Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

France : législatives 2002

La bourde de Serge Lepeltier

Le président délégué du RPR, a déclenché le 21 mai, un tollé en annonçant qu'il souhaitait le maintien des candidats de l'Union pour la majorité présidentielle (UMP) en cas de triangulaires au second tour des élections législatives de juin prochain. En fin de journée, il revenait sur ses propos mais la polémique était déjà amorcée.
Il a suffi de quelques mots de Serge Lepeltier, président délégué du RPR, pour que la polémique enfle, à quelques semaines du premier tour des élections législatives. En annonçant le 21 mai au matin, qu'il était hostile au désistement gauche-droite pour faire échec au Front national (FN), au second tour des législatives, le successeur de Michèle Alliot-Marie à la tête du mouvement gaulliste a semé le trouble dans la classe politique, à gauche comme à droite.

La gauche est montée au créneau sans tarder. Le Parti socialiste (PS) a immédiatement réagi à cette déclaration suivi par le Parti communiste français (PCF), qui ont accusé la droite de rompre le pacte républicain du 5 mai dernier, qui a permis la large victoire de Jacques Chirac au second tour de l'élection présidentielle face à Jean-Marie Le Pen, candidat de l'extrême droite. Ainsi Vincent Peillon, porte-parole du PS a dénoncé «une trahison du pacte passé à la présidentielle» avant d'ajouter «le mandat donné à Jacques Chirac était bien de lutter contre le FN. Je m’étonne donc de la rupture de ce contrat telle qu’elle est annoncée par M. Lepeltier», a expliqué le député socialiste de la Somme. Robert Hue, le président du PCF, a également dénoncé les propos du président délégué du RPR : «Il y a un vrai danger, un danger très grave qu’on se retrouve au soir du premier tour des législatives, dans beaucoup de circonscriptions, dans la situation qu’on a connue au soir du premier tour de la présidentielle», a déclaré le député communiste du Val d’Oise. Pour le député Vert de Gironde, Noël Mamère, Serge Lepeltier «est sans foi ni loi et déshonore la République en tenant de pareils propos au lendemain d’une mobilisation historique des Français pour sauver les valeurs de la démocratie».

Revirement de situation

A droite, le malaise a aussi été ressenti. Alain Juppé s’est empressé de remettre des pendules à l’heure. «Nous examinerons les résultats au cas par cas, avec une règle de conduite absolue qui ne souffrira aucune exception : aucune alliance directe ou indirecte avec le Front national», a-t-il affirmé avant d’ajouter : «Je serais tenté personnellement par une solution tout à fait claire, une solution qui consisterait comme à l’élection présidentielle, à ne garder au second tour de l’élection législative que les deux candidats les mieux placé au premier tour», a de nouveau indiqué le député-maire RPR de Bordeaux. Parallèlement, les cinq porte-parole de l’UMP cosignaient un communiqué affirmant : «Pas de combinaisons électorales avec le FN».

Face à la colère de l’Elysée et des dirigeants de l’UMP, Serge Lepeltier a dû opérer un virage à 180 degrés, le soir même du 21 mai, en rectifiant ses propos du matin et en refusant toute «compromission et tout accord avec le Front national que ce soit au niveau national ou au niveau local», tout en indiquant qu’en cas de duel PS/FN, il appellerait à voter contre le Front national. Jean-Pierre Raffarin, le Premier ministre, qui réunit ce mercredi, tous les candidats de l’UMP pour lancer la campagne des législatives, devrait rappeler que toute alliance avec l’extrême droite est à bannir.

Le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, a observé non sans ironie «cette grave polémique entre le sous-chef du RPR et un sous-chef du PS sur le maintien ou non du troisième candidat en cas de triangulaire avec le Front national». Dans Le Monde daté du 22 mai, le leader de l’extrême droite enfonce le clou en proposant des accords à la droite. «S’il n’y a pas d’accords, le FN se maintiendra partout où il le pourra au second tour. Si l’UMP se maintient, le FN se maintiendra, si l’UMP demande à voter FN, alors le Front national pourra demander à ses électeurs de voter pour l’UMP», a-t-il expliqué.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 22/05/2002