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France : législatives 2002

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A quatre jours du premier tour des législatives et six jours après son intervention à Châteauroux, le président français a de nouveau demander aux Français «une vraie majorité» pour un gouvernement d'action. Tollé à gauche, les socialistes ont vivement réagi.
Jacques Chirac, dans ses habits de président de la République française, réélu le 5 mai dernier avec 82% des voix, a de nouveau lancer aux Français un très consensuel appel au devoir civique et si possible de lui donner une «vraie majorité» à l’Assemblée nationale. «Il vaut mieux qu’un gouvernement d’action soit soutenu par un Parlement qui lui permette de gouverner et d’agir», a-t-il argumenté tout en ajoutant : «Il est légitime que je vous dise aujourd’hui que je souhaite, m’étant engagé sur un projet (…) que le gouvernement que j’ai nommé puisse conduire ces engagements à leur terme».

Interrogé, le 5 juin sur la chaîne publique France 3, le chef de l’Etat participait à la première interview télévisée de son second mandat, un mois jour pour jour après sa réélection. Concernant la cohabitation, il a déclaré que «l’expérience a prouvé que ce n’était pas l’idéal». Par ailleurs, il a fait part de sa «satisfaction» devant l’action de son Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin qu’il a d’ailleurs qualifié «d’homme de la situation». Inscrivant l’action du gouvernement dans la durée, Jacques Chirac a indiqué que Jean-Pierre Raffarin resterait à Matignon en cas de victoire de la droite les 9 et 16 juin prochains.

S’agissant de la campagne des législatives en elle-même, il s’est montré très ferme dans son refus de toute alliance avec le Front national (FN) : tout candidat de l’Union pour la majorité présidentielle (UMP) qui passerait un accord avec le FN serait «bien entendu» automatiquement exclu «non seulement de l’UMP, mais de toute la majorité présidentielle». Le chef de l’Etat a, en revanche, refusé de dire s’il démissionnerait de son poste en cas de victoire de la gauche, jugeant cette question «prématurée».

Vives réactions à gauche

Evoquant la mise en œuvre de ses engagements électoraux et notamment la révision du statut pénal du chef de l’Etat, Jacques Chirac a précisé que la Commission de sages promise durant la campagne présidentielle serait créée «dans les prochains jours», peut-être même avant le premier tour des législatives et qu’elle présenterait un rapport «avant la fin de l’année en tout hypothèse». D’autre part, pour couper court à «tout faux débat», il a affirmé qu’il n’y aurait «aucune amnistie politique». La traditionnelle loi d’amnistie sur laquelle planche le gouvernement sera strictement limitée aux contraventions automobiles «n’ayant impliqué aucun danger pour quiconque», ainsi qu’aux remises de peines arrivées à leur terme, hors les «crimes particulièrement odieux», sous-entendu les crimes liés à la pédophilie, la drogue ou le terrorisme.

Commentant la prestation du président, la gauche a été unanime : elle a condamné l’appel à voter de Jacques Chirac, le soupçonnant de vouloir influencer les Français. «Les Français doivent voter pour les élections législatives, surtout si l’on songe à ce qui s’est produit au moment de l’élection présidentielle. Je ne suis pas d’accord en revanche sur la consigne», a déclaré François Hollande, le Premier secrétaire du Parti socialiste. Pour Laurent Fabius, «le président ne nous a pas appris grand chose. Au fond, il s’agissait de faire pression sur le vote des électeurs tout en prétendant le contraire», a commenté l’ancien ministre de l’Economie et des Finances. Robert Hue, président du Parti communiste français, a pour sa part, estimé que quand le président de la République invite les Français à voter, «il est dans son rôle», mais «il s’est ensuite comporté en tuteur, il veut tenir la main et le bulletin de vote des Français. Il est très partisan», a-t-il ajouté. A l’extrême droite, Jean-Marie Le Pen, le président du FN, a, en revanche, estimé qu’il fallait voter pour lui et qu’il «était plus que jamais nécessaire de libérer la démocratie de cette mainmise d’un système corrompu et totalitaire, et cela passe par le vote Front national».

Lire également :
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(L'éditorial politique de Geneviève Goëtzinger)



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 06/06/2002