Pays-Bas
«Le populisme s'incruste en Europe»
Après le succès du mouvement populiste et xénophobe aux législatives, RFI revient avec le politologue spécialiste de l’extrême droite européenne, Jean-Yves Camus, sur les racines du mouvement et son installation durable dans le paysage politique européen.
Jean-Yves Camus est membre du Centre européen de recherches et d’action sur le racisme et l’antisémitisme, CERA. Il est l’auteur de «Extrémismes en Europe», éditions de l’Aube (1998) et de «Front National», Milan Editions (2001).
Jean-Yves Camus est membre du Centre européen de recherches et d’action sur le racisme et l’antisémitisme, CERA. Il est l’auteur de «Extrémismes en Europe», éditions de l’Aube (1998) et de «Front National», Milan Editions (2001).
RFI : Comment analysez-vous le résultat des élections législatives aux Pays-Bas ?
Jean-Yves Camus : Tout d’abord il faut savoir que c’est un contexte extrêmement particulier puisque le scrutin intervenait une semaine après l’assassinat de Pim Fortuyn, qui a suscité lors des obsèques une mobilisation exceptionnelle. Donc on était sous le coup de l’émotion. La «Liste Pim Fortuyn» rassemble finalement un tout petit peu plus que ce que lui accordaient les projections d’avant l’assassinat, c’est à dire un peu plus de 17% et 26 sièges, dans un contexte où la coalition sortante, appelée là-bas «coalition Violette», est sanctionnée. C’est une coalition de centre-gauche qui comprenait les sociaux-démocrates, le parti libéral VVD et une petite formation qui s’appelle D66. C’est une défaite non pas simplement comme je l’ai entendu pour la gauche néerlandaise, mais pour l’ensemble des partis de la coalition sortante, avec toutefois un VVD qui se sort un peu mieux que les autres de l’affaire. Et surtout, c’est une grosse victoire pour le parti chrétien conservateur. Ca, c’est l’analyse d’ensemble. Sur le score même de la «Liste Fortuyn» : il n’est pas aussi important, à mon avis, que la situation interne au mouvement en ce moment. La disparition du leader charismatique a subitement libéré toutes les passions à l’intérieur pour le leadership de la «liste». Les petits chefs sont en train de se déchirer et on ne sait même pas si elle a un avenir, si elle va survivre finalement.
RFI : Est ce que, selon vous, cette liste peut être qualifiée «d’extrême droite» ?
J-YC : Non, ce n’est pas une liste d’extrême droite. C’est une liste populiste dont le dirigeant professait des idées xénophobes, mais qui n’a rien à voir avec les autres mouvements d’extrême droite européens pour plusieurs raisons. La première c’est qu’il n’a aucune filiation avec l’extrême droite néerlandaise qui a été représentée au Parlement dans les années 80/90. Ce n’est pas un parti de tradition fasciste. La deuxième raison c’est que Fortuyn n’était pas hostile à l’Union Européenne. Il en était même plutôt partisan. Il était par ailleurs, et sa Liste l’est toujours, ultra-libéral en matière économique et sociale : son modèle avoué, c’est Margareth Thatcher. Troisièmement, il n’était pas nostalgique d’un ordre ancien, d’une espèce d’âge d’or, mais profondément moderne ; son analyse de la situation consistant à dire : «il y a une religion rétrograde qui s’appelle l’Islam, qui est en train de s’implanter en Hollande et de menacer le modèle de tolérance de la société néerlandaise». Il était ouvertement favorable, par exemple, à la légalisation des drogues. Il était par ailleurs homosexuel déclaré et partisan des droits de la minorité à laquelle il appartenait. Il n’était pas spécialement misogyne : il n’avait pas le discours classique de «la femme au foyer» et de «la famille avant tout». Et, au fond, ce qui lui importait dans la question de l’immigration, c’est surtout que les nouveaux arrivants s’assimilent totalement à la Hollande, ou qu’ils ne viennent pas. Le choix était là : «ou vous vous assimilez totalement, ou vous restez chez vous». Ce dont il ne voulait pas, et ce dont beaucoup de Néerlandais ne veulent pas, c’est de cette espèce de modèle communautariste qui existe là-bas, qui fonctionne avec des discriminations positives, avec des quotas de citoyens d’origine étrangère partout, y compris dans les administrations. En fait, d’une certaine manière, il était plutôt partisan du modèle assimilationniste. Et si on voulait faire un tri dans les populations d’origine étrangère, il avait un ennemi et un seul : c’était l’Islam. Il voulait effectivement fermer totalement la porte de la Hollande à une catégorie particulière d’émigrants : les émigrants musulmans.
RFI : Et selon vous il n’y a pas d’intersections possibles entre ce que préconise une liste comme celle de Pim Fortuyn et les autres mouvements d’extrême droite européens ?
J-YC : Il y a cette intersection de la xénophobie, bien évidemment. Puis du populisme, c’est à dire le discours qui consiste à dire : «je suis le porte-parole de ce que dit le peuple, et qui est toujours bon, vrai et juste face à des élites qui sont naturellement coupées du peuple et corrompues ».
RFI : Et dans le projet politique ?
J-YC : Mais il n’y a pas de projet politique chez Pim Fortuyn ! C’est ça qui est extraordinaire. C’est une liste qui s’est montée en 10 jours à partir d’un autre mouvement qui s’appelle Leefbaar Nederland, et qui était d’ailleurs présent aux élections de mercredi. Au départ Fortuyn est le leader de Leefbaar Nederland («Pays vivable » en français), et puis au mois de février 2002il déclare qu’il est favorable au fait qu’on retire de la Constitution son article 1er qui interdit toute forme de discrimination ethnique. Et à ce moment-là Leefbaar Nederland décide de le débarquer. Alors il crée de toutes pièces quelque chose qui n’est pas un parti politique, mais qui fonctionne sensiblement comme «Forza Italia» en Italie. C’est à dire une formation qui est la projection de sa propre personne. C’est un espèce de parti-entreprise finalement. Ce n’est pas un mouvement politique : il n’y a pratiquement pas d’adhérents, il n’y a pas de cadres.
RFI : Mais tous ces mouvements ne sont-ils pas à l’origine de l’émergence dans le débat public de cette désinhibition qu’on constate vis à vis du «politiquement correct» ?
J-YC : Bien évidemment que si. Il y a plusieurs raisons qui sont communes à tout ça. Il y a d’abord l’obsolescence, à mon avis, des élites politiques. Les Néerlandais sont assez convaincus que, malgré la culture très consensuelle qui est la leur, leur pays est gouverné par une toute petite élite qui est en recherche d’un compromis permanent et qui ne représente pas vraiment leurs aspirations. D’autre part il y a le bilan des politiques menées par les gouvernants en place qui pèse lourd. En Hollande, les services publics, notamment ceux de la santé et des transports, ont été complètement démantelés par le gouvernement sortant qui comprenait, encore une fois, des gens qui sont des sociaux-démocrates. Et d’une certaine manière, comme on l’a vu aussi en France lors de l’élection présidentielle, c’est le ralliement de la gauche aux valeurs de l’ultra libéralisme que l’électorat sanctionne. Il veut du débat politique. Il veut une droite, il veut une gauche, il veut une polarisation des débats politiques. Et elle existe de moins en moins en Europe ; en France, en Hollande, au Danemark, partout où les populismes percent. Et puis il y a la question de la xénophobie, la question centrale de nos sociétés multiculturelles. Et là, visiblement, presque partout, ça pose problème, notamment pour ce qui concerne l’intégration des populations de religion musulmane. Faut-il rappeler que nous sommes dans le contexte de l’après 11 septembre ?
RFI : A vous entendre on a le sentiment que cette liste et ce genre de mouvement sont sans avenir.
J-YC : Non, c’est sans avenir dans le cas particulier de Fortuyn parce qu’il en était la figure absolument charismatique et qu’il a disparu dans les circonstances que l’on sait. Mais les autres mouvements eux, au contraire, se solidifient. Ce qui est remarquable, c’est que le score de Le Pen à la présidentielle, n’est qu’un exemple de ce qu’en Europe on voit à peu prés partout : c’est à dire des partis dont on pensait au départ qu’il serait des espèces de météores politiques parce qu’on pensait que c’était uniquement des partis protestataires et qui, en fait, s’incrustent dans la réalité. Le 5 octobre 2002 on va, si j’ose dire, fêter les 30 ans du Front National. Il y a plus d’une génération d’électeurs qui ont pu voir pratiquement à tous les scrutins cette étiquette et son dirigeant. Et on voit bien en Scandinavie, et aussi en Flandres belge avec le Vlaams Blok («Bloc Flamand», extrême droite nationaliste belge, ndlr) que ce sont des mouvements qui s’inscrivent dans la durée et dont l’électorat se solidifie de plus en plus. Il y a un socle autour de 12 à 15%, un peu partout. Ce qui pose le problème, à mon sens, de savoir comment les partis démocratiques vont pouvoir reconquérir les électeurs des formations nationales populistes. Et plus le phénomène se solidifie, plus la reconquête devient difficile.
RFI : Et si je vous comprends bien, pour en sortir, il faut reconstruire une droite et une gauche ?
J-YC : Il faut avant tout s’interroger sur les effets dévastateurs des gouvernements qui pratiquent en permanence le compromis idéologique ou la «grande coalition» qui donne aux gens le sentiment qu’au fond on n’a plus de débats politique mais une petite élite qui gouverne en autarcie. Et puis d’autre part il y a aussi la question de l’unification européenne, la question de la mondialisation, et la façon dont c’est perçu notamment par les franges les plus populaires de l’électorat qui ont l’impression qu’il y a un déficit démocratique bien réel dans l’Europe d’aujourd’hui. Ca, c’est quelque chose de tout à fait palpable. On peut ne pas être anti-européen, et encore une fois la «Liste Pim Fortuyn» ne l’est pas, et considérer que la façon dont l’Europe est gérée actuellement se fait sans contrôle démocratique. Ce qui par ailleurs est une vérité première : les citoyens des pays de l’Union Européenne n’élisent pas M. Prodi (Romano Prodi, Président de la Commission Européenne, ndlr). Les gens ont de plus en plus l’impression que les Etats-nations perdent de leurs prérogatives et que, d’un autre côté, l’entité qui vient les supplanter et à laquelle ils ne sont pas forcément hostiles est au fond une construction technocratique qui n’a pas de fondement populaire.
Jean-Yves Camus : Tout d’abord il faut savoir que c’est un contexte extrêmement particulier puisque le scrutin intervenait une semaine après l’assassinat de Pim Fortuyn, qui a suscité lors des obsèques une mobilisation exceptionnelle. Donc on était sous le coup de l’émotion. La «Liste Pim Fortuyn» rassemble finalement un tout petit peu plus que ce que lui accordaient les projections d’avant l’assassinat, c’est à dire un peu plus de 17% et 26 sièges, dans un contexte où la coalition sortante, appelée là-bas «coalition Violette», est sanctionnée. C’est une coalition de centre-gauche qui comprenait les sociaux-démocrates, le parti libéral VVD et une petite formation qui s’appelle D66. C’est une défaite non pas simplement comme je l’ai entendu pour la gauche néerlandaise, mais pour l’ensemble des partis de la coalition sortante, avec toutefois un VVD qui se sort un peu mieux que les autres de l’affaire. Et surtout, c’est une grosse victoire pour le parti chrétien conservateur. Ca, c’est l’analyse d’ensemble. Sur le score même de la «Liste Fortuyn» : il n’est pas aussi important, à mon avis, que la situation interne au mouvement en ce moment. La disparition du leader charismatique a subitement libéré toutes les passions à l’intérieur pour le leadership de la «liste». Les petits chefs sont en train de se déchirer et on ne sait même pas si elle a un avenir, si elle va survivre finalement.
RFI : Est ce que, selon vous, cette liste peut être qualifiée «d’extrême droite» ?
J-YC : Non, ce n’est pas une liste d’extrême droite. C’est une liste populiste dont le dirigeant professait des idées xénophobes, mais qui n’a rien à voir avec les autres mouvements d’extrême droite européens pour plusieurs raisons. La première c’est qu’il n’a aucune filiation avec l’extrême droite néerlandaise qui a été représentée au Parlement dans les années 80/90. Ce n’est pas un parti de tradition fasciste. La deuxième raison c’est que Fortuyn n’était pas hostile à l’Union Européenne. Il en était même plutôt partisan. Il était par ailleurs, et sa Liste l’est toujours, ultra-libéral en matière économique et sociale : son modèle avoué, c’est Margareth Thatcher. Troisièmement, il n’était pas nostalgique d’un ordre ancien, d’une espèce d’âge d’or, mais profondément moderne ; son analyse de la situation consistant à dire : «il y a une religion rétrograde qui s’appelle l’Islam, qui est en train de s’implanter en Hollande et de menacer le modèle de tolérance de la société néerlandaise». Il était ouvertement favorable, par exemple, à la légalisation des drogues. Il était par ailleurs homosexuel déclaré et partisan des droits de la minorité à laquelle il appartenait. Il n’était pas spécialement misogyne : il n’avait pas le discours classique de «la femme au foyer» et de «la famille avant tout». Et, au fond, ce qui lui importait dans la question de l’immigration, c’est surtout que les nouveaux arrivants s’assimilent totalement à la Hollande, ou qu’ils ne viennent pas. Le choix était là : «ou vous vous assimilez totalement, ou vous restez chez vous». Ce dont il ne voulait pas, et ce dont beaucoup de Néerlandais ne veulent pas, c’est de cette espèce de modèle communautariste qui existe là-bas, qui fonctionne avec des discriminations positives, avec des quotas de citoyens d’origine étrangère partout, y compris dans les administrations. En fait, d’une certaine manière, il était plutôt partisan du modèle assimilationniste. Et si on voulait faire un tri dans les populations d’origine étrangère, il avait un ennemi et un seul : c’était l’Islam. Il voulait effectivement fermer totalement la porte de la Hollande à une catégorie particulière d’émigrants : les émigrants musulmans.
RFI : Et selon vous il n’y a pas d’intersections possibles entre ce que préconise une liste comme celle de Pim Fortuyn et les autres mouvements d’extrême droite européens ?
J-YC : Il y a cette intersection de la xénophobie, bien évidemment. Puis du populisme, c’est à dire le discours qui consiste à dire : «je suis le porte-parole de ce que dit le peuple, et qui est toujours bon, vrai et juste face à des élites qui sont naturellement coupées du peuple et corrompues ».
RFI : Et dans le projet politique ?
J-YC : Mais il n’y a pas de projet politique chez Pim Fortuyn ! C’est ça qui est extraordinaire. C’est une liste qui s’est montée en 10 jours à partir d’un autre mouvement qui s’appelle Leefbaar Nederland, et qui était d’ailleurs présent aux élections de mercredi. Au départ Fortuyn est le leader de Leefbaar Nederland («Pays vivable » en français), et puis au mois de février 2002il déclare qu’il est favorable au fait qu’on retire de la Constitution son article 1er qui interdit toute forme de discrimination ethnique. Et à ce moment-là Leefbaar Nederland décide de le débarquer. Alors il crée de toutes pièces quelque chose qui n’est pas un parti politique, mais qui fonctionne sensiblement comme «Forza Italia» en Italie. C’est à dire une formation qui est la projection de sa propre personne. C’est un espèce de parti-entreprise finalement. Ce n’est pas un mouvement politique : il n’y a pratiquement pas d’adhérents, il n’y a pas de cadres.
RFI : Mais tous ces mouvements ne sont-ils pas à l’origine de l’émergence dans le débat public de cette désinhibition qu’on constate vis à vis du «politiquement correct» ?
J-YC : Bien évidemment que si. Il y a plusieurs raisons qui sont communes à tout ça. Il y a d’abord l’obsolescence, à mon avis, des élites politiques. Les Néerlandais sont assez convaincus que, malgré la culture très consensuelle qui est la leur, leur pays est gouverné par une toute petite élite qui est en recherche d’un compromis permanent et qui ne représente pas vraiment leurs aspirations. D’autre part il y a le bilan des politiques menées par les gouvernants en place qui pèse lourd. En Hollande, les services publics, notamment ceux de la santé et des transports, ont été complètement démantelés par le gouvernement sortant qui comprenait, encore une fois, des gens qui sont des sociaux-démocrates. Et d’une certaine manière, comme on l’a vu aussi en France lors de l’élection présidentielle, c’est le ralliement de la gauche aux valeurs de l’ultra libéralisme que l’électorat sanctionne. Il veut du débat politique. Il veut une droite, il veut une gauche, il veut une polarisation des débats politiques. Et elle existe de moins en moins en Europe ; en France, en Hollande, au Danemark, partout où les populismes percent. Et puis il y a la question de la xénophobie, la question centrale de nos sociétés multiculturelles. Et là, visiblement, presque partout, ça pose problème, notamment pour ce qui concerne l’intégration des populations de religion musulmane. Faut-il rappeler que nous sommes dans le contexte de l’après 11 septembre ?
RFI : A vous entendre on a le sentiment que cette liste et ce genre de mouvement sont sans avenir.
J-YC : Non, c’est sans avenir dans le cas particulier de Fortuyn parce qu’il en était la figure absolument charismatique et qu’il a disparu dans les circonstances que l’on sait. Mais les autres mouvements eux, au contraire, se solidifient. Ce qui est remarquable, c’est que le score de Le Pen à la présidentielle, n’est qu’un exemple de ce qu’en Europe on voit à peu prés partout : c’est à dire des partis dont on pensait au départ qu’il serait des espèces de météores politiques parce qu’on pensait que c’était uniquement des partis protestataires et qui, en fait, s’incrustent dans la réalité. Le 5 octobre 2002 on va, si j’ose dire, fêter les 30 ans du Front National. Il y a plus d’une génération d’électeurs qui ont pu voir pratiquement à tous les scrutins cette étiquette et son dirigeant. Et on voit bien en Scandinavie, et aussi en Flandres belge avec le Vlaams Blok («Bloc Flamand», extrême droite nationaliste belge, ndlr) que ce sont des mouvements qui s’inscrivent dans la durée et dont l’électorat se solidifie de plus en plus. Il y a un socle autour de 12 à 15%, un peu partout. Ce qui pose le problème, à mon sens, de savoir comment les partis démocratiques vont pouvoir reconquérir les électeurs des formations nationales populistes. Et plus le phénomène se solidifie, plus la reconquête devient difficile.
RFI : Et si je vous comprends bien, pour en sortir, il faut reconstruire une droite et une gauche ?
J-YC : Il faut avant tout s’interroger sur les effets dévastateurs des gouvernements qui pratiquent en permanence le compromis idéologique ou la «grande coalition» qui donne aux gens le sentiment qu’au fond on n’a plus de débats politique mais une petite élite qui gouverne en autarcie. Et puis d’autre part il y a aussi la question de l’unification européenne, la question de la mondialisation, et la façon dont c’est perçu notamment par les franges les plus populaires de l’électorat qui ont l’impression qu’il y a un déficit démocratique bien réel dans l’Europe d’aujourd’hui. Ca, c’est quelque chose de tout à fait palpable. On peut ne pas être anti-européen, et encore une fois la «Liste Pim Fortuyn» ne l’est pas, et considérer que la façon dont l’Europe est gérée actuellement se fait sans contrôle démocratique. Ce qui par ailleurs est une vérité première : les citoyens des pays de l’Union Européenne n’élisent pas M. Prodi (Romano Prodi, Président de la Commission Européenne, ndlr). Les gens ont de plus en plus l’impression que les Etats-nations perdent de leurs prérogatives et que, d’un autre côté, l’entité qui vient les supplanter et à laquelle ils ne sont pas forcément hostiles est au fond une construction technocratique qui n’a pas de fondement populaire.
par Propos recueillis par Georges Abou
Article publié le 17/05/2002 Dernière mise à jour le 16/05/2002 à 22:00 TU