porte-parole de l'armée israélienne. «Sa mise en oeuvre est bloquée parce qu'aucun pays n'est prêt à accepter les terroristes». Le siège de Bethléem est l'un des derniers points de blocage. Le président Bush a demandé un retrait total des Israéliens des territoires Palestiniens. C'est également la condition exigée par les pays arabes pour participer à une conférence de paix internationale.
A l'instant même où Ariel Sharon franchissait le pas de la porte du bureau de George Bush a Washington, un attentat suicide a fait au moins quinze morts et soixante blessés dans une salle billard israëlienne à Rishon Le Zion, au sud de Tel-Aviv. L'attentat, le premier depuis presque un mois, a été revendiqué par un homme se réclamant du Hamas qui a annoncé une série d'attaque cette semaine, en représailles à l'attaque israëlienne dans le camp de Jénine. L'onde de choc de cette détonation a eu des effets immédiats à Washington, où le président Bush a présenté ses condoléances, tout en exprimant son «dégoût pour ce gâchis injustifié de vies humaines». Le premier ministre israélien a annulé la fin de sa tournée américaine, alors qu'il devait hier soir rencontrer des membres du Congrès américain, avant de retrouver aujourd'hui la communauté juive de New York. Il a préféré rentrer en Israël, comme il l'avait fait en décembre dernier dans des circonstances similaires.
Ariel Sharon a jugé «prématurées» les négociations sur un futur Etat palestinien indépendant. «Je pense qu'il faut premièrement prendre des dispositions en vue d'une véritable réforme de l'Autorité palestininenne», a-t-il affirmé. En contre-pied, George Bush a évoqué le «développement d'un État qui peut aider à apporter la sécurité et l'espoir pour le peuple palestinien et les Israéliens». Alors que le président américain semble déterminé à accélérer le processus de paix, Ariel Sharon traîne des pieds. Il tente toujours sans succès de disqualifier Yasser Arafat aux yeux de son allié américain qui continue à en faire un interlocuteur central -quand bien même il n'est un secret pour personne que George Bush n'aime pas le leader palestinien, pas plus qu'il ne lui fait confiance. Alors qu'un journaliste lui demandait s'il était prêt à exiger de Sharon qu'il s'entretienne avec Arafat, George Bush a répondu : «Jamais je ne dicterai à mon ami le Premier ministre ce qu'il doit faire». Les deux hommes sont aussi en désaccord sur le rôle joué par l'Arabie Saoudite dans le processus de paix. Alors que George Bush semble avoir été convaincu par le prince saoudien Abdallah qu'il a récemment invité dans son ranch, Ariel Sharon ne voit dans cet État qu'un suppôt de plus du terrorisme.
Bush envoie le directeur de la CIA dans la région
Montrant que l'engagement américain au Proche-Orient atteignait un nouveau pallier, George Bush a annoncé qu'il renverrait dans la région le directeur de la CIA George Tenet pour aider les forces de sécurité palestiniennes à enrayer le terrorisme. Il a toutfois annoncé cette mesure avant d'apprendre la nouvelle de l'attentat suicide qui pourrait le conduire à réévaluer sa décision. «Je pense qu'il est très important qu'il y ait une force de sécurité unifiée» a expliqué le président américain. Selon lui, plusieurs leaders du monde arabe ont pressé Yasser Arafat de moderniser et de démocratiser son organisation. «Le monde se rallie derrière ces réformes», a-t-il assuré, alors qu'il doit ce mercredi rencontrer le roi Abdallah II de Jordanie.
En coulisse, le président américain aurait également demandé à Ariel Sharon de lever le blocus économique qui étrangle les territoires palestiniens, notamment en restituant à l'autorité palestinienne le produit des taxes qui lui reviennent. A plusieurs reprises, le premier ministre israélien a refusé de rendre cet argent au prétexte qu'il servirait à financer le terrorisme, mais le président américain a déjà promis 100 millions de dollars d'aide aux Palestiniens. George Bush aurait également rappelé à Israël les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU qui appellent à un retrait des territoires occupés, tout en demandant au leader israélien de faire preuve de retenue sur la question des colonies.
Avant l'attentat suicide palestinien, cette rencontre pouvait potentiellement débloquer la situation. Israéliens et Palestiniens sont tombés d'accord pour mettre un terme au siège de la basilique de la nativité à Bethléem qui dure depuis 35 jours. «Je pense qu'il y a maintenant une chance pour entamer une avancée» a commenté Ariel Sharon. L'accord prévoit l'exil de treize militants palestiniens retranchés dans l'église et qualifiés par Israël de «très dangereux terroristes». Le secrétaire d'Etat américain a tenté à plusieurs reprises hier de convaincre le président du conseil italien Silvio Berlusconi d'accepter d'accueillir sur son sol les 13 Palestiniens. Un autre groupe de 26 hommes, jugés moins dangereux, devait être incarcéré dans la bande de Gaza sous surveillance Américaine. Les 84 personnes restantes auraient dû selon cet accord se soumettre à un examen de l'armée israëlienne avant de recouvrer leur liberté.
«Nous avons trouvé un accord pour résoudre la crise», a expliqué le lieutenant-colonel Oliver Rafowicz, porte-parole de l'armée israélienne. «Sa mise en oeuvre est bloquée parce qu'aucun pays n'est prêt à accepter les terroristes». Le siège de Bethléem est l'un des derniers points de blocage. Le président Bush a demandé un retrait total des Israéliens des territoires Palestiniens. C'est également la condition exigée par les pays arabes pour participer à une conférence de paix internationale.
par Philippe Bolopion
Article publié le 08/05/2002