Etats-Unis
La chute spectaculaire du géant américain WorldCom
Elle était devenue la société vedette de la bourse de New York, ce dimanche, WorldCom, le numéro deux des télécommunications longue distance aux Etats-Unis, s’est déclarée en faillite. La banqueroute de l’opérateur n’est pas une surprise mais elle est particulièrement rapide et surpasse de très loin celle du groupe de courtage en énergie Enron, autre géant américain ruiné en quelques mois. A l’origine de cette dégringolade, les investissements faramineux de la compagnie dans un marché des télécommunications en crise et surtout, l’annonce, en juin dernier, d’une fraude comptable sans précédent.
Cela faisait plusieurs mois que l’opérateur de télécommunications WorldCom était dans le collimateur de la SEC, le gendarme de la bourse américaine. L’ouverture d’une enquête, en mars dernier, avait même fait plonger le cours de l’action sur la place de New York. Mais ce sont les 3,85 milliards de dollars de fraude avoués le 25 juin qui ont porté le coup fatal à la société. Jusqu’à la mise en faillite ce dimanche et le recours au chapitre 11 du code américain. Contrairement au chapitre 7 qui prévoit la liquidation immédiate, ce dispositif permet à une entreprise en difficulté de continuer à fonctionner tout en cherchant un accord avec ses créanciers. C’est donc l’heure de vérité pour WorldCom qui devra, après des années de grandeur et de faste, rendre compte au juge de sa situation financière et de la moindre de ses transactions.
Avec des actifs de 107 milliards de dollars, WordlCom devient ainsi la plus grosse entreprise américaine à faire appel à la loi sur les faillites. Tout comme Enron en décembre dernier, c’est un tribunal de l’Etat de New York, réputé particulièrement conciliant pour les débiteurs qui se chargera de l’affaire. L’entreprise est en effet endettée à hauteur de 41 milliards de dollars et devra donc convaincre le juge de ses meilleures intentions. Le PDG du groupe, John Sidgmore, s’est d’ailleurs fixé comme objectif principal de «développer sa société de la meilleure façon possible et avec la plus haute exigence éthique». Mais le maintien de ce dernier à la tête du groupe demeure pour l’instant incertain, même si cela ne fait que trois mois que l’homme assume cette fonction, depuis la démission, le 29 avril dernier de Bernard Ebbers, le fondateur de WorldCom. En moins de 20 ans, Bernard Ebbers, canadien d’origine, aura hissé une petite entreprise spécialisée dans le rachat à bas prix de minutes de communications, au rang de géant. Aujourd’hui, WordlCom est le deuxième opérateur américain de télécommunications longue distance derrière ATT, il est présent dans 65 pays, compte plus de 20 millions de clients et assure la moitié du trafic Internet aux Etats-Unis. L’an dernier, son chiffre d’affaires s'élevait à 35,2 milliards de dollars.
Irrégularités comptables
Ce sont peut-être les trop grands rêves de grandeur de l’ex-patron de WordlCom qui ont précipité la chute. Car pour devenir le plus fort, Bernard Ebbers va tenter, fin 1999, d’avaler l’un de ses principaux concurrents sur le marché américain des télécoms, le groupe Sprint. A cette époque, l’action de WordlCom est au plus haut car l’entreprise bénéficie de la formidable montée en flèche de la bourse autour des sociétés de l’Internet. Mais un veto imposé en juillet 2000 vient brusquement freiner les ambitions du PDG. En vertu de la loi anti trust, la fusion avec Sprint n’est pas acceptée, c’est le début du déclin, accéléré par un marché des télécoms plus que déprimé. Misant sur le fort développement du secteur, les entreprises avaient en effet lourdement investi dans leurs infrastructures à la fin des années 90, ce qui a fini par causer une surcapacité de l’offre et des endettements importants. WorldCom avait en conséquence révisé ses résultats financiers afin de masquer de trop lourdes pertes en 2000 et 2001. Une attitude qui s’est soldée par cet aveu de fraude comptable et un nouveau scandale financier.
Dans l’immédiat, WorldCom dispose d’une nouvelle ligne de crédit de plus de deux milliards de dollars pour continuer d’exister. Elle devra en même temps trouver de nouvelles liquidités et vendre une partie de ses actifs non stratégiques afin de démontrer sa viabilité. Pourtant, certains experts estiment que les actifs de la société ne dépassent pas 15 milliards de dollars au lieu des 107 annoncés. Et l’action WordlCom qui a perdu 99,38% depuis le début de l’année, ne vaut plus que… 9 cents aujourd’hui.
Lire également:
WorldCom: descente tout schuss, l'éditorial économique de Norbert Navarro (23/07/2002)
Les bourses: sanction économique, l'éditorial économique de Norbert Navarro (22/07/2002)
Avec des actifs de 107 milliards de dollars, WordlCom devient ainsi la plus grosse entreprise américaine à faire appel à la loi sur les faillites. Tout comme Enron en décembre dernier, c’est un tribunal de l’Etat de New York, réputé particulièrement conciliant pour les débiteurs qui se chargera de l’affaire. L’entreprise est en effet endettée à hauteur de 41 milliards de dollars et devra donc convaincre le juge de ses meilleures intentions. Le PDG du groupe, John Sidgmore, s’est d’ailleurs fixé comme objectif principal de «développer sa société de la meilleure façon possible et avec la plus haute exigence éthique». Mais le maintien de ce dernier à la tête du groupe demeure pour l’instant incertain, même si cela ne fait que trois mois que l’homme assume cette fonction, depuis la démission, le 29 avril dernier de Bernard Ebbers, le fondateur de WorldCom. En moins de 20 ans, Bernard Ebbers, canadien d’origine, aura hissé une petite entreprise spécialisée dans le rachat à bas prix de minutes de communications, au rang de géant. Aujourd’hui, WordlCom est le deuxième opérateur américain de télécommunications longue distance derrière ATT, il est présent dans 65 pays, compte plus de 20 millions de clients et assure la moitié du trafic Internet aux Etats-Unis. L’an dernier, son chiffre d’affaires s'élevait à 35,2 milliards de dollars.
Irrégularités comptables
Ce sont peut-être les trop grands rêves de grandeur de l’ex-patron de WordlCom qui ont précipité la chute. Car pour devenir le plus fort, Bernard Ebbers va tenter, fin 1999, d’avaler l’un de ses principaux concurrents sur le marché américain des télécoms, le groupe Sprint. A cette époque, l’action de WordlCom est au plus haut car l’entreprise bénéficie de la formidable montée en flèche de la bourse autour des sociétés de l’Internet. Mais un veto imposé en juillet 2000 vient brusquement freiner les ambitions du PDG. En vertu de la loi anti trust, la fusion avec Sprint n’est pas acceptée, c’est le début du déclin, accéléré par un marché des télécoms plus que déprimé. Misant sur le fort développement du secteur, les entreprises avaient en effet lourdement investi dans leurs infrastructures à la fin des années 90, ce qui a fini par causer une surcapacité de l’offre et des endettements importants. WorldCom avait en conséquence révisé ses résultats financiers afin de masquer de trop lourdes pertes en 2000 et 2001. Une attitude qui s’est soldée par cet aveu de fraude comptable et un nouveau scandale financier.
Dans l’immédiat, WorldCom dispose d’une nouvelle ligne de crédit de plus de deux milliards de dollars pour continuer d’exister. Elle devra en même temps trouver de nouvelles liquidités et vendre une partie de ses actifs non stratégiques afin de démontrer sa viabilité. Pourtant, certains experts estiment que les actifs de la société ne dépassent pas 15 milliards de dollars au lieu des 107 annoncés. Et l’action WordlCom qui a perdu 99,38% depuis le début de l’année, ne vaut plus que… 9 cents aujourd’hui.
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par Caroline Olive
Article publié le 22/07/2002