Union africaine
Le Nepad, un horizon encourageant pour des économies très fragiles
Les principales institutions financières internationales, le FMI et la Banque Mondiale, apportent un soutien sans réserve au Nepad. Ils estiment que cette nouvelle stratégie constitue une réelle chance pour l'Afrique sub-Saharienne, durement touchée par le ralentissement économique mondial.
Les dirigeants des deux institutions espèrent simplement que les Africains ne vont pas perdre du temps avant de lancer la mise en œuvre du Nepad et qu'ils sauront mobiliser les énergies et la détermination nécessaires pour aboutir à des résultats qui pourront encourager les bailleurs de fonds à augmenter leur aide. Ceci en relation avec l'idée de partenariat adoptée par la communauté internationale à la conférence de Monterrey au Mexique, au début de l'année. «L'Afrique doit montrer qu'elle est capable d'agir» affirme l'un de ces responsables. Cependant, à court et moyen terme, les perspectives du continent ne sont pas brillantes.
James Wolfensohn, le président de la Banque Mondiale, a même estimé à l'occasion des réunions du printemps du FMI et de la Banque à Washington, fin avril, que la situation en Afrique était «alarmante». Le continent souffre encore selon lui des suites des attaques terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, qui ont failli précipiter l'économie mondiale en récession. «La baisse considérable des cours des matières premières, la chute des revenus du tourisme et la diminution des salaires rapatriés par les ouvriers immigrés ont suscité de nouveaux déficits financiers» en Afrique, selon lui, et il est urgent de parvenir à une croissance plus rapide et mieux distribuée.
Les commentaires de Wolfensohn ont coïncidé avec la publication par la Banque d'un nouveau rapport montrant qu'un grand nombre de pays en développement, pour la plupart africains, ont accumulé des retards qui pourraient les empêcher d'atteindre les objectifs de développement du Millénaire de l'Onu. Notamment celui visant à réduire de moitié l'extrême pauvreté d'ici à 2015. Selon cette étude, le nombre de pauvres en Afrique au sud du Sahara pourrait même augmenter, d'un peu plus de 300 millions sur une population de 659 millions en 2000, à 345 millions à cette date.
«Pour réduire la pauvreté d'ici 2015, il faudrait une croissance annuelle moyenne des économies africaines de l'ordre de 7% (ou de 5% par habitant), soit plus de deux fois plus le taux de 3,1% enregistré en 2000» affirment les auteurs de ce rapport. A titre de comparaison, le PIB de la région a connu une croissance moyenne de 1,6% l'an au cours des années 1980 (la «décennie perdue») et de 2,5% au cours des années 1990.
Prévisions plus encourageantes
Le FMI, qui avait publié fin avril ses dernières prévisions économiques, s'est déclaré plus confiant dans l'immédiat, du fait que l'Afrique dans son ensemble aura mieux fait, face au fort ralentissement mondial, que d'autres régions : les Africains devraient bénéficier, à partir de 2003, de la reprise de l'activité qui se manifeste déjà aux Etats-Unis et en Europe occidentale. Les experts du Fonds attribuent cette bonne tenue au fait qu'un nombre croissant de pays africains poursuivent désormais de meilleures politiques économiques. Ils estiment aussi que la réduction du nombre et de l'intensité des conflits sur le continent et les ressources libérées à travers l'initiative pour l'allègement de la dette des pays pauvres très endettés (PPTE ou HIPC en anglais) y ont contribué.
Pour l'Afrique sub-saharienne en dehors de l'Afrique du Sud, le FMI table sur une croissance de l'ordre de 4% cette année contre 3,9% en 2001, et prévoit une accélération à 4,8% en 2003, malgré la récession au Nigeria, le principal producteur pétrolier de la région, dont le PIB pourrait diminuer de 1,1% cette année avant un rebond à 3,5% en 2003. L'Afrique du Sud, le géant économique du continent qui «pèse» pour près de 40% de son PIB total, semble en passe de surmonter une longue crise. Son PIB devrait remonter de 2,3% cette année, déprimé à la fois par les réformes retardées et des facteurs extérieurs comme la faiblesse des cours des matières premières et la crise politique au Zimbabwe voisin.
Sur un ton résolument «afro-optimiste», le directeur général du FMI, Horst Koehler, a déclaré début mai à Accra, après une tournée dans cinq pays de la région, que pour lui le trait le plus important du Nepad est constitué par le fait qu'il s'agit d'un «dessein africain, élaboré et mis en œuvre par des responsables africains et leurs peuples». Se faisant l'écho des résolutions adoptés en avril par les plus hautes instances politiques des deux institutions, il a souligné que le Nepad jouira de leur soutien «sans réserve». Il a aussi assuré qu'elles continueront à militer en faveur d'une aide publique au développement accrue pour l'Afrique et pour un meilleur accès aux marchés pour ses exportations. Ce serait «la meilleure aide à ceux qui veulent s'aider eux-mêmes» a-t-il affirmé.
Cependant les données des deux institutions démontrent que le décollage du développement africain devra partir de niveaux extrêmement bas.
Les chiffres-clés du retard africain
L'Afrique sub-saharienne ne représente encore que 1,7% du commerce mondial, et reçoit moins d'un pour cent des flux mondiaux des investissements privés. Dans ce continent, qui compte le plus grand nombre de PMA (Pays les Moins Avancés), plus de la moitié de la population subsiste avec moins d'un dollar par jour.
Le revenu national brut par habitant s'est élevé en 2000 à 470$, le plus bas de toutes les régions en dehors de l'Asie du sud (440$).
Seuls 41% des Africains âgés de plus de 15 ans savent lire et écrire.
La mortalité infantile atteint 91 pour mille naissances ; le HIV/SIDA est la principale cause de mortalité. L'espérance de vie est retombée depuis 1990 de 50 ans à 47 ans.
Seuls 55% des Africains disposent d'eau potable et d'installations sanitaires.
L'infrastructure est insuffisante : seules 12% des routes africaines sont dotées de revêtement dur ; sur 1000 Africains, seuls 32 ont accès à un téléphone (fixe ou mobile) et 9 disposent d'un ordinateur personnel.
James Wolfensohn, le président de la Banque Mondiale, a même estimé à l'occasion des réunions du printemps du FMI et de la Banque à Washington, fin avril, que la situation en Afrique était «alarmante». Le continent souffre encore selon lui des suites des attaques terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, qui ont failli précipiter l'économie mondiale en récession. «La baisse considérable des cours des matières premières, la chute des revenus du tourisme et la diminution des salaires rapatriés par les ouvriers immigrés ont suscité de nouveaux déficits financiers» en Afrique, selon lui, et il est urgent de parvenir à une croissance plus rapide et mieux distribuée.
Les commentaires de Wolfensohn ont coïncidé avec la publication par la Banque d'un nouveau rapport montrant qu'un grand nombre de pays en développement, pour la plupart africains, ont accumulé des retards qui pourraient les empêcher d'atteindre les objectifs de développement du Millénaire de l'Onu. Notamment celui visant à réduire de moitié l'extrême pauvreté d'ici à 2015. Selon cette étude, le nombre de pauvres en Afrique au sud du Sahara pourrait même augmenter, d'un peu plus de 300 millions sur une population de 659 millions en 2000, à 345 millions à cette date.
«Pour réduire la pauvreté d'ici 2015, il faudrait une croissance annuelle moyenne des économies africaines de l'ordre de 7% (ou de 5% par habitant), soit plus de deux fois plus le taux de 3,1% enregistré en 2000» affirment les auteurs de ce rapport. A titre de comparaison, le PIB de la région a connu une croissance moyenne de 1,6% l'an au cours des années 1980 (la «décennie perdue») et de 2,5% au cours des années 1990.
Prévisions plus encourageantes
Le FMI, qui avait publié fin avril ses dernières prévisions économiques, s'est déclaré plus confiant dans l'immédiat, du fait que l'Afrique dans son ensemble aura mieux fait, face au fort ralentissement mondial, que d'autres régions : les Africains devraient bénéficier, à partir de 2003, de la reprise de l'activité qui se manifeste déjà aux Etats-Unis et en Europe occidentale. Les experts du Fonds attribuent cette bonne tenue au fait qu'un nombre croissant de pays africains poursuivent désormais de meilleures politiques économiques. Ils estiment aussi que la réduction du nombre et de l'intensité des conflits sur le continent et les ressources libérées à travers l'initiative pour l'allègement de la dette des pays pauvres très endettés (PPTE ou HIPC en anglais) y ont contribué.
Pour l'Afrique sub-saharienne en dehors de l'Afrique du Sud, le FMI table sur une croissance de l'ordre de 4% cette année contre 3,9% en 2001, et prévoit une accélération à 4,8% en 2003, malgré la récession au Nigeria, le principal producteur pétrolier de la région, dont le PIB pourrait diminuer de 1,1% cette année avant un rebond à 3,5% en 2003. L'Afrique du Sud, le géant économique du continent qui «pèse» pour près de 40% de son PIB total, semble en passe de surmonter une longue crise. Son PIB devrait remonter de 2,3% cette année, déprimé à la fois par les réformes retardées et des facteurs extérieurs comme la faiblesse des cours des matières premières et la crise politique au Zimbabwe voisin.
Sur un ton résolument «afro-optimiste», le directeur général du FMI, Horst Koehler, a déclaré début mai à Accra, après une tournée dans cinq pays de la région, que pour lui le trait le plus important du Nepad est constitué par le fait qu'il s'agit d'un «dessein africain, élaboré et mis en œuvre par des responsables africains et leurs peuples». Se faisant l'écho des résolutions adoptés en avril par les plus hautes instances politiques des deux institutions, il a souligné que le Nepad jouira de leur soutien «sans réserve». Il a aussi assuré qu'elles continueront à militer en faveur d'une aide publique au développement accrue pour l'Afrique et pour un meilleur accès aux marchés pour ses exportations. Ce serait «la meilleure aide à ceux qui veulent s'aider eux-mêmes» a-t-il affirmé.
Cependant les données des deux institutions démontrent que le décollage du développement africain devra partir de niveaux extrêmement bas.
Les chiffres-clés du retard africain
L'Afrique sub-saharienne ne représente encore que 1,7% du commerce mondial, et reçoit moins d'un pour cent des flux mondiaux des investissements privés. Dans ce continent, qui compte le plus grand nombre de PMA (Pays les Moins Avancés), plus de la moitié de la population subsiste avec moins d'un dollar par jour.
Le revenu national brut par habitant s'est élevé en 2000 à 470$, le plus bas de toutes les régions en dehors de l'Asie du sud (440$).
Seuls 41% des Africains âgés de plus de 15 ans savent lire et écrire.
La mortalité infantile atteint 91 pour mille naissances ; le HIV/SIDA est la principale cause de mortalité. L'espérance de vie est retombée depuis 1990 de 50 ans à 47 ans.
Seuls 55% des Africains disposent d'eau potable et d'installations sanitaires.
L'infrastructure est insuffisante : seules 12% des routes africaines sont dotées de revêtement dur ; sur 1000 Africains, seuls 32 ont accès à un téléphone (fixe ou mobile) et 9 disposent d'un ordinateur personnel.
par Jan Kristiansen
Article publié le 20/05/2002