Social
Nicole Notat, dix ans à la tête de la CFDT
Après 10 ans à la tête de la CFDT Nicole Notat passe la main lors du 45ème congrès de la confédération syndicale, du 27 au 31 mai à Nantes. Durant cette période la secrétaire générale a incontestablement imprimé une «ligne Notat» à l’organisation, non sans difficultés ni controverses.
Nicole Notat, 54 ans, quitte le secrétariat général de la CFDT et laisse la place à son successeur désigné François Chérèque, 45 ans, issu de la fédération santé-sociaux. La passation de pouvoirs a lieu à Nantes où se tient cette semaine le 45ème congrès de la CFDT. Au terme de dix ans passés au secrétariat général de la CFDT Nicole Notat laisse une confédération syndicale sensiblement différente de celle qu’elle a trouvée. Pour ses opposants, et il y en a, elle a orienté l’organisation dans le sens d’un syndicalisme «gestionnaire» toujours prêt à négocier avec le patronat.
Ses partisans, quant à eux, soulignent l’avancée de la CFDT vers un réformisme qui finit par payer. Depuis ces dernières années les effectifs syndiqués, particulièrement faibles en France, ont connu un redressement et la CFDT revendique désormais plus de 800 000 adhérents. Et la réduction du temps de travail à 35 heures hebdomadaires, dans un but de partage de l’emploi, comme la réforme de l’assurance-chômage et la création du tant décrié PARE (plan d'aide au retour à l'emploi) sont mis en grande partie à son actif.
Sous la houlette de Nicole Notat la CFDT s’est également inscrite dans le mouvement de «refondation sociale» lancé par le Medef (Mouvement des entreprises de France) car la confédération «recentrée» depuis les années 80 sur le champ syndical uniquement préfère la négociation collective entre partenaires sociaux au recours à la loi. Cela, parfois au prix de l’incompréhension des autres syndicats et de certains de ses propres militants.
Mais, surtout, en 1995, Nicole Notat soutient le plan Juppé de réforme de l’assurance-maladie, présenté par un gouvernement de droite et qui entraine la grève la plus importante des dernières années. Elle porte, depuis, la réputation de s'entendre mieux avec les gouvernements de droite tels ceux de Balladur et Juppé qu’avec le gouvernement socialiste de Lionel Jospin, davantage enclin à la réglementation et à la loi. Il n’en demeure pas moins que la CFDT pendant les dix ans de règne de Nicole Notat a confirmé son rôle d’interlocuteur de premier plan et, dans beaucoup de cas, de laboratoire d’idées.
«Dauphine» désignée
Pourtant, l’arrivée de Nicole Notat à la tête de la confédération ne s’est pas déroulée sans difficultés. Héritière spirituelle de Edmond Maire, secrétaire général de la CFDT de 1971 à 1988, elle entre à la commission exécutive lors du congrès de Metz en 1982 sous son aile. En 1985 Edmond Maire pensant à son départ laisse entendre qu'il se verrait bien remplacé par une femme. Mais en dépit de ce rôle de «dauphine» désignée c'est Jean Kaspar qui devient secrétaire général en 1988. Réélu en 1992, il est victime d'une campagne de déstabilisation interne et jette l'éponge quelques mois plus tard. Nicole Notat, élue par le bureau national et non par le congrès, est accusée d'être à l'origine de cette opération.
Les premières années de son secrétariat général en sont marquées et les oppositions sont rudes. Son caractère peu accommodant qui lui a valu le surnom de «la Tsarine», ne facilite pas les choses. Cependant en 1995 le congrès de Montpellier la confirme à la tête de la confédération. Enfin, elle a parfois été malmenée publiquement par des militants, y compris sur un registre sexiste.
Et maintenant ? Nicole Notat ne cache pas son souhait de créer une agence européenne de notation sociale des entreprises qui sollicitent l’épargne salariale dont elle est chaude partisane. Elle avoue dans une interview au quotidien Les Echos, avant son départ, sa «grande satisfaction de voir l’organisation rassemblée sur des ambitions claires, assumées».
Ecouter également
Nicole Notat au micro de Jean-Marie Coat
8'05, 27/05/2002
Ses partisans, quant à eux, soulignent l’avancée de la CFDT vers un réformisme qui finit par payer. Depuis ces dernières années les effectifs syndiqués, particulièrement faibles en France, ont connu un redressement et la CFDT revendique désormais plus de 800 000 adhérents. Et la réduction du temps de travail à 35 heures hebdomadaires, dans un but de partage de l’emploi, comme la réforme de l’assurance-chômage et la création du tant décrié PARE (plan d'aide au retour à l'emploi) sont mis en grande partie à son actif.
Sous la houlette de Nicole Notat la CFDT s’est également inscrite dans le mouvement de «refondation sociale» lancé par le Medef (Mouvement des entreprises de France) car la confédération «recentrée» depuis les années 80 sur le champ syndical uniquement préfère la négociation collective entre partenaires sociaux au recours à la loi. Cela, parfois au prix de l’incompréhension des autres syndicats et de certains de ses propres militants.
Mais, surtout, en 1995, Nicole Notat soutient le plan Juppé de réforme de l’assurance-maladie, présenté par un gouvernement de droite et qui entraine la grève la plus importante des dernières années. Elle porte, depuis, la réputation de s'entendre mieux avec les gouvernements de droite tels ceux de Balladur et Juppé qu’avec le gouvernement socialiste de Lionel Jospin, davantage enclin à la réglementation et à la loi. Il n’en demeure pas moins que la CFDT pendant les dix ans de règne de Nicole Notat a confirmé son rôle d’interlocuteur de premier plan et, dans beaucoup de cas, de laboratoire d’idées.
«Dauphine» désignée
Pourtant, l’arrivée de Nicole Notat à la tête de la confédération ne s’est pas déroulée sans difficultés. Héritière spirituelle de Edmond Maire, secrétaire général de la CFDT de 1971 à 1988, elle entre à la commission exécutive lors du congrès de Metz en 1982 sous son aile. En 1985 Edmond Maire pensant à son départ laisse entendre qu'il se verrait bien remplacé par une femme. Mais en dépit de ce rôle de «dauphine» désignée c'est Jean Kaspar qui devient secrétaire général en 1988. Réélu en 1992, il est victime d'une campagne de déstabilisation interne et jette l'éponge quelques mois plus tard. Nicole Notat, élue par le bureau national et non par le congrès, est accusée d'être à l'origine de cette opération.
Les premières années de son secrétariat général en sont marquées et les oppositions sont rudes. Son caractère peu accommodant qui lui a valu le surnom de «la Tsarine», ne facilite pas les choses. Cependant en 1995 le congrès de Montpellier la confirme à la tête de la confédération. Enfin, elle a parfois été malmenée publiquement par des militants, y compris sur un registre sexiste.
Et maintenant ? Nicole Notat ne cache pas son souhait de créer une agence européenne de notation sociale des entreprises qui sollicitent l’épargne salariale dont elle est chaude partisane. Elle avoue dans une interview au quotidien Les Echos, avant son départ, sa «grande satisfaction de voir l’organisation rassemblée sur des ambitions claires, assumées».
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8'05, 27/05/2002
par Francine Quentin
Article publié le 27/05/2002