Mali
Duel Cissé-Toumani Touré pour le deuxième tour
L’ancien président Amadou Toumani Touré et Soumaïla Cissé, candidat du parti au pouvoir, s’affronteront le 12 mai au second tour de la présidentielle. Ibrahim Kéita, arrivé troisième, dénonce les irrégularités et demande l’annulation du premier tour.
De notre correspondant à Bamako
Dans une élection , généralement il y a quatre niveaux de fraudes. Lors du recensement qui sert de base à l’établissement des listes électorales, lors de l’établissement et de la distribution des cartes d’électeurs, le jour du vote et au décompte des voix.
Aux deux dernières étapes, ici il y a eu problème. En tout cas les désormais «trois premiers» de la classe politique malienne ont introduit des recours auprès de la Cour Constitutionnelle : le général Amadou Toumani Touré arrivé en tête du premier tour avec 27, 98% des suffrages exprimés, Soumaïla Cissé, candidat au pouvoir avec 22,74% et l’ancien premier ministre malien Ibrahim Boubacar Kéita avec 20,65%.
Le plus «révolté» est Ibrahim Boubacar Kéita («IBK»). Il a fait une bonne campagne, soulevé les foules, et au finish il se retrouve dernier du tiercé. «C’est grossier et grotesque» confie t-il à RFI, drapé dans l’un de ses célèbres boubous baptisés «IBK». Il poursuit : «On ne peut pas justifier l’absence de procès-verbaux lors du décompte. Nous avons introduit une corbeille de revendications devant la Cour Constitutionnelle et j’attends sereinement». Le ministre de l’Administration territoriale Ousmane Sy se défend en précisant que tous «Les procès-verbaux ont été pris en compte ».
La Commission électorale nationale indépendante (CENI, qui a un rôle de supervision des élections) s’invite au débat. Sur deux points, son président Me Moustapha Cissé, reconnu pour sa rigueur, signe : 1/ Pour le moment on ne peut pas dire qu’il y a des fraudes .2/ La publication des résultats partiels a été inéquitable. Des résultats favorables à certains candidats ont été diffusé avant d’autres qui leur étaient défavorables. 3/ Les PV n’ont pas toujours été consultés. Réaction du ministère: «ce n’est pas vrai». La balle est aujourd’hui dans le camp de la Cour Constitutionnelle.
En attendant, Ibrahim Boubacar Kéita va-t-il appeler ses partisans à contester en prenant la rue ? La réponse de l’homme qui a déjà gagné ici ses galons d’homme d’État était du reste connue : «Pas question. J’appelle mes militants au calme. Même s’il est difficile de les contenir». La première pensée des deux «finalistes» pour le second tour, est allée à leurs militants. Mots de remerciements, appel à l’unité. Bien qu’en tête du premier tour, le général ATT a eu ses mots diversement commentés: «Je me suis quand même rendu compte que le terrain politique est plus rude que le terrain militaire». Soumaïla Cissé, de son côté, retranché dans un hôtel huppé, l’allure de jeune premier, fait le bilan de sa campagne: «positif».
Kéita attend sa revanche
Les observateurs nationaux et internationaux, ont assisté à l’élection. Pour les premiers, malgré quelques ratés, le vote s’est «généralement bien déroulé». La réaction des deuxièmes n’est pas encore connue. Sous peu, les neuf sages de la cour constitutionnelle vont rendre public les résultats définitifs après avoir étudié les recours. En attendant on peut tirer quelques leçons du scrutin du 28 avril dernier.
Dès le premier tour, les Maliens ont voté «utile». Ainsi, les trois qui arrivent en tête de la liste des 24 candidats se partagent environ 70% des suffrages exprimés. Autre enseignement, on assiste à une recomposition totale de la classe politique malienne. Jusque-là, la visibilité n’était pas nette compte tenu du fait que l’opposition malienne ayant boycotté les élections de 1997, l’assemblée nationale malienne était monocolore, même si 37 députés de l’Adéma ont rejoint
l’opposition parlementaire autour d’IBK.
Le taux de participation est de 38,58%, supérieur à celui de 1997. Les Maliens ont été voter. Et hormis les quelques problèmes d’organisation (cartes d’électeurs manquants, ouverture tardive de certains bureaux de votes etc.) ce taux de participation aurait pu avoisiner les 50%. En vue du deuxième tour, les négociations de coulisse ont déjà commencé. Nuitamment, de rutilantes voitures sont garées devant le domicile des candidats «malheureux». Et on négocie, selon de bonnes sources, quartier par quartier. Le général Amadou Toumani Touré a déjà obtenu un premier ralliement, celui de Tiébilé Dramé du Parena, parti pour la renaissance nationale.
Mais en attendant les résultats de la cour constitutionnelle, l’homme le «plus dragué politiquement» aujourd’hui est Ibrahim Boubacar Kéita arrivé troisième. «c’est le prince faiseur de rois», reconnaît-on ici. L’un des deux finalistes «provisoires» rêve déjà de commander pour le deuxième tour des affiches avec une photo en compagnie d’Ibrahim Boubacar Kéita avec ce slogan «ensemble construisons le Mali».
Dans un pays où les négociations se font par personnes interposées (opération de désherbage ) on attend de voir qui d’entre Soumaïla Cissé et Amadou Toumany Touré aura son «visa». Interrogé par RFI dans sa vaste et belle résidence privée de Bamako , l’intéressé très détendu fait dansun premier temps la moue. Réfléchit et lâche : «voyons venir, le moment venu j’en discuterai avec mes camarades». «Poussé» dans ses derniers retranchements, il attend sa revanche. «Vous savez, j’ai de la mémoire. La consigne, c’était tout sauf IBK. Et cette consigne, on savait d’où elle venait»
En attendant, la rue est calme. Le climat social n’est pas tendu, mais un peu crispé. C’est vrai que les partisans de IBK sont persuadés qu’on leur a «volé» leur victoire.
Dans une élection , généralement il y a quatre niveaux de fraudes. Lors du recensement qui sert de base à l’établissement des listes électorales, lors de l’établissement et de la distribution des cartes d’électeurs, le jour du vote et au décompte des voix.
Aux deux dernières étapes, ici il y a eu problème. En tout cas les désormais «trois premiers» de la classe politique malienne ont introduit des recours auprès de la Cour Constitutionnelle : le général Amadou Toumani Touré arrivé en tête du premier tour avec 27, 98% des suffrages exprimés, Soumaïla Cissé, candidat au pouvoir avec 22,74% et l’ancien premier ministre malien Ibrahim Boubacar Kéita avec 20,65%.
Le plus «révolté» est Ibrahim Boubacar Kéita («IBK»). Il a fait une bonne campagne, soulevé les foules, et au finish il se retrouve dernier du tiercé. «C’est grossier et grotesque» confie t-il à RFI, drapé dans l’un de ses célèbres boubous baptisés «IBK». Il poursuit : «On ne peut pas justifier l’absence de procès-verbaux lors du décompte. Nous avons introduit une corbeille de revendications devant la Cour Constitutionnelle et j’attends sereinement». Le ministre de l’Administration territoriale Ousmane Sy se défend en précisant que tous «Les procès-verbaux ont été pris en compte ».
La Commission électorale nationale indépendante (CENI, qui a un rôle de supervision des élections) s’invite au débat. Sur deux points, son président Me Moustapha Cissé, reconnu pour sa rigueur, signe : 1/ Pour le moment on ne peut pas dire qu’il y a des fraudes .2/ La publication des résultats partiels a été inéquitable. Des résultats favorables à certains candidats ont été diffusé avant d’autres qui leur étaient défavorables. 3/ Les PV n’ont pas toujours été consultés. Réaction du ministère: «ce n’est pas vrai». La balle est aujourd’hui dans le camp de la Cour Constitutionnelle.
En attendant, Ibrahim Boubacar Kéita va-t-il appeler ses partisans à contester en prenant la rue ? La réponse de l’homme qui a déjà gagné ici ses galons d’homme d’État était du reste connue : «Pas question. J’appelle mes militants au calme. Même s’il est difficile de les contenir». La première pensée des deux «finalistes» pour le second tour, est allée à leurs militants. Mots de remerciements, appel à l’unité. Bien qu’en tête du premier tour, le général ATT a eu ses mots diversement commentés: «Je me suis quand même rendu compte que le terrain politique est plus rude que le terrain militaire». Soumaïla Cissé, de son côté, retranché dans un hôtel huppé, l’allure de jeune premier, fait le bilan de sa campagne: «positif».
Kéita attend sa revanche
Les observateurs nationaux et internationaux, ont assisté à l’élection. Pour les premiers, malgré quelques ratés, le vote s’est «généralement bien déroulé». La réaction des deuxièmes n’est pas encore connue. Sous peu, les neuf sages de la cour constitutionnelle vont rendre public les résultats définitifs après avoir étudié les recours. En attendant on peut tirer quelques leçons du scrutin du 28 avril dernier.
Dès le premier tour, les Maliens ont voté «utile». Ainsi, les trois qui arrivent en tête de la liste des 24 candidats se partagent environ 70% des suffrages exprimés. Autre enseignement, on assiste à une recomposition totale de la classe politique malienne. Jusque-là, la visibilité n’était pas nette compte tenu du fait que l’opposition malienne ayant boycotté les élections de 1997, l’assemblée nationale malienne était monocolore, même si 37 députés de l’Adéma ont rejoint
l’opposition parlementaire autour d’IBK.
Le taux de participation est de 38,58%, supérieur à celui de 1997. Les Maliens ont été voter. Et hormis les quelques problèmes d’organisation (cartes d’électeurs manquants, ouverture tardive de certains bureaux de votes etc.) ce taux de participation aurait pu avoisiner les 50%. En vue du deuxième tour, les négociations de coulisse ont déjà commencé. Nuitamment, de rutilantes voitures sont garées devant le domicile des candidats «malheureux». Et on négocie, selon de bonnes sources, quartier par quartier. Le général Amadou Toumani Touré a déjà obtenu un premier ralliement, celui de Tiébilé Dramé du Parena, parti pour la renaissance nationale.
Mais en attendant les résultats de la cour constitutionnelle, l’homme le «plus dragué politiquement» aujourd’hui est Ibrahim Boubacar Kéita arrivé troisième. «c’est le prince faiseur de rois», reconnaît-on ici. L’un des deux finalistes «provisoires» rêve déjà de commander pour le deuxième tour des affiches avec une photo en compagnie d’Ibrahim Boubacar Kéita avec ce slogan «ensemble construisons le Mali».
Dans un pays où les négociations se font par personnes interposées (opération de désherbage ) on attend de voir qui d’entre Soumaïla Cissé et Amadou Toumany Touré aura son «visa». Interrogé par RFI dans sa vaste et belle résidence privée de Bamako , l’intéressé très détendu fait dansun premier temps la moue. Réfléchit et lâche : «voyons venir, le moment venu j’en discuterai avec mes camarades». «Poussé» dans ses derniers retranchements, il attend sa revanche. «Vous savez, j’ai de la mémoire. La consigne, c’était tout sauf IBK. Et cette consigne, on savait d’où elle venait»
En attendant, la rue est calme. Le climat social n’est pas tendu, mais un peu crispé. C’est vrai que les partisans de IBK sont persuadés qu’on leur a «volé» leur victoire.
par Serge Daniel
Article publié le 05/05/2002