Sierra Leone
Kabbah élu, le RUF laminé
Les élections présidentielle et législative du 14 mai se sont globalement déroulées dans de bonnes conditions s’accordent à reconnaître tous les observateurs internationaux. Le président sortant Ahmad Tejan Kabbah et son parti, le SLPP (Parti populaire de Sierra Leone) sortent grands vainqueurs du scrutin.
Ahmad Tejan Kabbah est élu président de la république sierra-leonnaise dès le premier tour du scrutin avec plus de 70% des voix. Agé de 70 ans cet ancien fonctionnaire international s’était impliqué dans la vie politique de son pays en proie à une guerre civile conduite des rebelles du RUF (Front uni révolutionnaire) dès 1991. A sa tête, le caporal Foday Sankoh, avait lancé un mot d’ordre qui tenait lieu de programme politique «débarrasser le pays du régime corrompu qui le gouvernait et de la corruption généralisée qui le minait». L’histoire a prouvé tout le contraire. Une première pause dans cette guerre civile avait été observée en 1996 avec l’élection d’Ahmad Tejan Kabbah comme président de la république. Renversé par une junte militaire conduite par Johnny Paul Koroma, il a été rétabli dans ses fonctions en 1997 par une force militaire ouest-africaine.
Selon les observateurs du Commonwealth, de l’Union européenne et de la Fondation Carter, ces élections constituent la première marche vers la reconstruction de ce pays, entièrement sous perfusion de la communauté internationale. La Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale a mis d’importants moyens humains, militaires et financiers à disposition des autorités de la Sierra-Leone aux côtés de la plus importante mission de paix organisée par l’ONU ces dernières années. La MINUSIL (Mission des Nations unies en Sierra Leone) a pris une part active dans l’organisation de ce scrutin, en organisant avant tout une vaste opération de désarmement des rebelles du RUF. Son contingent de 17500 casques bleus ont encadré la remise des armes de près de 50 000 miliciens pro-gouvernementaux et rebelles du RUF. Pour la plupart des observateurs cette opération a constitué la clé de réussite des élections du 14 mai.
Cette consultation a aussi envoyé 112 députés à l’Assemblée nationale. Le SLPP, le parti du président Ahmad Tejan Kabbah, rafle la majorité absolue en emportant 67 sièges. L’APC, le Parti du congrès du peuple, dont le candidat à la présidentielle, Ernest Koroma a recueilli 22% des voix, gagne 27 sièges au parlement. L’ex commandant et chef de la junte militaire, Johnny Paul Koroma qui s’est aussi présenté à la présidentielle (3%), siègera à l’Assemblée nationale avec un autre élu de son parti. Il est néanmoins sous les menaces d’une poursuite judiciaire pour crimes de guerre. Une autre participation attendue était celle des anciens rebelles qui ont transformé leur mouvement en parti politique devenu le RUF-P (Parti du front uni révolutionnaire). Pallo Bangura, son représentant a recueilli moins de 2% des suffrages et n’aura probablement aucun élu à l’Assemblée nationale.
La réconciliation à quel prix ?
Malgré les satisfactions exprimées par Walter Nicol, président de la Commission électorale nationale et Kofi Annan, le secrétaire général de l’ONU, une dizaine de partis politiques contestent le scrutin en évoquant «de graves irrégularités». «En Afrique, les gens devraient apprendre à être bons perdants» déclare Walter Nicol, alors que tous les yeux sont braqués sur les leaders du Parti du front uni révolutionnaire dont chaque agissement et chaque parole sont analysés et étudiés sous toutes les formes. La crainte d’une reprise des exactions est une peur qui habite les populations et les observateurs internationaux. Les ex-rebelles accepteront-ils définitivement le verdict des urnes ? Accepteront-ils de «libérer» les régions diamantifères qu’ils occupent ? Dans l’hypothèse où il opteraient pour un retour réel à la paix, ils deviendraient naturellement des citoyens justiciables comme n’importe quel Sierra-Léonais. Les unités du RUF sont accusées d’avoir organisé des amputations des membres de centaines de gens et poussé à l’exil des milliers habitants des régions qu’ils contrôlaient.
«Il faut mettre ces événements horribles derrière nous, seul le RUF est présenté comme responsable , mais tout le monde est impliqué» commente Pallo Bangura le nouveau leader du des ex-rebelles. Il a présenté au nom de son mouvement des excuses publiques, mais dans sa déclaration se trouve déjà sa ligne de défense: faire table rase du passé pour contrer les investigations du Tribunal spécial que la communauté internationale installera bientôt pour juger les crimes commis pendant ces dix dernières années de guerre civile. En revanche la Commission «vérité et réconciliation» emporte les faveurs des ex-rebelles dont le chef historique Foday Sankoh est toujours en prison. Ils espèrent par ce truchement se réinsérer dans la vie normale. La capacité du nouveau président et des nouvelles institutions à solder un passé récent et à gérer un futur immédiat déterminera l’avenir de ce pays, devenu par la force des choses un enjeu régional. Le chemin qui mène à la paix totale est encore long c’est pourquoi ni l’ONU ni la Grande-Bretagne n’ont encore programmé un rapatriement de leurs troupes.
Selon les observateurs du Commonwealth, de l’Union européenne et de la Fondation Carter, ces élections constituent la première marche vers la reconstruction de ce pays, entièrement sous perfusion de la communauté internationale. La Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale a mis d’importants moyens humains, militaires et financiers à disposition des autorités de la Sierra-Leone aux côtés de la plus importante mission de paix organisée par l’ONU ces dernières années. La MINUSIL (Mission des Nations unies en Sierra Leone) a pris une part active dans l’organisation de ce scrutin, en organisant avant tout une vaste opération de désarmement des rebelles du RUF. Son contingent de 17500 casques bleus ont encadré la remise des armes de près de 50 000 miliciens pro-gouvernementaux et rebelles du RUF. Pour la plupart des observateurs cette opération a constitué la clé de réussite des élections du 14 mai.
Cette consultation a aussi envoyé 112 députés à l’Assemblée nationale. Le SLPP, le parti du président Ahmad Tejan Kabbah, rafle la majorité absolue en emportant 67 sièges. L’APC, le Parti du congrès du peuple, dont le candidat à la présidentielle, Ernest Koroma a recueilli 22% des voix, gagne 27 sièges au parlement. L’ex commandant et chef de la junte militaire, Johnny Paul Koroma qui s’est aussi présenté à la présidentielle (3%), siègera à l’Assemblée nationale avec un autre élu de son parti. Il est néanmoins sous les menaces d’une poursuite judiciaire pour crimes de guerre. Une autre participation attendue était celle des anciens rebelles qui ont transformé leur mouvement en parti politique devenu le RUF-P (Parti du front uni révolutionnaire). Pallo Bangura, son représentant a recueilli moins de 2% des suffrages et n’aura probablement aucun élu à l’Assemblée nationale.
La réconciliation à quel prix ?
Malgré les satisfactions exprimées par Walter Nicol, président de la Commission électorale nationale et Kofi Annan, le secrétaire général de l’ONU, une dizaine de partis politiques contestent le scrutin en évoquant «de graves irrégularités». «En Afrique, les gens devraient apprendre à être bons perdants» déclare Walter Nicol, alors que tous les yeux sont braqués sur les leaders du Parti du front uni révolutionnaire dont chaque agissement et chaque parole sont analysés et étudiés sous toutes les formes. La crainte d’une reprise des exactions est une peur qui habite les populations et les observateurs internationaux. Les ex-rebelles accepteront-ils définitivement le verdict des urnes ? Accepteront-ils de «libérer» les régions diamantifères qu’ils occupent ? Dans l’hypothèse où il opteraient pour un retour réel à la paix, ils deviendraient naturellement des citoyens justiciables comme n’importe quel Sierra-Léonais. Les unités du RUF sont accusées d’avoir organisé des amputations des membres de centaines de gens et poussé à l’exil des milliers habitants des régions qu’ils contrôlaient.
«Il faut mettre ces événements horribles derrière nous, seul le RUF est présenté comme responsable , mais tout le monde est impliqué» commente Pallo Bangura le nouveau leader du des ex-rebelles. Il a présenté au nom de son mouvement des excuses publiques, mais dans sa déclaration se trouve déjà sa ligne de défense: faire table rase du passé pour contrer les investigations du Tribunal spécial que la communauté internationale installera bientôt pour juger les crimes commis pendant ces dix dernières années de guerre civile. En revanche la Commission «vérité et réconciliation» emporte les faveurs des ex-rebelles dont le chef historique Foday Sankoh est toujours en prison. Ils espèrent par ce truchement se réinsérer dans la vie normale. La capacité du nouveau président et des nouvelles institutions à solder un passé récent et à gérer un futur immédiat déterminera l’avenir de ce pays, devenu par la force des choses un enjeu régional. Le chemin qui mène à la paix totale est encore long c’est pourquoi ni l’ONU ni la Grande-Bretagne n’ont encore programmé un rapatriement de leurs troupes.
par Didier Samson
Article publié le 20/05/2002