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France : législatives 2002

Les socialistes requinqués

Lors du premier meeting de campagne de leur parti, les ténors du Parti socialiste (PS) ont appelé à voter utile en leur faveur dès le premier tour des législatives, le 9 juin prochain. Ils ont dénoncé la «politique des privilèges» tout en mettant en garde les électeurs contre les risques d’une droite qui aurait «tous les pouvoirs».
«On va gagner les législatives». C’est sous ce slogan, que François Hollande, Bertrand Delanoë et Laurent Fabius sont arrivés, le 2 juin, au premier meeting de campagne du Parti socialiste, dans une salle parisienne. Quelque 1 500 personnes s’étaient déplacées, malgré la canicule régnant à Paris, pour écouter les têtes de proue du PS. Les différents orateurs, qui avaient pour la plupart tombé la cravate et la veste dans cette chaude ambiance, ont voulu regonfler à bloc les troupes en tirant à boulets rouges contre la droite et le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin.

Alors que l’ensemble des sondages donne la gauche perdante à six jours du premier tour des législatives, François Hollande, Laurent Fabius et Bertrand Delanoë ont fait taire leurs querelles pour tenter de séduire les quelque 40% d’électeurs indécis. L’ancien ministre de l’Economie et des Finances a dénoncé «la politique des privilèges» menée par le gouvernement Raffarin. Tout en considérant que la «France a besoin de la gauche», Laurent Fabius a évoqué les clivages entre les programmes de la droite et de la gauche, la première prônant «le renforcement des privilèges» quand la seconde porterait «le projet de progrès social». S’arrêtant longuement sur la baisse des impôts sur le revenu promise par le gouvernement Raffarin, l’ancien ministre de Lionel Jospin a souligné que le tiers de ces 2,7 milliards d’euros d’allègement fiscal profiterait aux «1% des Français gagnant plus de 100 000 euros par an». Concernant le nouveau parti de droite, Laurent Fabius s’est essayé à l’humour : «L’UMP, c’est l’inverse du PMU, sauf qu’avec le PMU, les Français gagnent parfois», a-t-il raillé.

Deux autres meetings sont prévus avant le premier tour

Ce fut ensuite au tour du maire de Paris de prendre la parole. Bertrand Delanoë a dénoncé le «cynisme» de la droite. Le changement de nom du RPR en UMP (Union pour la majorité présidentielle), a-t-il continué, ne modifie rien : «C’est la même culture, celle de la domination, de la suppression de tout ce qui s’oppose, y compris quand ce sont des alliés».

François Hollande, premier secrétaire du PS, qui clôturait le meeting, a accusé la droite chiraquienne de mettre tous les moyens «au service d’une propagande jamais vue depuis longtemps». «Tout est possible, rien n’est acquis, tout dépend de vous», s’est exclamé le chef de file de la campagne socialiste, sous un tonnerre d’applaudissements. «Jean-Pierre Raffarin n’est pas à la tête d’une équipe ministérielle, mais d’un comité de campagne : il ne gère pas les affaires de l’Etat, mais l’état de l’UMP», a-t-il dit. «Tout est organisé pour que le débat n’ait pas lieu, pour que l’enjeu soit masqué, dissimulé, étouffé», a regretté le premier secrétaire du PS, qui a de nouveau réclamé une confrontation claire entre les projets de son parti et de l’UMP. Car le PS est convaincu qu’une victoire de la droite au soir du 16 juin (second tour) ouvrirait une période de cinq ans de régression sociale. Se lançant dans un vibrant plaidoyer du bilan «considérable pour notre pays» de l’action gouvernementale de Lionel Jospin, François Hollande a souligné que la France avait en revanche «besoin de la gauche».

D’autre part, la cohabitation, longtemps considérée comme néfaste par les socialistes surtout lorsqu’ils étaient au pouvoir, a été encouragée. Pour François Hollande, la droite met en avant cette situation : «c’est un mauvais alibi pour ne pas évoquer l’essentiel» chez nos adversaires, un «argument de circonstance», a-t-il essayé d’expliquer. Deux autres meetings nationaux sont prévus, ce lundi, à Nantes et le 6 juin à Villeurbanne, avant le premier tour des législatives du 9 juin, que le PS considère comme l’occasion d’un débat clair entre la droite et la gauche qui n’a pu avoir lieu lors de la présidentielle.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 03/06/2002