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France : législatives 2002

Marseille : règlements de compte entre amis

La fédération des Bouches-du-Rhône du Parti socialiste (PS) est en crise après le soutien apporté par la direction nationale du PS au candidat dans la 4e circonscription, désavoué au plan local. Objet de litige avec le Parti communiste français (PCF), la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône a provoqué de fortes dissensions entre communistes et socialistes dans leur recherche d'un accord électoral en vue des législatives.
Face aux risques d’une sévère défaite et pour tenter de l’emporter aux élections de juin prochain après le KO de la présidentielle, la gauche a décidé de présenter un certain nombre de candidatures d’union aux législatives. Mais quelques coups de canif ont toutefois été enregistrés. Ainsi, un accord n’a pas pu être trouvé dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône, celle de Marseille du député communiste décédé, Guy Hermier. Une circonscription qui va donc être briguée à la fois par le Parti socialiste et par le Parti communiste français.

Outre le litige qui oppose le PS et le PCF, dans cette circonscription, la pagaille règne également au sein des socialistes. En effet, la fédération des Bouches-du-Rhône du PS est en crise après le soutien apporté par la direction nationale du parti au candidat dans la 4e circonscription, désavoué au plan local. Dans ces quartiers de Marseille, fief du PCF depuis 1936 et de Guy Hermier de 1978 jusqu’à sa mort en 2001, le PS était prêt à soutenir le communiste Jean Dufour, ancien suppléant d’Hermier qui lui avait succédé à l’Assemblée nationale. Mais le PCF a investi un autre communiste, le conseiller municipal, Frédéric Dutoit. Dans ces conditions, la direction nationale du PS a investi Patrick Mennucci, leader local de la Gauche socialiste.

Le Front national se réjouit

Après cette décision, s’en est suivi toute une série de démissions au sein du PS. Jean-Noël Guérini, président du conseil général des Bouches-du-Rhône, a annoncé le 22 mai son départ du bureau national du PS, estimant que le choix de maintenir Patrick Mennucci, «prise au mépris des demandes des élus et de la fédération, est une honte». Peu de temps après, Michel Vauzelle, président du conseil régional Provence-Alpes-Côtes d’Azur (PACA), imitait la décision de Jean-Noël Guérini en démissionnant du bureau national du PS. La députée de la 7e circonscription, Sylvie Andrieux a également démissionné du bureau national. Cependant, le coup le plus dur a été porté à Patrick Mennucci par son suppléant, Henri Jibrayel, qui a déclaré qu’il se désolidarisait de la décision du bureau national socialiste. D’autre part, la candidate des Verts, Joëlle Boulay, annonçait aussi son retrait au «rassemblement autour de Frédéric Dutoit». «Etant donné le score du FN» dans cette circonscription et «ayant tiré les enseignements du 21 avril 2002», premier tour de la présidentielle, «dès le 6 mai, les Verts de la 4e circonscription appelaient à une candidature unique», a rappelé Joëlle Boulay.

Contrairement à l’accord local PS-PCF, qui réservait la 4e circonscription aux communistes, la gauche va donc se livrer à une primaire à couteaux tirés dans ce fief communistes des quartiers nord où le Front national avait recueilli 31% des voix au premier tour des législatives en 1997 et 41,6% au second en duel avec le communiste Guy Hermier, réélu depuis 1978. Jean-Marie Le Pen y a réussi son deuxième meilleur score au second tour de la présidentielle, le 5 mai dernier, avec 31,39% des suffrages. Le leader de l’extrême droite a même qualifié, le 22 mai, de «très bonne nouvelle» pour le FN l’annonce de la primaire à gauche. Dans la soirée du 22 mai, Patrick Mennucci, assurait, cependant, qu’il se désisterait en faveur du communiste Frédéric Dutoit si ce celui-ci le devançait au premier tour et espérait que la réciproque fonctionne.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 23/05/2002