Union africaine
Pour que vive l’Union
Souhaitée par les Africains, soucieux de trouver leur place dans le train de la mondialisation, l’Union africaine tient enfin son premier sommet en juillet à Durban, en Afrique du Sud. Bien des aspects de son fonctionnement et de ses ambitions restent pourtant à examiner.
Les chefs d’Etat et de gouvernement africains se retrouvent du 8 au 10 juillet pour se pencher sur les problèmes politiques et économiques du continent. Avec, en ligne de mire, le Nepad, le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (selon son sigle anglais), adopté sous le nom de Nouvelle initiative africaine en juin 2001 par le sommet de l’OUA à Lusaka.
Voulue par le dirigeant libyen Muammar Kadhafi qui avait l’ambition de voir un jour la naissance des « Etats-Unis d’Afrique », l’Union africaine remplace donc l’Organisation de l’unité africaine (OUA), créée en 1963 essentiellement pour permettre la décolonisation totale du continent africain et la chute de l’apartheid en Afrique du Sud, devenues une réalité au début des années 1990. Le sommet de Durban doit en particulier déterminer la forme que prendra la nouvelle union officiellement proclamée il y a deux ans à Syrte en Libye et dont l’acte constitutif a été signé en juillet 2000 à Lomé. L’Union africaine (UA) a été dotée d’institutions analogues à celles de l’Union européenne (UE), notamment une Conférence de l’Union, organe suprême au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement, ainsi qu’un Conseil exécutif au niveau ministériel, une Commission exécutive et une Cour de justice. Un parlement est également envisagé mais il n’aura qu’un rôle consultatif qui devra être précisé par la suite. Le texte constitutif prévoit aussi la création de nouvelles institutions financières y compris un Fonds monétaire africain et une Banque africaine d’investissements.
Le choix des hommes
La Commission de l’UA aura pour première tâche de remplacer le secrétariat général de l’OUA, dirigé depuis le sommet de Lusaka par l’Ivoirien Amara Essy qui souhaiterait poursuivre sa tâche dans cette période de transition délicate. Pour la présidence de la Conférence, plusieurs noms sont d’ores et déjà avancés : notamment celui de l’ancien président malien Alpha Oumar Konaré, qui aura quitté le pouvoir en juin après un deuxième et dernier mandat. Selon certains observateurs, le chef d’Etat sud-africain Thabo Mbeki, hôte du sommet de Durban, pourrait aussi se voir confier la tâche. Le colonel Kadhafi qui nourrissait aussi une telle ambition n’a plus le vent en poupe, même s’il continue à distribuer des fonds à travers l’Afrique et à envoyer des soldats « pour le maintien de la paix », en RCA par exemple. Thabo Mbeki, un des artisans du Nepad avec le Nigérian Olusegun Obasanjo, le Sénégalais Abdoulaye Wade, l’Algérien Abdelaziz Bouteflika et l’Egyptien Hosni Moubarak qui les a rejoints, jouit du prestige de la plus grande économie du continent et a redoré son blason sur le plan diplomatique en prenant position pour la suspension du Zimbabwe du Commonwealth pour cause de violences politiques et d’élections contestées.
Les enjeux pour la nouvelle Union africaine sont multiples. Ses dirigeants devront faire preuve de leur maturité en faisant avancer le règlement des conflits (en Afrique centrale et à Madagascar notamment) qui continuent d’ensanglanter ou perturber le continent, et ils devront montrer également que bonne gouvernance rime avec développement économique afin de convaincre leurs bailleurs de fonds de faire plus. En effet, 34 parmi les 53 membres de l’OUA figurent parmi les Pays les moins avancés (PMA), et la pauvreté désormais associée à la terrible pandémie du sida frappe des millions d’Africains.
Parmi les résultats positifs obtenus par l’OUA et que devrait consolider l’UA, figure aussi une intégration régionale plus poussée, même si certaines régions sont encore à la traîne. Ainsi la Cedeao en Afrique de l’ouest et la SADC en Afrique australe ont non seulement permis une meilleure coopération économique mais aussi d’avancer dans le règlement de certains conflits (en Guinée Bissau et au Burundi par exemple). L’Union africaine doit donc poursuivre dans cette voie et impliquer davantage dans ses décisions tous les acteurs de la vie politique et sociale, y compris la société civile qui commence à jouer un rôle, sans oublier spécialement les ONG africaines qui manquent de moyens et dépendent encore trop de l’aide internationale. Autre volet à développer, la formation au maintien de la paix à laquelle participent déjà l’OUA et l’Onu avec des partenaires étrangers, Américains, Britanniques et Français en particulier.
« Beaucoup reste à faire mais nous sommes sur la bonne voie puisque nous avons décidé de prendre notre destin en main », ont souligné en avril plusieurs délégués africains venus à Dakar pour la première conférence sur le Nepad avec le secteur privé international, considérée par les Sénégalais comme un succès diplomatique en raison de la forte participation d’investisseurs potentiels. « Encore faut-il éviter de faire preuve de nos divisions et de nos rivalités », ont toutefois ajouté certains, rappelant la difficile élection d’Amara Essy au poste de secrétaire général de l’OUA l’an dernier.
Voulue par le dirigeant libyen Muammar Kadhafi qui avait l’ambition de voir un jour la naissance des « Etats-Unis d’Afrique », l’Union africaine remplace donc l’Organisation de l’unité africaine (OUA), créée en 1963 essentiellement pour permettre la décolonisation totale du continent africain et la chute de l’apartheid en Afrique du Sud, devenues une réalité au début des années 1990. Le sommet de Durban doit en particulier déterminer la forme que prendra la nouvelle union officiellement proclamée il y a deux ans à Syrte en Libye et dont l’acte constitutif a été signé en juillet 2000 à Lomé. L’Union africaine (UA) a été dotée d’institutions analogues à celles de l’Union européenne (UE), notamment une Conférence de l’Union, organe suprême au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement, ainsi qu’un Conseil exécutif au niveau ministériel, une Commission exécutive et une Cour de justice. Un parlement est également envisagé mais il n’aura qu’un rôle consultatif qui devra être précisé par la suite. Le texte constitutif prévoit aussi la création de nouvelles institutions financières y compris un Fonds monétaire africain et une Banque africaine d’investissements.
Le choix des hommes
La Commission de l’UA aura pour première tâche de remplacer le secrétariat général de l’OUA, dirigé depuis le sommet de Lusaka par l’Ivoirien Amara Essy qui souhaiterait poursuivre sa tâche dans cette période de transition délicate. Pour la présidence de la Conférence, plusieurs noms sont d’ores et déjà avancés : notamment celui de l’ancien président malien Alpha Oumar Konaré, qui aura quitté le pouvoir en juin après un deuxième et dernier mandat. Selon certains observateurs, le chef d’Etat sud-africain Thabo Mbeki, hôte du sommet de Durban, pourrait aussi se voir confier la tâche. Le colonel Kadhafi qui nourrissait aussi une telle ambition n’a plus le vent en poupe, même s’il continue à distribuer des fonds à travers l’Afrique et à envoyer des soldats « pour le maintien de la paix », en RCA par exemple. Thabo Mbeki, un des artisans du Nepad avec le Nigérian Olusegun Obasanjo, le Sénégalais Abdoulaye Wade, l’Algérien Abdelaziz Bouteflika et l’Egyptien Hosni Moubarak qui les a rejoints, jouit du prestige de la plus grande économie du continent et a redoré son blason sur le plan diplomatique en prenant position pour la suspension du Zimbabwe du Commonwealth pour cause de violences politiques et d’élections contestées.
Les enjeux pour la nouvelle Union africaine sont multiples. Ses dirigeants devront faire preuve de leur maturité en faisant avancer le règlement des conflits (en Afrique centrale et à Madagascar notamment) qui continuent d’ensanglanter ou perturber le continent, et ils devront montrer également que bonne gouvernance rime avec développement économique afin de convaincre leurs bailleurs de fonds de faire plus. En effet, 34 parmi les 53 membres de l’OUA figurent parmi les Pays les moins avancés (PMA), et la pauvreté désormais associée à la terrible pandémie du sida frappe des millions d’Africains.
Parmi les résultats positifs obtenus par l’OUA et que devrait consolider l’UA, figure aussi une intégration régionale plus poussée, même si certaines régions sont encore à la traîne. Ainsi la Cedeao en Afrique de l’ouest et la SADC en Afrique australe ont non seulement permis une meilleure coopération économique mais aussi d’avancer dans le règlement de certains conflits (en Guinée Bissau et au Burundi par exemple). L’Union africaine doit donc poursuivre dans cette voie et impliquer davantage dans ses décisions tous les acteurs de la vie politique et sociale, y compris la société civile qui commence à jouer un rôle, sans oublier spécialement les ONG africaines qui manquent de moyens et dépendent encore trop de l’aide internationale. Autre volet à développer, la formation au maintien de la paix à laquelle participent déjà l’OUA et l’Onu avec des partenaires étrangers, Américains, Britanniques et Français en particulier.
« Beaucoup reste à faire mais nous sommes sur la bonne voie puisque nous avons décidé de prendre notre destin en main », ont souligné en avril plusieurs délégués africains venus à Dakar pour la première conférence sur le Nepad avec le secteur privé international, considérée par les Sénégalais comme un succès diplomatique en raison de la forte participation d’investisseurs potentiels. « Encore faut-il éviter de faire preuve de nos divisions et de nos rivalités », ont toutefois ajouté certains, rappelant la difficile élection d’Amara Essy au poste de secrétaire général de l’OUA l’an dernier.
par Marie Joannidis
Article publié le 02/05/2002