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Etats-Unis

Bush sermonne Fidel Castro

En dépit de pressions croissantes, le président américain refuse de lever un embargo sur Cuba qui dure depuis 40 ans sans grand succès. Partisan d'une ligne dure, George Bush a accusé Fidel Castro d'être un «dictateur aux méthodes brutales» et lui a demandé de conduire des élections démocratiques et de libéraliser son économie.
De notre correspondant à New York

En guise de cadeau anniversaire, le président Bush a délivré un discours d'une rare violence à l'égard du régime castriste, pour le centenaire de l'indépendance de Cuba. Fidel Castro est «un tyran qui utilise des méthodes brutales au service d'une vision en faillite (...). Il est un dictateur qui emprisonne, torture et exile ses opposants politiques» a affirmé George Bush. Alors que des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent pour lui demander de mettre fin à un embargo stérile qui depuis 40 ans interdit aux Américains de voyager ou de commercer avec l'île, le président américain s'est cramponné à une ligne dure. «Sans réforme politique, sans réforme économique, le commerce avec Cuba ne ferait qu'enrichir Fidel Castro et ses copains» a assuré George Bush.

Le président américain a énuméré en détails les conditions préalables à tout assouplissement de l'embargo : une libéralisation des partis politiques, des syndicats de commerce indépendants, la libération des prisonniers politiques et des observateurs indépendants pour contrôler les élections de l'an prochain. Si ces éléments sont réunis, la Maison Blanche se dit prête à lever les sanctions, quand bien même Fidel Castro serait toujours au pouvoir. «Si M. Castro refuse notre offre, il protègera ses copains aux dépens de son peuple et au bout du compte, en dépit de tous ses outils d'oppression, il devra répondre de ses actes devant son peuple» a averti George Bush. «La liberté s'épanouit pas à pas, et nous allons encourager ces pas», a toutefois fait valoir le président. Il a annoncé que les États-Unis pourraient rétablir le courrier entre l'île et le continent, venir en aide à des organisations privées qui assistent Cuba et créer des bourses aux États-Unis pour les étudiants cubains.

Une réponse à Jimmy Carter

Cette attitude somme toute intransigeante est une réponse sans ambiguïté à l'ancien président Jimmy Carter, qui de retour de Cuba conseillait à la Maison Blanche d'assouplir les sanctions. C'est également un revers pour plusieurs membres du Congrès et d'ONG qui constatent qu'en quatre décennies, l'embargo a pénalisé les citoyens cubains sans vraiment affaiblir le régime et sans le forcer à se démocratiser.

Cette année, deux sénateurs Républicains et six membres de la Chambre des représentants, Républicains et Démocrates, se sont rendus à Cuba. «Il ne fait aucun doute que le Congrès est en train de changer de politique à l'égard de Cuba, en se fondant sur le fait que la politique actuelle est périmée et hors de propos», a expliqué le Sénateur Chuck Hagel, Republicain du Nebraska. La question cubaine n'est plus vraiment une question idéologique, même pour les Républicains traditionnellement plus sévères à l'égard de Fidel Castro. De nombreux parlementaires, notamment ceux qui représentent les intérêts des fermiers, sont favorables à l'ouverture de ce nouveau marché.

D'autant que la situation des droits de l'homme n'explique pas tout : les États-Unis maintiennent des relations diplomatiques et commerciales fructueuses avec des pays comme la Chine, la Malaisie ou l'Arabie Saoudite, qui ne brillent pas par leur respect des opposants politiques. «Les relations américano-cubaines sont prises en otage par une petite minorité dans chaque pays» a déclaré le Sénateur démocrate Christopher Dodd qui appelle à «un changement fondamental dans la façon dont nous regardons Cuba». D'autres notent que la visite de l'ancien président américain Jimmy Carter marque un tournant.



par Philippe  Bolopion

Article publié le 21/05/2002