Football
FIFA : Joseph Blatter sous haute surveillance
La guerre pour la présidence de la FIFA a pris un tour nouveau ces derniers jours après les graves accusations portées par l’actuel secrétaire-général de l’organisation, Michel Zen-Ruffinen, contre son président Joseph Blatter, candidat à un deuxième mandat, le 29 mai prochain à Séoul, à la veille du coup d’envoi de la Coupe du Monde. Pressé de démissionner par plusieurs membres du comité exécutif, Joseph Blatter se dit victime d’une campagne de diffamation. «J’ai été élu au suffrage universel en 1998 par le Congrès de la FIFA à Paris. Le Congrès de Séoul, seul, peut me démettre», dit en substance le patron de la fédération internationale.
Il se disait que le Suédois Lennart Johansson n’avait jamais accepté sa défaite de 1998 contre le Suisse. Il se disait qu’il ferait tout pour l’empêcher d’obtenir un deuxième mandat à la tête de la plus importante de toutes les fédérations sportives internationales. Il se disait que la guerre que les deux hommes se livreraient serait impitoyable. Il se disait que Johansson, faute d’un candidat européen de poids, avait décidé le Camerounais Issa Hayatou d’être le héraut des contestataires ; Il se disait beaucoup de choses.
Et pourtant l’homme qui, depuis plus de vingt-cinq ans est un des rouages essentiels de la FIFA, semblait tenir bon les rênes de la maison de Zurich. Et puis, voilà quelques semaines, les rumeurs de corruption lors du vote de 1998 refaisaient surface, alimentées par l’un des vice-présidents de la Confédération Africaine de Football. Un coup bas, quatre ans après les faits, qu’on pensait téléguidé par le challenger, Africain lui-même, et par ceux qui le soutenaient. Oui, une façon sans doute un peu simpliste de voir les choses, de les expliquer. Pourquoi, disait-on, ressortir le dossier quatre années après les faits ? Un tribunal suisse avait instamment prié les accusateurs de mettre un terme à leur campagne au risque d’avoir affaire avec la loi.
Et puis, brutalement, alors que personne ne s’y attendait, le secrétaire-général de la FIFA, deuxième personnage de l’organisation, confessait au quotidien suisse Le Temps qu’il avait des révélations à faire sur les graves dysfonctionnements au sein de la fédération. Il affirmait avoir été dépouillé de toutes ses responsabilités au bénéfice d’un cabinet-bis organisé autour du président en exercice. Plus grave encore, il accusait l’entreprise de n’être qu’une simple «Blatter-connection», avec tous les sous-entendus que l’on peut imaginer. Le vendredi 3 mai, il déposait sur le bureau des vingt-quatre membres du comité exécutif, convoqués en session extraordinaire, un document de vingt-et-une pages comportant tous les griefs faits au président.
Un climat délétère
Il y dénonçait des pratiques comptables induisant en erreur, la suspension de l’audit interne en violation des statuts, deux cas de corruption qui, selon le droit suisse, constituent un délit pénal, et d’autres irrégularités lésant la FIFA. Les deux cas de corruption concernent le versement d’un salaire de cent mille dollars à un membre du comité exécutif pour une période où il n’était pas élu, et la remise d’un chèque de vingt-cinq mille dollars à un arbitre nigérien pour apporter des informations sur le vice-président de la CAF, auteur des accusations de corruption concernant le vote de 1998.
Après dix heures trente de discussion, chacun a quitté Zurich en se promettant que le dossier n’en resterait pas là. Pire, Michel Zen-Ruffinen donnait une semaine à son président pour apporter tous les éclaircissements aux problèmes soulevés. Dans l’hypothèse contraire, il n’hésiterait pas, déclarait-il, à saisir la justice de son pays.
La campagne électorale se poursuit dans ce climat délétère qui jette une image détestable sur le fonctionnement de l’organisme à quelques semaines de la Coupe du Monde. Voilà qui n’est pas sans rappeler la très grave crise traversée il y a deux ans par le Comité International Olympique. A cette différence que pour ce dernier, c’était la pression des politiques qui avait réclamé un assainissement des pratiques en vigueur dans un monde synonyme de la plus totale opacité. Quoi qu’il puisse se passer dans les prochaines semaines, la FIFA ne sortira pas indemne de cette grave affaire.
On peut s’attendre que ses comptes seront passés au peigne fin et que si la clarté n’est pas faite, les politiques s’inviteront d’une manière ou d’une autre autour de la table. Parce que le football occupe une place trop importante aujourd’hui dans le monde pour laisser son gouvernement sombrer dans des accusations et des contre-accusations qui pourraient sérieusement entamer sa crédibilité et remettre en question toute son organisation.
Tôt ou tard, il se trouvera des hommes et des femmes pour demander si la FIFA, forte de son indépendance, peut s’autoriser tous les comportements, sans aucun contrôle. Tôt ou tard, on lui demandera des comptes, cette fois de façon publique. Le président Blatter est désormais sous haute surveillance et toute la FIFA avec lui.
Et pourtant l’homme qui, depuis plus de vingt-cinq ans est un des rouages essentiels de la FIFA, semblait tenir bon les rênes de la maison de Zurich. Et puis, voilà quelques semaines, les rumeurs de corruption lors du vote de 1998 refaisaient surface, alimentées par l’un des vice-présidents de la Confédération Africaine de Football. Un coup bas, quatre ans après les faits, qu’on pensait téléguidé par le challenger, Africain lui-même, et par ceux qui le soutenaient. Oui, une façon sans doute un peu simpliste de voir les choses, de les expliquer. Pourquoi, disait-on, ressortir le dossier quatre années après les faits ? Un tribunal suisse avait instamment prié les accusateurs de mettre un terme à leur campagne au risque d’avoir affaire avec la loi.
Et puis, brutalement, alors que personne ne s’y attendait, le secrétaire-général de la FIFA, deuxième personnage de l’organisation, confessait au quotidien suisse Le Temps qu’il avait des révélations à faire sur les graves dysfonctionnements au sein de la fédération. Il affirmait avoir été dépouillé de toutes ses responsabilités au bénéfice d’un cabinet-bis organisé autour du président en exercice. Plus grave encore, il accusait l’entreprise de n’être qu’une simple «Blatter-connection», avec tous les sous-entendus que l’on peut imaginer. Le vendredi 3 mai, il déposait sur le bureau des vingt-quatre membres du comité exécutif, convoqués en session extraordinaire, un document de vingt-et-une pages comportant tous les griefs faits au président.
Un climat délétère
Il y dénonçait des pratiques comptables induisant en erreur, la suspension de l’audit interne en violation des statuts, deux cas de corruption qui, selon le droit suisse, constituent un délit pénal, et d’autres irrégularités lésant la FIFA. Les deux cas de corruption concernent le versement d’un salaire de cent mille dollars à un membre du comité exécutif pour une période où il n’était pas élu, et la remise d’un chèque de vingt-cinq mille dollars à un arbitre nigérien pour apporter des informations sur le vice-président de la CAF, auteur des accusations de corruption concernant le vote de 1998.
Après dix heures trente de discussion, chacun a quitté Zurich en se promettant que le dossier n’en resterait pas là. Pire, Michel Zen-Ruffinen donnait une semaine à son président pour apporter tous les éclaircissements aux problèmes soulevés. Dans l’hypothèse contraire, il n’hésiterait pas, déclarait-il, à saisir la justice de son pays.
La campagne électorale se poursuit dans ce climat délétère qui jette une image détestable sur le fonctionnement de l’organisme à quelques semaines de la Coupe du Monde. Voilà qui n’est pas sans rappeler la très grave crise traversée il y a deux ans par le Comité International Olympique. A cette différence que pour ce dernier, c’était la pression des politiques qui avait réclamé un assainissement des pratiques en vigueur dans un monde synonyme de la plus totale opacité. Quoi qu’il puisse se passer dans les prochaines semaines, la FIFA ne sortira pas indemne de cette grave affaire.
On peut s’attendre que ses comptes seront passés au peigne fin et que si la clarté n’est pas faite, les politiques s’inviteront d’une manière ou d’une autre autour de la table. Parce que le football occupe une place trop importante aujourd’hui dans le monde pour laisser son gouvernement sombrer dans des accusations et des contre-accusations qui pourraient sérieusement entamer sa crédibilité et remettre en question toute son organisation.
Tôt ou tard, il se trouvera des hommes et des femmes pour demander si la FIFA, forte de son indépendance, peut s’autoriser tous les comportements, sans aucun contrôle. Tôt ou tard, on lui demandera des comptes, cette fois de façon publique. Le président Blatter est désormais sous haute surveillance et toute la FIFA avec lui.
par Gérard Dreyfus
Article publié le 06/05/2002