Grande-Bretagne
Londres et Madrid toujours divisés par Gibraltar
Un an après la réouverture de négociations sur l’avenir de Gibraltar, on ne cache plus de «réelles difficultés». Les chefs de gouvernement britannique et espagnol se sont rencontrés ce lundi à Londres pour tenter de résoudre leur différend sur le sort du «Rocher».
Dans cette affaire, Londres et Madrid sont en train de se livrer au difficile exercice qui consiste à transformer un traité «à perpétuité» en document provisoire. Ni l’un ni l’autre n’aurait pu se douter, il y a trois siècles, lors de la signature du traité d’Utrecht (en 1713) qu’ils feraient face aux plus grandes difficultés pour renégocier l’accord de souveraineté sur Gibraltar qui empoisonne tant leurs relations aujourd’hui.
Et pourtant, ce rocher britannique de 6,5 km² qui verrouille l’entrée de la Méditerranée à l’extrême sud de l’Espagne, est bien le dernier contentieux territorial qui divise les Européens. Ce n’est pas faute de bonne volonté. Depuis un an que les négociations sont relancées, on ressent qu’il y a de part et d’autre une réelle volonté d’aboutir, l’échéance ayant été fixée à la fin du mois prochain. Ce conflit, toujours très vif, entre deux Etats de l’Union européenne prend, en effet, trois siècles plus tard des dimensions qui paraissent anachroniques. D’où à présent, à la veille de l’arrivée en masse de futurs adhérents au club européen, l’urgente nécessité de régler cette affaire qui peut paraître grotesque et qui, de toute façon, fait désordre dans un panorama international où cette partie du monde voudrait montrer le visage d’une autre coexistence pacifique possible et dégagé de tout soupçon d’impérialisme.
Restent les modalités du changement. A cet égard, l’Espagne se comporte comme une nation ordinaire: l’intégrité du territoire national n’est pas négociable. Seuls les délais peuvent l’être. Et depuis plus de deux siècles, les Espagnols n’ont pas ménagé leur peine pour reprendre le contrôle du «Rocher». Aujourd’hui encore, alors que les frontières terrestres sont rouvertes, les Gibraltariens dénoncent le harcèlement de la police espagnole des frontières qui pratique un excès de zèle propre à dissuader les candidats au passage et provoque des files d’attente interminables.
Statut garanti par la Constitution
En tout état de cause, les relations sont bien meilleures que par le passé. En 1968, le régime du général Francisco Franco avait soumis Gibraltar à un blocus terrestre hermétique, le dernier de l’histoire du «Rocher», qui ne prit fin qu’en 1985. Une mesure contre-productive qui a fini de convaincre les habitants de Gibraltar que leur avenir n’était pas sûrement pas espagnol. Cette position de principe, ils la réaffirment en chaque occasion. Citoyens britanniques, sujets de la Couronne, ils disposent d’un statut garanti par le préambule de leur Constitution qui reconnaît leur droit à l’autodétermination, c’est-à-dire à être consulté sur toute modification de souveraineté. C’est leur atout-maître. Lors de la dernière consultation sur l’avenir du «Rocher», en 1967, seuls 44 Gibraltariens sur plus de 12 000 votants avaient réclamé le retour à Madrid.
Londres paraît embarrassé, obligé de respecter la volonté populaire mais également animé par la volonté d’en finir avec ce conflit d’un autre âge. En témoigne la recherche de formules susceptibles de satisfaire les uns sans contrarier les autres, et qui aboutissent finalement à des demi-mesures rejetées par tous. Les Britanniques évoquent ainsi, comme statut final, permanent et définitif, une souveraineté partagée, de nature à ne pas susciter une opposition irrévocable des habitants du «Rocher». Madrid rejette cette idée au nom du fait qu’elle fermerait définitivement la porte à une souveraineté strictement espagnole sur Gibraltar.
Londres veut également conserver sa base navale, verrou stratégique à partir duquel on peut surveiller les entrées et sorties en Méditerranée. Les Espagnols ne voient pas où est le problème: depuis de nombreuses années, au titre de membre de l’Otan, ils partagent en bonne intelligence avec les Américains deux bases, une navale, sur leur côte Atlantique, à Rota, et une aérienne, près de leur capitale, à Torrejon. Un modèle qui pourrait s’appliquer, disent-ils, aux relations militaires entre les deux futurs partenaires s’ils parvenaient à un compromis.
Rien n’est moins sûr, dans l’immédiat du moins. Il y a un an les deux capitales abordaient ce nouveau round de négociations avec un certain optimisme. Aujourd’hui on ne cache plus de «réelles difficultés».
Et pourtant, ce rocher britannique de 6,5 km² qui verrouille l’entrée de la Méditerranée à l’extrême sud de l’Espagne, est bien le dernier contentieux territorial qui divise les Européens. Ce n’est pas faute de bonne volonté. Depuis un an que les négociations sont relancées, on ressent qu’il y a de part et d’autre une réelle volonté d’aboutir, l’échéance ayant été fixée à la fin du mois prochain. Ce conflit, toujours très vif, entre deux Etats de l’Union européenne prend, en effet, trois siècles plus tard des dimensions qui paraissent anachroniques. D’où à présent, à la veille de l’arrivée en masse de futurs adhérents au club européen, l’urgente nécessité de régler cette affaire qui peut paraître grotesque et qui, de toute façon, fait désordre dans un panorama international où cette partie du monde voudrait montrer le visage d’une autre coexistence pacifique possible et dégagé de tout soupçon d’impérialisme.
Restent les modalités du changement. A cet égard, l’Espagne se comporte comme une nation ordinaire: l’intégrité du territoire national n’est pas négociable. Seuls les délais peuvent l’être. Et depuis plus de deux siècles, les Espagnols n’ont pas ménagé leur peine pour reprendre le contrôle du «Rocher». Aujourd’hui encore, alors que les frontières terrestres sont rouvertes, les Gibraltariens dénoncent le harcèlement de la police espagnole des frontières qui pratique un excès de zèle propre à dissuader les candidats au passage et provoque des files d’attente interminables.
Statut garanti par la Constitution
En tout état de cause, les relations sont bien meilleures que par le passé. En 1968, le régime du général Francisco Franco avait soumis Gibraltar à un blocus terrestre hermétique, le dernier de l’histoire du «Rocher», qui ne prit fin qu’en 1985. Une mesure contre-productive qui a fini de convaincre les habitants de Gibraltar que leur avenir n’était pas sûrement pas espagnol. Cette position de principe, ils la réaffirment en chaque occasion. Citoyens britanniques, sujets de la Couronne, ils disposent d’un statut garanti par le préambule de leur Constitution qui reconnaît leur droit à l’autodétermination, c’est-à-dire à être consulté sur toute modification de souveraineté. C’est leur atout-maître. Lors de la dernière consultation sur l’avenir du «Rocher», en 1967, seuls 44 Gibraltariens sur plus de 12 000 votants avaient réclamé le retour à Madrid.
Londres paraît embarrassé, obligé de respecter la volonté populaire mais également animé par la volonté d’en finir avec ce conflit d’un autre âge. En témoigne la recherche de formules susceptibles de satisfaire les uns sans contrarier les autres, et qui aboutissent finalement à des demi-mesures rejetées par tous. Les Britanniques évoquent ainsi, comme statut final, permanent et définitif, une souveraineté partagée, de nature à ne pas susciter une opposition irrévocable des habitants du «Rocher». Madrid rejette cette idée au nom du fait qu’elle fermerait définitivement la porte à une souveraineté strictement espagnole sur Gibraltar.
Londres veut également conserver sa base navale, verrou stratégique à partir duquel on peut surveiller les entrées et sorties en Méditerranée. Les Espagnols ne voient pas où est le problème: depuis de nombreuses années, au titre de membre de l’Otan, ils partagent en bonne intelligence avec les Américains deux bases, une navale, sur leur côte Atlantique, à Rota, et une aérienne, près de leur capitale, à Torrejon. Un modèle qui pourrait s’appliquer, disent-ils, aux relations militaires entre les deux futurs partenaires s’ils parvenaient à un compromis.
Rien n’est moins sûr, dans l’immédiat du moins. Il y a un an les deux capitales abordaient ce nouveau round de négociations avec un certain optimisme. Aujourd’hui on ne cache plus de «réelles difficultés».
par Georges Abou
Article publié le 20/05/2002