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France : législatives 2002

Jacques Chirac veut «<i>une majorité claire</i>»

Le président français a demandé, le 30 mai lors d’un déplacement de campagne à Châteauroux, à ses compatriotes de lui donner une «majorité claire» pour gouverner en condamnant l’extrémisme, le racisme et la xénophobie. Il a également refuser une nouvelle cohabitation. Des déclarations qui ont indigné le Parti socialiste.
Chose promise, chose due ! Après avoir déclaré, lors de l’élection présidentielle qu’il s’engagerait personnellement dans les élections législatives pour obtenir la majorité à l’Assemblée nationale, Jacques Chirac s’est lancé concrètement dans la bataille, le 30 mai. A dix jours du premier tour des législatives, il a effectué dans le centre de la France son premier déplacement depuis sa réélection, le 5 mai dernier, avec plus de 82% des suffrages face au président du Front national, Jean-Marie Le Pen. «Je demande solennellement aux Françaises et aux Français de me donner les moyens de mettre en œuvre la politique dont la France a besoin», a déclaré le chef de l’Etat tout en ajoutant : «Je souhaite une majorité claire, je souhaite une majorité cohérente», a-t-il indiqué en soulignant les dangers d’une nouvelle cohabitation en cas de victoire de la gauche les 9 et 16 juin prochains.

Ainsi, «l’appel de Châteauroux» nourri des enseignements de l’élection présidentielle, concrétise une promesse formulée avant le 21 avril - date du premier tour de la présidentielle - par le président-candidat : s’investir personnellement dans la campagne pour les législatives afin «d’épargner le risque» d’une nouvelle cohabitation aux Français. Cet engagement solennel, qui rappelle l’appel au «bon choix» lancé en 1978 par Valéry Giscard d’Estaing, est aussi né de l’expérience malheureuse de 1997. A l’époque, après la dissolution manquée, Jacques Chirac était resté dans l’ombre. Le président de la République, qui a inscrit son nouveau mandat dans l’action sous le signe de l’action, pose ainsi l’enjeu des législatives : éviter une nouvelle cohabitation, source de «trop de faiblesses, de lacunes et de carences face aux exigences de l’action».

Vives réactions de la gauche

D’autre part, Jacques Chirac, dans le droit fil de sa campagne du second tour de la présidentielle, a condamné «l’extrémisme trompeur» qui «porte en lui l’intolérance, le déclin, le repli» et «voudrait ériger en principes l’inégalité, la discrimination, le racisme et la xénophobie». A l’adresse de ceux qui, à droite, pourraient être tentés par des alliances avec le Front national, il s’est montré très ferme : «Je veux une majorité refusant clairement toute compromission avec les porteurs de haine, d’intolérance et de xénophobie».

A gauche, ces propos ont fait bondir les ténors du Parti socialiste. François Hollande, premier secrétaire du PS, a exhorté les Français à ne pas se laisser «confisquer» les élections législatives et a estimé que Jacques Chirac s’était comporté «en chef de parti» tout en reprochant à Jean-Pierre Raffarin, le Premier ministre français, d’avoir refusé le débat. L’ancien ministre de l’Economie, Laurent Fabius, a demandé un droit de réponse après ce qu’il considère être une «ingérence électorale» du président. Il a cependant approuvé les propos du chef de l’Etat sur la condamnation de l’extrémisme, du racisme et de la xénophobie. Pour le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, Jacques Chirac est apparu «comme un président partisan et sans principe».

A droite, le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, a pour sa part dénoncé les attaques de Jacques Chirac en estimant qu’il «essaie de manipuler les Français». Quant au président de l’UDF, François Bayrou, il s’est posé en «avocat des Français auprès du gouvernement», justifiant ainsi sa résistance à l’Union pour la majorité présidentielle (UMP), «parti gouvernemental unique».



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 31/05/2002