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Etats-Unis

Bush annonce un super ministère de la sécurité

Le président américain a demandé au Congrès d’approuver la création d’un ministère de la sécurité intérieure pour faire face aux nouvelles menaces terroristes. Et répondre aux critiques.
Dans les critiques adressées ces derniers mois à l'administration américaine, pour ne pas avoir tenu compte des avertissements avant le 11 septembre; c'est le FBI qui fait figure d'accusé principal, avant même la CIA. Or le super ministère de l'Intérieur prévu par George Bush doit certes regrouper quelque 22 services, mais il n'aura semble-t-il aucune autorité sur l'agence de sûreté fédérale, pas plus d'ailleurs que sur la centrale américaine du renseignement, même s'il lui faut compter sur les renseignements que lui fourniront aux fins de tri et d'analyse l'une et l'autre.

Or si ce sont des dysfonctionnements internes aux deux agences qui sont surtout pointés du doigt, ou les effets de leur rivalité traditionnelle, ils ne disparaîtront pas parce qu'un échelon supérieur et extérieur est créé. D'autre part, tant le FBI que la CIA, ayant entendu les critiques justement, sont aujourd'hui en pleine restructuration, mais le projet de George Bush n'y fait pas la moindre allusion, comme s'il en était déconnecté. La nouvelle structure lourde dont le président Bush veut doter son cabinet laisse donc présager un certain nombre de querelles de territoire.

Enfin, le futur superministre pourrait n'être autre que Tom Ridge, dont George Bush a fait après le 11 septembre son responsable de la sécurité intérieure. Or cette espèce de délégué interministériel n'a jusqu'à présent guère obtenu de résultats. Et qu'on incrimine son manque d'autorité ou le défaut de coopération des agences existantes, son bilan actuel n'est pas de bon augure.

La CIA et le FBI restent indépendants

Le moment de cette annonce n'est bien sûr pas innocent. Le projet de George Bush apparaît comme une réponse directe à la critique actuelle, devant le congrès, des défaillances du FBI et de la CIA, des lacunes et des doublons, de la dispersion et de la déperdition des renseignements effectivement collectés avant le 11 septembre. Et cette réponse passe par la promesse d'une coordination maximale de tous les services et de toutes les informations liés à la protection des États-Unis contre une nouvelle menace. Côté services fédéraux, certains passeront directement sous la coupe du futur grand ministère... Ainsi, tout ce qui est garde-côtes, douaniers, policiers et fonctionnaires gérant l'immigration, la sécurité des transports, voire de l'énergie et de la santé, mais aussi le Secret Service chargé de la protection du président et du gouvernement; toutes administrations aujourd'hui éparpillées entre huit ministères.

Mais d'autres restent indépendants, comme précisément la CIA et le FBI, qui seront cependant tenus de transmettre leurs informations au nouveau ministère annoncé. Car, autre coordination prévue : celle de l'analyse de toutes les données disponibles pour lesquelles la future structure fonctionnera comme une sorte de centre de tri. Beaucoup de questions restent pourtant en suspens quant à l'efficacité réelle d'un tel ministère, qui n'exercera semble-t-il aucune véritable tutelle sur les deux grandes agences, elles-mêmes en pleine restructuration interne. Dans le travail de précision que le Congrès va être amené à faire sur ce projet, il faut s'attendre notamment à un certain nombre de conflits de compétence.

A écouter également la chronique Amérique d'Anne Toulouse



par Michèle  Gayral

Article publié le 08/06/2002